Comme on se retrouve [Lys, Casiopée]

- Tiens. Je t'en ai mis deux de plus, au cas où. Tu as de quoi assommer un éléphant, avec ça.

Lilith porta la minuscule seringue à hauteur de ses yeux, un sourire sadique sur les lèvres. Elle admira les quelques millimètres de liquide laiteux à l'intérieur, s'amusa un peu avec l'espace de quelques secondes. L'aiguille était protégée par un petit capuchon de plastique, si bien qu'elle glissa le tout dans la poche avant de son jeans, avant de prendre les deux autres, bien enfermées dans une boite de plastique blanche, dans son sac à main. Elle s'imaginait déjà enfonçant le tout dans la chair de Casiopée et regardant terriblement le liquide faisant son effet en quelques secondes, la brunette tombant au sol dans un brut sourd, endormie pour de longues heures.
Elle adorait son boulot.

- Parfait. Merci, Roy. Tu as pris ce que je t'avais demandé ?

Il sortit de sa poche une autre boite, de bois cette fois. Un bois dur, sombre, dans lequel étaient gravés de nombreuses et élégantes décorations, éclaircissant légèrement le bois en ces endroits. Elle caressa la boite du bout du doigt, un sourire attendri aux lèvres, avant de l'ouvrir. Y trônait son pendule, qu'elle prit par la chainette d'or, le faisant tanguer doucement, suivant son mouvement du regard quelques instants. Puis elle le glissa également dans sa poche, avec délicatesse cette fois, avant de rendre la boite à son frère. Celui-ci lui souhaita bonne chance et lui demanda de ne tuer personne.
Elle leva les yeux au ciel en sortant. Ce n'était bien sur pas de Casiopée qu'il parlait mais de l'autre. Quelle idée de mettre Lilith en duo avec quelqu'un pour cette mission ! Comme si elle ne savait pas se débrouiller toute seule. Et ce n'était pas le poids plume de "meilleur élément de la société" qui lui serait utile s'il fallait porter une Casiopée endormie. Des gros bras lui auraient été plus utiles. Alone, par exemple. La scène aurait été des plus amusantes, d'ailleurs.
Arrivée à haute de l'autre brunette, dans le couloir, elle leva la main, pour claquer des doigts de manière autoritaire.

- On y va.

Elle ne regarda pas une seule fois Lys, ne vérifiant même pas si elle la suivait ou non. Elle pouvait très bien rester sur place, Lilith s'en fichait comme de sa première chaussette. Mais les bruits de pas claquaient sur le carrelage de l'université, derrière elle, prouvant qu'elle ne serait pas seule pour la mission. Génial.
Lilith monta dans la voiture que Roy lui avait prêtée pour l'occasion, bien plus spacieuse que sa petite Mini Cooper. Quitte à s'amasser à trois dans une bagnole, autant avoir de la place. S'installant au volant, elle attendit que Lys monte également, pianotant du bout des doigts sur le volant pour montrer son impatience. Puis elle fit rugir le moteur, lançant la voiture sur la route. Elle espérait ne pas croiser de flics en route. Elle n'avait plus son permis depuis longtemps, sans grande surprise. Conduite en état d'ébriété oblige.
Elles arrivèrent bien vite devant le bâtiment de Casiopée et Lilith sortit de la voiture, s'élançant rapidement dans la cage d'escalier. Tout en elle démontrait son impatience.

Arrivée devant la porte, elle sonna. Casiopée ouvrit rapidement la porte, surprise de voir Lilith, sans doute. Lys était à ses côtés, bien entendu.

- Comme on se retrouve, n'est-ce pas ?

Elle souriait, sans cacher son sadisme, dans un haussement de sourcils suggestif. D'un mouvement rapide, elle mit son pied sur le chambranle de la porte, au cas où Casiopée aurait l'idée folle de la lui claquer au nez.
Le jeu pouvait commencer.

Casiopée soupira. Elle venait de finir de décharger sa voiture. Ça y est, toutes ses affaires sont là. Elle avait tout emporté. Alone n'aurait plus à s'occuper de ça. Il sera sûrement surprit quand il verra le vide que cela va créer. Le simple déménagement des toiles et du matériel avait demandé 11 boîtes. Cela faisait une différence, même pour un appartement aussi grand que celui d'Alone. Alors, dans le minuscule appartement qu'elle partageait avec Estel, ça changeait du tout au tout. Elle avait bien fait d'emmener le reste de ses choses un jour où sa colocataire était absente. Celle-ci en aurait été découragée. Elle voulait avoir le temps de trouver un endroit où mettre tout ça. Malheureusement, le rangement, c'était loin d'être son point fort. Elle avait toujours été bordélique. Même si Estel n'était pas particulièrement pointilleuse sur le ménage, il y avait toujours bien des limites. Heureusement, Casiopée s'entendait très bien avaec elle et était prête à faire des compromis. Elle passa donc toute l'après-midi à ranger sans trop rechigner.

