La psychologie [PV Alexander]

Dix heures dix. La pause venait de se terminer pour un grand nombre d’étudiants, mais celle de la jeune femme commençait à peine. Cette dernière avait un quota de visite plus élevé lorsque les élèves sortaient de cours, ce qui était tout à fait normal. Elle ferma la porte de son bureau à clé, en y laissant l’écriteau ‘Je suis à la salle des professeurs’, pour l’élève qui voudrait la voir. Anna se dirigea vers la dite salle, une petite pièce en main pour la machine à café. Il était étrange de constater le changement de comportement de la jeune femme, lorsque cette dernière était avec des élèves et lorsqu’elle se trouvait en compagnie d’autres personnes. Son caractère passait de la compréhension, parfois de la dureté ou bien souvent de l’empathie, à de l’ironie à tout bout de champs. Elle s’imaginait, lorsqu’elle travaillait, que rien ne pouvait l’atteindre. Non pas par fierté, mais pour ne jamais craquer. Bien sûr, tous les jours ne sont pas des épreuves difficiles à surmonter. Le métier de psychologue n’était pas une torture, loin de là. Mais parfois, suite à des révélations, ou à des résultats non convaincants, il arrivait à la ‘doctoresse’ de se sentir terriblement affectée et d’avoir envie de pleurer. Elle ne devait pas, et se retenir était devenu habituel dans ces moments là. Mais mis à part ces rares moments, la jeune femme se sentait toujours bien dans sa profession. Impatiente d’être devant son café, elle accéléra l’allure dans les couloirs. Près de la salle des professeurs, un élève la bouscula involontairement.

- « Pardon madame ! » S’était-il aussitôt excusé.
- « Ce n’est rien. » Avait-elle répondu avec un sourire réconfortant.

Le garçon avait ensuite disparu derrière une porte, il semblait pressé, et devait sûrement l’être étant donné que la pause était terminée. La main sur la poignée, la jeune femme jeta un dernier regard derrière elle, puis rentra dans la salle. Il n’y avait pratiquement personne. Contrairement à elle, les professeurs prenaient leur pause en même temps que les élèves. Mais eux en revanche avaient une limite de temps à ne pas dépasser, afin de ne pas être en retard dans leurs cours. Refermant la porte derrière elle, elle aperçu tout de même une silhouette familière près de la machine à café. La psychologue s’y dirigea. Elle inséra la pièce dans la fente de l’instrument, puis tourna la tête vers Alexander en même temps que son doigt appuyait sur ‘café au lait’.

- « Bonjour monsieur Mankind. » - Elle lâcha la machine en attendant que le gobelet se remplisse - « Comment allez-vous ? »

Il s’agissait d’Alexander Mankind, le co-directeur de cette université. Anna avait parfois échangé avec cet homme, et elle l’appréciait pour son sens des responsabilités. Elle n’avait pas assez communiqué avec lui pour se douter de quoique ce soit en ce qui concerne la vie d’Alexander, car ses relations étaient simplement professionnelles. Mais elle savait qu’il était digne de son poste, et capable de pas mal de choses.

Elle jeta un coup d’œil à son gobelet pour voir s’il avait fini de se remplir, puis tourna à nouveau la tête vers Alexander pour lui répondre.

- « Bien bien, merci. »

La jeune femme adressa un sourire aimable au co-directeur, puis se retourna une nouvelle fois devant la machine. Quelque chose d’autre qu’elle appréciait aussi chez cet homme, c’était l’impression qu’il la considérait comme la psychologue de l’université, et non comme la fille du maire. Car beaucoup trop de personnes la jugeaient en fonction de son lien avec Dorian Feguson, ce qui n’était pas toujours un avantage pour celle qui avait pris son envol. Mais avec Alexander, bien qu’elle n’ait pas tant que ça parlé avec, jamais son père n’avait été évoqué dans un sujet de conversation. De toute manière, il n’y avait pas grand-chose à dire. Cette fois, son verre était plein. La psychologue attrapa une serviette en papier sur le coté, puis s’en servit pour prendre le gobelet chaud sans se brûler. Elle le posa sur la table qui se trouvait à coté d’elle, puis le laissa refroidir un peu. Sentant sa queue de cheval se défaire, elle leva les mains et enleva le nœud pour refaire sa queue. Les habits de travail d’Anna se limitaient toujours à des vêtements blancs, ou clairs. Elle savait que cette couleur mettait en confiance les élèves, ou du moins aidait à les mettre en confiance. La jeune femme était très sérieuse là-dessus, et sur les deux couleurs les plus ‘gentilles’, qui étaient le blanc et le bleu ciel. La jeune femme portait donc un tailleur immaculé aux longues manches, suivi d’un pantalon de même couleur. Au soleil, cela faisait mal aux yeux.
Elle leva les yeux sur Alexander. Cet homme plutôt intimidant par nature était respecté par la jeune femme. Non pas qu’elle l’admirait, mais elle savait qu’il donnait beaucoup pour son métier, et qu’il possédait beaucoup de talent. Ce genre de personne devenait de plus en plus rare, hélas.