La jeune femme se positionna au milieu de sa chambre. Elle regarda avec satisfaction la pièce impeccable. Elle savait très bien que dans une semaine elle serait tout aussi bordélique qu'il y a quelques heures. Il fallait alors profiter de ce moment historique où Casiopée Menethil 1ère avait une chambre propre. Celle-ci s'étira et bailla un bon coup. Il n'était que 19h et elle était déjà morte de fatigue. Elle s'était levée tôt et n'avait pas arrêtée depuis 7h ce matin. Cette chère Lilith avait aussi retardée son travail. Il ne fallait pas trop y penser. Elle était partie et avait sûrement fait preuve de simple curiosité pour une fois. Une bonne nuit de sommeil ne lui ferait pas de tord. Elle déplaça donc à contre cœur les couvertures de son lit qu'elle avait prit tant de temps à placer. Dès qu'elle posa sa tête sur son oreiller, elle s'endormit. Un sommeil agité, rêveur.

Elle était inondée de sueur. Elle bougeait fougueusement dans son petit lit simple. Elle finit par se réveiller en sursaut. Casiopée se rendit jusqu'à sa garde-robe pour en sortir trois toiles. La première représentait une femme habillée de beaux tissus avait de longs cheveux châtains. Elle était entourée d'hommes riches et instruits. Pourtant, son regard remplit d'amertume ne regardait qu'une femme au fond de la pièce. La deuxième montrait une petite maison de campagne où il y avait les deux femmes, s'enlaçant tendrement. La troisième représentait un homme d'âge mur s'époumonant avec rage devant la femme châtaine. Celle-ci ne regardait pas cet homme. Elle le fuyait du regard.

La jeune femme enfila un chandail blanc dont le col était tellement grand qu'il dénudait une de ses épaules et une paire de salopette un peu trop grande. Elle prit une toile vierge et la mit sur son chevalet. Elle se mit à peindre. Elle ne pouvait pas s'arrêter. Sa concentration était sans fin. Elle revivait ce qu'elle avait vu. C'était comme revoir sans arrêt le même film. Assez longtemps pour sentir, ressentir et comprendre. Les heures passaient sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle termina vers 5h30, au petit matin. Toujours follement inspirée, elle posa les quatres toiles au sol, essayant de leur trouver un sens. Laquelle venait en premier? Malheureusement, même sa nouvelle toile, celle qui montrait la femme châtaine poser un chapeau d'officier de la marine sur son amoureuse, elle ne pouvait trouver l'ordre qui reliait ces peintures. Pourtant, il y en avait un. Elle en était sûre.

Elle fût brusquement sortie de ses pensées par la sonnerie de la porte. Qui pouvait bien venir à cette heure-là? Sûrement Estel qui c'est bien amusée cette nuit. Elle ne se doutait pas que sa meilleure amie était de l'autre côté de la porte. Elle ouvra donc sans se soucier de quoique ce soit. Une drôle de surprise l'attendait. Elle voulait la harceler ou quoi? Elle sentit la colère monter en elle. Son petit air arrogant la rendait si détestable. Elle était venu avec du renfort en plus…

- Comme on se retrouve, n'est-ce pas ?

Sans réfléchir, elle lui répondit avec la même arrogance. Juste un peu plus sacastique.

« Tu ne sais pas à quel point de suis heureuse de te voir. T'as vraiment personne d'autre à aller emmer... ennuyer? »

Elle tenta de fermer la porte mais elle fut bloquée par un pied. Elle commença à s'impatienter. Elle ouvrit alors complètement et de façon brusque la vieile porte grinçante. Elle accrocha l'inconnue au passage. Elle en avait marre de la voir. Il fallait bien qu'elle comprenne un jour.

A peine quelques heures s’étaient passées depuis que le sourire triomphant s’était étiré sur les lèvres d’Alexandre alors que, à bout de souffle, elle lui avait annoncé la nouvelle. Ayant couru à travers toute la ville puis toute l’université, elle n’avait pas voulu patienter une seule seconde. La fierté qu’elle avait lue dans le regard que lui portait son frère à ce moment là l’avait rendue hystérique. Enfin ! était sa seule pensée. Enfin elle avait pu prouver à tout Hope ce qu’elle valait. La bouteille de vin allait sauter, ce soir là, avec Roy.

Pourtant, à peine se fut elle remise de ses émotions qu’elle comprit qu’elle n’en avait pas fini avec le dossier Casiopée. Il était bien entendu impensable d’en toucher un mot à Alone pour l’instant. Seuls les deux frères et la sœur étaient donc au courant, puis Lys ensuite. L’annonce ne filtrerait que plus tard, quand la fille serait en cage. Et juste, il fallait la mettre en cage. Qui de mieux que la personne l’ayant trouvée ? Bien évidemment…

- Tu prendras Lys avec toi.