- « Comment se déroule la préparation du gala ? Je sais qu’il est tard, mais si je peux vous aider, dites le moi. » Fit-elle en reprenant son café moins chaud.

Elle attendait le gala avec une sorte d’impatience, étant donné que ce serait sa première. Enfin à cette université, en tout cas. La jeune femme aurait le plaisir d’y participer, sans être une étudiante. D’ailleurs, elle était seule pour ce gala. Mieux vaut être seule que mal accompagné, mais pour une jeune dame comme elle, être accompagné aurait plutôt été plaisant. Ce n’était pas les garçons qui manquaient, d’ailleurs, elle avait même refusé quelques demandes venant d’élèves qui voulaient être son cavalier. Anna voulait simplement être là pour s’amuser, danser, rire et se divertir. Elle ne voulait en aucun cas suivre ou être suivie durant toute la soirée par un garçon.
La jeune femme porta le gobelet à ses lèvres afin de boire prudemment une gorgée de café. Comme elle s’en doutait, c’était trop chaud. Anna se passa la langue sur les lèvres pour apaiser la petite brûlure, puis abaissa son café pour le tenir à la main en attendant. Apparemment, son interlocuteur préférait le noir, signe d’une certaine détermination, ou bien d’une force. Remontant une nouvelle fois son café, la demoiselle souffla très légèrement dessus, pourquoi c’était toujours servi trop chaud ?

- « D’ailleurs, vous serez présent à ce gala ? » Demanda la psychologue en levant à nouveau son regard pour fixer Alexander.
Même si elle avait du mal à imaginer le co-directeur danser, ou même rire, il n’allait pas rater un événement aussi important. D’ailleurs, avait-il une cavalière ? Peut-être la directrice, peut-être pas. De toute manière, cela ne regardait pas le moins du monde Anna, qui voulait simplement savoir s’il allait ou non au gala organisé. Elle savait que son père serait présent. Elle ignorait s’il y allait seul ou accompagné. D’ailleurs, elle pouvait toujours partir avec lui, non seulement cela économiserait une voiture (Parce que la psychologue a de plus petites économies que ceux de la mairie, tout de même,) et puis une fois arrivé, il vaquerait aussitôt à ses occupations, à des connaissances… Elle n’allait pas le laisser venir seul, ça ne risquait pas !

Elle ne s’inquiétait pas le moins du monde pour la préparation du gala, c’était surtout par politesse qu’elle aurait aidé à faire quelque chose, si toutefois on avait besoin de son aide, ce qui n’était pas le cas. Anna porta à nouveau son café aux lèvres. Étant moins brûlant, elle en but une petite gorgée avant de se passer à nouveau la langue sur les lèvres en sentant le goût du lait faire saliver ses papilles. Le café était peut-être chaud, mais il était bien bon. Elle esquissa un petit sourire à la remarque d’Alexander, qui l’avait vu se brûler.
- « Je pense que vous avez plus important à faire, non ? »
Anna n’était quand même pas dupe, d’autant plus que cet homme avait beaucoup de responsabilité, et elle se demandait si c’était réellement son rôle de changer la machine à café de la salle des professeurs. Elle écouta la seconde réponse du co-directeur avec attention. C’était peut-être un peu stupide d’avoir posé la question, mais le gala était une fête, peut-être cet homme n’aimait-il pas les fêtes ? Il venait lui-même de dévoiler que les cérémonies n’étaient pas sa tasse de thé. La psychologue approuva d’un hochement de tête, se disant qu’effectivement ils ne risquaient pas d’être tranquille une seule seconde de la soirée, la directrice et lui.