L'annonce avait été froide, implacable, ne laissant aucune place à un "oui mais...". D'ailleurs, Alexander était bien la seule personne que Lilith évitait de contredire, tant en tant que frère que patron. Elle avait donc soupiré, vaincue. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle ne reviendrait pas sur cette histoire de duos plus tard, afin de faire comprendre qu'elle préférait largement travailler en solitaire.

Et c'était comme cela qu'elle s'était retrouvée là, un pied coinçant la porte, sourire méprisant sur les lèvres, regard de braise sur Casiopée. Le parfait petit kit de la sadique née.

- Oh, tu as failli être vulgaire, Casiopée, ce n'est pas très bien.

Alors qu'elle disait cela, elle repensait à la claque qu'elle avait mis à Nathan, quelques jours plus tôt, pour ses paroles déplacées. Elle se rendait compte qu'elle était à sa place, maintenant. Et que Casiopée frapperait plus fort qu'elle même, si elle s'y mettait.

- Oh, comme je suis mal élevée ! Je te présente Lys, mon euh... amie. Lys, Casiopée, la meuf qu'on doit choper !

Elle sourit à nouveau devant ces présentations peut orthodoxes.

La journée avait été rude. Elle était fatiguée. Elle sentait qu'il ne lui restait qu'une pièce du puzzle, qu'elle était sur le point de trouver la réponse à l'énigme qui la torturait depuis des mois. Elle faisait des rêves étranges. Certains venaient même la déranger quand elle était éveillée. Des sentiments de déjà vu, des sueurs froides vis-à-vis certaines situations… Elle en avait assez. Elle s'était peut-être sortie de l'enfer qu'elle vivait au travail. Toute cette colère s'évaporait peu à peu. Maintenant, ces visions étaient la seule chose qui cloche. Et maintenant, cette sale traînée qui ne pouvait tenir sa langue, ce pot de colle ambulant, cette langue de vipère… venait la rendre cinglée une fois de plus pendant qu'elle était en train de trouver la solution à tous ses problèmes. Elle arrivait toujours au mauvais moment. Étrangement, Casiopée avait l'impression qu'elle faisait exprès. Elle était la seule à pouvoir venir la déranger directement au moment où sa concentration n'avait plus de limite. Elle devait faire vite où ça se terminerait mal.

- Oh, tu as failli être vulgaire, Casiopée, ce n'est pas très bien.

Seigneur! Pitié, arrêtons les mamans détestables. Cette attitude était encore plus insupportable que celle qu'elle avait d'habitude (dur à croire non?). Son regard de feu, son sourire méprisant… tout l'impatientait. À croire que Lilith avait la recette secrète pour recevoir une claque.

- Oh, comme je suis mal élevée ! Je te présente Lys, mon euh... amie. Lys, Casiopée, la meuf qu'on doit choper !

En plus de son air toujours aussi agaçant, quelque chose la dérangea dans sa phrase. Casiopée, la meuf qu'on doit choper Choper? Qu'est-ce qu'elle voulait dire? Qu'elles venaient pour elle? Qu'elles voulaient l'emmener? Toutes ces questions se chamboulaient dans son esprit à une vitesse telle qu'elle avait de la difficulté à réagir. Encore trop confuse, elle ne pu lui répondre. Tout ce qu'elle savait. C'est que cela n'annonçait rien de bon. Elle recula légèrement un pied, prête à toute éventualité. C'était une poste un peu plus stable, permettant une meilleure défensive. Elle se tendit et lança un regard noir à la femme en face d'elle. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait, mais elle était décidée à ne pas se laisser faire. Elle essayait de faire des liens avec ce qui c'était passé hier. Lilith n'avait jamais fait preuve d'un tel intérêt envers elle. C'était louche. Elle se mordit les lèvres. Quand ses pensées retrouvèrent un peu de leur clarté, elle réussit à aligner quelques mots ensembles.

« Qu'est-ce que tu me veux? »

Son ton était relativement assuré. Il démontrait surtout sa méfiance et son impatience. Lilith savait que continuer les présentations et les attaques subtiles allait finir par la frustrer plus que nécessaire. Lys n'avait pas beaucoup d'importance pour Casiopée. Elle n'avait pas peur d'être seule contre deux. Ça ne l'inquiétait pas le moins du monde. Ce qui la mettait mal alaise, c'était de ne pas savoir ce qu'elles voulaient d'elle. Elle avait le pressentiment qu'elles ne venaient pas lui demander une tasse de farine.

La matinée fut longue pour la charmante Lys, assise sur son vieux fauteuil inconfortable, elle attendait qu’un dossier important arrive à elle, comme par magie. Elle tournait et retournait son stylo entre ses doigts osseux, laissant le temps filer lentement. Elle savait simplement qu’elle aurait à s’occuper d’une femme cobaye, et non pas seule comme elle l’aurait voulu, mais avec une certaine Lilith. Une jeune femme entra alors dans son cabinet, un sourire s’étira sur ses lèvres afin de mettre la demoiselle à l’aise.

« On m’a dit que je pouvais venir pour une consultation… »

Lys se leva et alla accueillir la jeune femme, c’était une belle brune qui lui sembla timide et complexé, comme beaucoup de ces patientes. Elle ferma les yeux, afin de se remémorer un passage de sa vie qui lui semblait ressembler à celui-ci. Le jour où elle avait rencontré une femme dont les idées étaient originales et qui lui avait confié un secret lourd. Grave à elle, elle avait pu avoir une prime, car c’était un cobaye plus qu’intéressant. Elle continua son travail avec la charmante demoiselle, qui n’était pas une personne bien intéressante.

Il était temps de rejoindre Lilith dans le couloir, elle resta ainsi une bonne dizaine de minutes, elle ne savait même pas à quoi ressemblait la jeune femme. Une demoiselle dont le regard montrait sa tendance sadique la fit comprendre qui elle était. Elle lança alors un « on y va » froid. Lys, ne voulant pas vraiment devenir l’amie de la jeune femme, acquiesça discrètement et suivit Lilith jusqu’à la voiture. La jeune femme attendait dedans, les doigts pianotant sur le volant montrant son impatience. Lys, quant à elle, leva les yeux au ciel et s’installa rapidement à sa place. La jeune femme était plutôt froide, un peu comme Lys, et semblait avoir un fort caractère. Elle regarda le paysage pendant le chemin, quoi qu’il ne fut pas spectaculaire.

Arrivée enfin devant la porte de la jeune femme, Lilith sonna. Une belle demoiselle ouvrit rapidement. Lilith, un sourire légèrement sadique aux lèvres lança à la demoiselle.

« Comme on se retrouve, n’est-ce pas ? »

Lys ne bougea pas, regardait simplement le spectacle. Elle ne voulait pour le moment ne pas s’immiscer dans leur petit jeu, le temps arriverait pour qu’elle le puisse. La jeune Casiopée répondit à Lilith d’un ton sarcastique. Quand elles finirent d’échanger quelques paroles, Lilith présenta Lys à la jeune demoiselle, ce qui d’ailleurs étonna Lys, qui sourit aussi sadiquement que Lilith. Le jeu allait pouvoir enfin commencer.

« Enchantée, si je puis le dire. »

Lys retrouva alors la même expression, neutre et simple. Casioppée demanda alors à Lilith que lui voulait-elle, et Lys, par respect et pour ne pas gêner Lilith dans son travail lui laissa le temps de répondre.

Désolée c'est nul --'

Un enfant dans une fête foraine ne se serait pas autant amusé que Lilith en cet instant précis. Derrière toute la méchanceté de son regard, quelqu'un la connaissant bien aurait pu déceler la pointe de joie de ses yeux. Plus que les fêtes, plus que l'alcool et les mecs, c'était le sadisme qui la rendait heureuse. Étrange ? Non, tout simplement elle...
Son sourire de mauvais augure se renforça quand elle remarqua les poches sous les yeux de Casiopée. Oh, pauvre chérie, elle avait passé une mauvaise nuit ? Cela la rassurait un peu cependant. Fatiguée, Casiopée en devenait sans doute moins dangereuse, violente. Mais le contraire pouvait être tout à fait possible également. Elle craignait déjà les bleus que son joli minois pourrait récolter, étranges blessures de guerre dans le combat de Hope. Mais nul doute qu'elle afficherait fierté ses hématomes dans la société. "Le prix à payer pour attraper un Reborn !" dirait-elle.
Il était étrange de savoir qu'on allait se faire frapper d'une seconde à l'autre et de ne rien faire pour éviter cela pour autant. Mais fuir n'était pas une option envisageable. Pas Lilith. Pas face à Casiopée. Alors elle gardait le dos bien droit, la titillant plus qu'elle ne le devrait. Elle le cherchait, ce coup, ce n'était pas possible autrement ! Tout, ses paroles, ses mimiques, ses regards, tout en elle était fait pour être détestable, résultat d'années de pratique dans ses écoles. Et cela faisait mouche, forcément. Elle voyait Casiopée s'impatienter, s'en amusait d'autant plus. Pauvre petite chose allant tomber dans les filets de la société de son papa. Douce ironique que voila.

- Ce que je te veux ? Mais je viens de te le dire, Casiopée. C'est toi, que je veux.

Sa voix doucereuse flottait dans l'air, calme et dangereuse. Plongée dans les yeux de la brune, elle en aurait presque oublié sa collègue, qui aurait pu parler sans qu'elle ne s'en rende compte. Mais Lys était toujours là, stoïque, attendant la suite des événements. Bien, on l'avait au moins briffée sur ce point : ne jamais se mettre en travers du chemin de Lilith.

- Nous venons faire ce que ton père aurait du faire depuis des années, s'il n'avait pas été égoïste à ce point. Tu pensais vraiment que tes talents de peintre était naturels ? Tu n'imagine même pas à quel point tu te trompes...

Lui donner des explications sans lui dévoiler le tout. Titiller sa curiosité pour la faire retomber de haut plus tard. Parfait. Lilith lui sourit à nouveau. Une main dans la poche de son jeans, elle jouait du bout des doigts avec la seringue qui y été cachée, prête à la dégainée à tout moment s'il le fallait. Mais les ordres d'Alexander étaient précis : n'utiliser la force qu'en dernier recours, seulement s'il n'y avait d'autre solution. Son frère n'était que trop pacifiste, parfois. La force serait obligatoire, avec cette réincarnée là.
Mais les ordres étaient les ordres...

- Tu as le choix : soit tu nous suis docilement et peut être tu auras la chance de voir ton papa, soit tu as affaire à moi, pour nous suivre de toutes manières. Tu préfères quelle option, chérie ?

Nouveau sourire. Elle connaissait la réponse d'avance, bien entendu. Casiopée était loin d'être docile. Peut être auraient même pu être amie, dans un autre monde.

Elle n'aurait jamais cru que cela se passerait ainsi. Son sourire remplis de mépris et d'arrogance ne pouvait la laisser indifférente. Lilith représentait tout ce qu'elle détestait. Elle avait toujours essayée de rester calme, sans chercher la bagarre. Elle ne réussissait malheureusement que rarement. Son impulsivité naturelle la menait tout droit dans la gueule du loup. Étrangement, même si elle était très svelte, elle frappait aussi fort que n'importe quel garçon plus costaud qu'elle. Ça lui sauva la vie bien des fois. Elle avait le don de se mettre toujours dans le pétrin. Elle se retrouvait souvent avec un œil au beurre noir, mais elle recommençait toujours. Son envie de confrontation était contrôlée grâce à ses entraînements réguliers. Par contre, son ardeur et sa colère l'étaient beaucoup moins. Elle regardait Lilith dans le blanc des yeux. Il n'était pas difficile de connaître ses intentions. Elle n'allait pas se laisser faire. Que ce soit une simple méchanceté de sa part ou un réel désir de la faire souffrir, Casiopée savait qu'elle devrait lui passer sur le corps pour ça. Lilith était au courant.

« Enchantée, si je puis le dire. »

Ce genre de politesse l'irritait au plus haut point. La politesse reste de l'hypocrisie non? Surtout dans ce genre de situation. Deux ennemies se confrontant n'était pas vraiment le meilleur moment pour se montrer agréable. Par contre, Casiopée éprouvait de la compassion envers cette Lys. Être avec Lilith ne devait pas être facile tous les jours.

- Ce que je te veux ? Mais je viens de te le dire, Casiopée. C'est toi, que je veux.

Elle? Mais qu'est-ce qu'ils en avaient à faire d'elle? Elle n'avait rien de spécial, rien qui pourrait réellement les intéresser. Elle n'était ni riche, ni connue, ni particulièrement talentueuse. Oui, elle faisait de la peinture, mais personne ne se battait pour acheter ses toiles à un million de dollars. C'était simplement insensé. Pourtant, quelque chose lui disait qu'elle ne rigolait pas. Lilith était cruelle, certes, mais ce n'était pas son genre de blague. Elle tenta de se calmer. Elle pourrait analyser la situation, voir un moyen de sans s'en sortir sans…


- Nous venons faire ce que ton père aurait du faire depuis des années, s'il n'avait pas été égoïste à ce point. Tu pensais vraiment que tes talents de peintre étaient naturels ? Tu n'imagines même pas à quel point tu te trompes...

Ces mots eurent un effet impensable sur la jeune femme. Cette traînée l'avait cherché. Se mettre à dire que son père n'était qu'un égoïste était intolérable. Il avait tout fait. Il l'avait adopté à sa naissance et… Et il n'était pas marié ni en couple, il ne semblait pas particulièrement bien avec des enfants… Ils lui auraient donc demandé? Non, non. Elle devait faire une erreur. Lilith mentait. Ça se voyait dans son visage. Non, en fait, pas du tout. Son air bien trop satisfait montrait clairement son bonheur d'avoir raison. Alors… Mais pourquoi? Il ne lui aurait pas caché ça éternellement. En plus, si son talent n'était pas naturel, d'où viendrait-il? Du ciel? D'une substance chimique? Il ne faut pas exagérer. Pourtant, quelque chose restait. Même si elle ne pouvait prouver aucune de ces hypothèses, une seule restait. Il l'avait trahi. Il aurait du la vendre. Il le savait. Elle baissa la tête, laissant ses cheveux cacher son joli minois.

- Tu as le choix : soit tu nous suis docilement et peut être tu auras la chance de voir ton papa, soit tu as affaire à moi, pour nous suivre de toutes manières. Tu préfères quelle option, chérie ?

Elle serra les poings. Tout le monde était contre elle. Ils voulaient tous sa peau. Que voulaient-ils en faire? Franchement, cela l'importait peu. Elle sentit son sang bouillonner. La colère montait rapidement, annonçant un éruption volcanique. Celui-ci n'avait jamais été aussi actif ces dernières semaines. Pourtant, cela ne l'avait pas fatigué. En un geste précis, vif et ferme, elle empoigna le collet de Lilith et la plaqua contre la balustrade du perron. Elle ne la levait pas du sol, mais Lilith se sentait subitement plus légère. Casiopée était imperturbable. Sa position était solide et sa poigne ferme. Elle regarda fixement celle qu'elle tenait dans ses mains. Casiopée était prise au piège. Elle n'avait pas peur. Elle n'était plus vraiment elle-même. Un lâché prise l'avait envahi et elle ne semblait plus comprendre les enjeux. Sa seule préoccupation, s'occuper personnellement de ceux qui avaient gâchés sa vie. D'un air de défi et de provocation, elle lui annonça simplement:

« Aucune de ces réponses, chérie. »

Elle la lâcha donc en la lançant sur Lys et s'élança dans les escaliers. Elle courut aussi vite qu'elle pu. La jeune femme mit sa main sur la rampe d'escalier, mit tout son poids dessus et l'élança par-dessus la rampe. Elle atterrit souplement sur l'herbe et continua sa course sur le trottoir.

Si Lilith aimait provoquer, on ne pouvait pas dire qu’elle savait se battre pour autant. Les gens battaient souvent en retraite devant son regard meurtrier et son sourire sadique avant qu’elle n’ait besoin d’en venir aux mains. Elle avait beau être teigneuse par moment, elle ne savait donc pas utiliser ses poings. Et le regrettait amèrement, maintenant qu’elle était face à Casiopée. Car les rumeurs disait qu’elle était bagarreuse, la Reborn. Et ce n’était pas franchement une nouvelle réjouissante pour la new yorkaise. Bien au contraire.
Par reflexe, elle remuait doucement son nez, appréciant le fait qu’il soit encore intact, pour l’instant. C’était la cible préférée des coups de poings, étrangement. Et se retrouver avec un pansement sur le nez et une douleur fulgurante n’était pas une option des plus envisageables. De quoi souffrir des railleries de Roy pendant le reste du mois. Mais attraper la jeune fille valait bien son lot de souffrances. S’il fallait en payer le prix, elle le ferait, coûte que coûte. De toute façon, elle l’avait assez bien cherché, elle l’assumait parfaitement.

Alors qu’elle lui expliquait le pourquoi du comment, Lilith pouvait parfaitement voir les émotions se bousculant dans les yeux de Casiopée. Surprise, incrédulité, incompréhension d’abord. Oui, elle avait tout d’une fille normale, banale même, aux yeux de la société de Chatam. Elle aurait pu vivre comme Madame Tout le monde pendant des années, même. Mais c’était sans compter sur Hope et ses secrets, Hope qui la voulait, elle, pour son code génétique et ses talents de réincarnée. Elle n pouvait le comprendre, bien entendu. Les réincarnés ne savaient rien de leur condition… Pour l’instant. Elle, elle le saurait bien vite. Et regretterait sans doute amèrement que son cher papa ne lui en ait rien dit.
L’incompréhension se dissipait peu à peu pour laisser place au doute. Pensait-elle à son père, qui lui avait menti des années durant ? Lilith savait bien qu’on ne pouvait lui faire confiance. Il y avait quelque chose dans le regard d’Alone qui laissait comprendre qu’il cachait quelque chose. Jamais elle n’aurait cru que ce quelque chose était en fait quelqu’un. C’était tellement… Magnifique !

Ce qui était moins magnifique était la réaction de Casiopée, à laquelle Lilith ne s’attendait vraiment, mais vraiment pas. Il y eut un « gloups », comme dans les dessins animés, alors qu’elle se sentait soudainement beaucoup plus légère, sur la pointe des talons. Elle devait s’attendre à la force de Casiopée, mais pas à celle de Hulk, tout de même ! Pourtant, il fallait à tout prix que la peur ne se lise pas dans ses yeux. Elle était foutue, sinon. Elle lui offrit donc son plus beau regard assassin, bien qu’elle ne fût pas en position de force pour continuer à la regarder ainsi. Lilith tentait de glisser la main dans sa poche, pour s’emparer de la seringue et ‘attaquer pendant qu’elle le pouvait… Mais le tissu de son jean était trop loin de ses doigts, qui tâtonnaient dans le vide sans succès. Et Lys qui restait sans bouger devant cette scène. Idiote !

« Aucune de ces réponses, chérie. » Puis elle l’envoya valser dans le décor, son corps fracassant sans peine celui de Lys. Déjà, Casiopée s’enfuyait, le bruit précipité de ses pas raisonnant dans toute la cage d’escaliers. Lilith se releva aussi vite que possible, encore sonnée.

- Mais qu’est-ce que t’attends, putain !

Aucune réaction de Lys. Tant pis. La poussant sans retenue, Lilith se mit à dévaler quatre à quatre les marches à son tour, aussi vite que possible. Arrivée dans la rue, elle regarda à droite et à gauche, cherchant Casiopée du regard. Ouf, elle était plus forte que rapide, bien heureusement. Tirant sur les muscles de ses jambes, elle se rua en avant, lui fonçant dessus à la manière d’un boulet de canon. Alors qu’elle courait à en perdre haleine, elle essayait d’attraper son précieux objet dans sa poche. Un petit ricanement victorieux sortit de ses lèvres alors que ses doigts se refermaient autour du verre de la seringue.
Essoufflée, elle arrivait néanmoins à rattraper son retard, mètre par mètre. Un sourire victorieux s’accrocha à ses lèvres quand elle s’agrippa au tee-shirt de la brunette.
Elle allait bien être forcée de s’arrêter, comme cela, n’est-ce pas ?

La colère montait en elle pendant qu'elle courait comme une défoncée. Ce matin, elle était fille d'un homme responsable, honnête… Maintenant, tout était différent. Elle ne voulait plus le voir. Disons que Casiopée n'avait pas le pardon facile. Elle le détestait déjà. Comment avait-il pu? Elle lui avait offert toutes ses œuvres. Il les regardait alors hypocritement, se disant que le jour allait bien finir par arriver. À présent, elle devait faire face à ce qu'elle avait réussi à éviter durant autant d'années. C'était Lilith qui venait la prendre. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait lui faire. Par contre, elle ne semblait pas vouloir l'emmener pour une rencontre amicale.

- Mais qu’est-ce que t’attends, putain !

Elle accéléra le rythme. Elle ne pouvait le nier, elle avait peur. Pourtant, elle ne pouvait pas la laisser prendre le dessus. Elle devait être forte et s'en sortir…. Elle allait s'en sortir.

La rage l'envahissait. Cette haine l'aidait à continuer. Malheureusement, elle était bien moins rapide que forte. Sa force était impressionnante, loin de sa rapidité. Sur ce point, elle était dans la moyenne. Lilith la rejoint assez rapidement. Elle entendait ses pas se rapprocher ainsi que les respirations bruyantes de sa rivale. À en juger par le nombre de respirations et de pas, elle était seule. Lys devait être restée près de sa maison. Casiopée ne se retourna pas pour s'en assurer. Elle essayait de parcourir le plus de chemin avant d'être rattrapée par Lilith. Au cas ou Lys voudrait venir l'aider.

Ce qui devait arriver arriva, Lilith finit par la rattraper. Elle s'accrocha à son chandail. Casiopée eu l'impression que tout c'était arrêté. Elle ne sentait plus la fatigue ni la fraîcheur de cette froide journée d'automne. Elle sentit quelque chose l'envahir. L'adrénaline? Peut-être. Un esprit bestial avait prit possession d'elle. Elle ne pensait plus qu'à sa survie. Elle ravala difficilement sa salive. Elle ne pouvait plus réfléchir. Elle fit donc ce qu'elle faisait de mieux dans ces situations: se battre pour ce qu'elle considérait comme sa survie. Elle prit le plus d'élan qu'elle pouvait avoir dans cette inconfortable situation et lança un fantastique crochet du droit à son ennemie. Elle sentit son poing toucher un os. Elle profita du court relâchement de sa rivale pour prendre la fuite. Malheureusement, elle trébucha dans les pas de Lilith et tomba au sol. Lilith tentait toujours d'avoir sa peau. Elle ne réfléchissait plus au prochain coup qu'elle allait donner. Ces coups témoignaient d'une sauvagerie brute. Elle griffait, giflait, frappait aussi fort que son corps le lui permettait. Lilith était coriace. Elle ne savait plus quoi faire. Elle continuait alors à faire ce qu'elle pouvait pour résister à son emprise. Elle essayait de s'échapper en rampant dès qu'elle en avait l'occasion. Puis, Lilith la rattrapait aussitôt. Elle ne voulait pas sentir la douleur. Elle n'avait pas le choix. Elle remarqua l'objet que Lilith tenait entre ses mains. C'est cet objet qu'elles n'arrêtaient pas de se battre pour. Lilith l'échappait, Casiopée le rattrapait, Lilith lui arrachait des mains… Tout se passait tellement vite. La jeune femme n'avait même pas eu le temps de se demander ce que pouvait contenir la seringue. Elle en avait une vague idée. Elle savait qu'elle ne pouvait pas laisser cet instrument entre les mains de Lilith. Sinon, c'était la fin.

Elle courait, courait à en perdre haleine, alors que son ventre lui faisait souffrir, dans un point de côté affreusement douloureux. Mais elle n’allait pas arrêter pour si peu. Non, elle ne pouvait rentrer bredouille de cette mission. Elle devait y arriver, elle allait y arriver. Et tant pis si elle mettait des heures à s’en remettre, si son pouls s’emballait et aurait du mal à retrouver un rythme normal. Seule comptait sa mission, son leitmotiv. Elle ne pouvait rater cela, elle était le parfait petit soldat créé par son frère dans l’unique but de servir Hope. Un Killmaster parvenait toujours à ses fins. Elle allait le prouver, une fois n’était pas coutume.
Lorsqu’elle réussit à s’accrocher au tissu de son haut, un rire victorieux sortit de ses lèvres, si poussant et heureux qu’elle s’en étonna elle-même. Arriver à sortir un tel son de sa bouche avec le souffle court et coupé, cela devait être un exploit. Mais cela fut de courte durée. Son rire se coupa aussitôt quand elle vit Casiopée se retourner. Elle n’eut pas le temps de bouger, d’esquiver quoi que ce soit. Le coup s’abattit avec violence sur son nez dans un horrible bruit d’os cassé. La connasse, elle lui avait cassé le nez ! Et déjà, elle essayait de s’échapper à nouveau, profitant de son effet de surprise. Hors de question ! Elle mit le pied en avant, crochetant la cheville de Casiopée. Si elle ne maitrisait pas les poings, les croche-pieds, par contre, c’était son rayon. Elle trébucha, se releva à nouveau, attaqua. Une seule pensée, devenue presque incohérente par la douleur grandissante, venait à l’esprit de Lilith : la seringue, elle devait utiliser la seringue. Mais elle comprit bien vite que la bête sauvage face à elle n’allait pas se laisser faire aussi facilement.
Le plus difficile était d’ouvrir la seringue, enlever ce stupide capuchon bien visé autour de l’aiguille, le tout en évitant le plus possible les coups qui arrivaient à vitesse folle sur elle. Telle un chat enragé, elle griffait, frappait, lui tirait même les cheveux pour la faire céder, pour la terrasser avant de partir en courant. Cours, fillette, cours, n’oublie pas que nous sommes sur une île ! Tu es piégée, tu comprends, piégée ! Mais Lilith était bien incapable de lui hurler cela, même si elle aurait aimé le faire. Le penser était bien suffisant, cependant. Cela lui donner la volonté de terminer son travail, jusqu’au bout.

Elle ne comprit alors se qui se passait. Cela avait été trop rapide, sans doute, pour qu’elle ne saisisse chaque mouvement, chaque seconde de l’action. Le bouchon avait sauté pour bondir dans l’herbe, dans un « pop » caractéristique. L’aiguille libérée se dressait entre elle et Casiopée, arme dangereuse pouvant se retourner contre la petite blonde à tout moment. Là était le plus risqué, sans doute aucun. Cela serait catastrophique, si une telle chose venait à arriver. Mais, avant qu’elle n’ait pu faire le moindre geste, Casiopée sauta sur elle dans une tentative désespérée sans doute. L’aiguille s’enfonça alors dans son épaule comme dans du beurre. Saisissant cette chance inespérée, Lilith appuya d’un coup fort sur la gâchette en plastique, lassant le liquide tranquillisant faire son effet. Cela ne dura pas plus de trois secondes. Elle eut encore le temps d’attaquer d’un poing dans la mâchoire avant de sombrer. Son corps tomba à terre, inerte.
Lilith restait de marbre face à cette vision pathétique. Avant d’éclater de rire. Lys, qui arrivait enfin en courant, se paralysa face à cet accès de sadisme pur. Lilith se retourna vers elle, un large sourire aux lèvres.

- Tu vas enfin servir à quelque chose, ou pas ? Aide moi à la porter jusqu’à la voiture, tu conduis. On va à Stanford, j’appelle Roy en chemin. Il s’occupera d’elle comme il se doit.

Sortant un mouchoir usagé de sa poche, elle le plaqua contre son nez, pour essayer de stopper l’hémorragie. Elle ne l’avait vraiment pas loupée. Déjà, quelques taches violacées apparaissaient sur ses bras, aux endroits où elle l’avait frappée. Sans doute son visage était dans un état semblable. Mais peut lui importait.
Elle avait réussi.