- « Effectivement la notion de fête ne doit pas être aussi amusante pour vous, dans ce genre de soirée. » Fit Anna en effectuant une petite esquisse de lèvre sur le coté, comme si elle était déçue pour le co-directeur. Elle ressentait de l’empathie pour lui, parce qu’il était un homme droit, juste et qui ne cachait pas des choses. Ou du moins, si c’était le cas, il savait vraiment y faire parce que la jeune femme n’y voyait rien. En vérité, c’était peut-être parce qu’elle n’arrivait pas à percer le caractère d’Alexander qu’elle l’apprécier autant. Comme s’il lui était inutile de chercher plus loin, et qu’elle pouvait se focaliser uniquement sur la surface, comme le faisaient les gens ‘normaux’. (Je ne dit pas qu’elle n’est pas normale, mais après des années d’études qui te rabâchent que pour comprendre quelqu’un il faut faire ceci, cela, se conduire ainsi avec ce type de personne, le regarder dans les yeux, que s’il regarde par là ça veut dire ça…) La vision des choses, surtout lorsqu’on a un interlocuteur, est tout de suite changée. Une hypothèse s’insurgea dans la tête d’Anna, après avoir repensé à ses études et à son diplôme de Master qu’elle avait décroché haut la main. Peut-être Alexander avait-il fait lui aussi ce genre d’études ?
Malgré la sympathie qu’éprouvait la psychologue à l’égard de son co-directeur, son père lui avait donné assez de lui-même pour qu’elle ne fasse pas confiance à n’importe qui. Elle avait du sang de Dorian dans les veines. La seule personne en qui elle avait une confiance presque aveugle était son père, alors qu’elle savait pertinemment qu’il lui cachait aussi des choses, et ce depuis bien longtemps. Mais il n’avait aucun compte à lui rendre, donc libre à lui.

L’homme en face d’elle lui demanda son avis sur son nouveau travail, et sur les élèves qui venaient la voir. Le premier adjectif qui s’était insurgé dans l’esprit d’Anna fut ‘passionnant’. Elle aimait tout particulièrement voir un élève timide franchir le seuil de son bureau, et parler au début avec gêne jusqu’à ce qu’elle le mette à l’aise. Elle appréciait encore plus lorsqu’il se dévoilait, et qu’il laissait libre court à ses émotions. Mais la plus belle récompense pour la jeune femme était parfois de constater que ce même élève semblait aller mieux, et venait la voir simplement par principe, ou pour lui dire bonjour. Généralement ces élèves et elle se liaient d’amitié par la suite, et gardaient bon contact. Et puis cela faisait de la publicité pour la jeune femme dans l’université.
Alexander évoqua l’idée que des élèves puissent avoir des problèmes plus intéressants. Évidemment, comme dans toute université il n’y avait pas que des problèmes familiaux ou ‘conjugaux’ à régler. Stanford était la première université dans laquelle elle travaillait en tant que psychologue. Mais elle avouait que dans cette où elle a étudiait, il y avait quelques cas qui n’y étaient pas… Parfois, elle recevait des personnes au secret étranges. Des impressions de déjà vu ? Des rêves étranges ? Pourtant, elle avait du mal à comprendre la signification. Il lui arrivait de penser à un cas de schizophrénie. Ce domaine était le préféré de la psychologue, et elle excellait tout particulièrement. Pourtant la personnalité de certains élèves était si ambiguë qu’elle se demandait s’il n’y avait pas autre chose derrière.
En même temps qu’Anna réfléchissait à tout ça, elle fixait le co-directeur. Elle regardait toujours les gens dans le blanc des yeux lorsqu’elle devenait pensive. Finalement elle coupa court à ses réflexions pour lui répondre.

- « À la hauteur de mes espérances. Certaines choses me dépassent, mais je compte bien y remédier, je suppose que toutes les personnes fraîchement diplômées sont ainsi. » Répondit-elle d’une manière déterminée. Ah ça oui, elle n’allait pas laisser des problèmes la surpasser. Rien ne la surpasserait dans son métier ! Elle devait être à la hauteur de toute situation, quitte à passer des jours et des nuits sans manger ou sans dormir sans un cas. Pour cela, la jeune femme avait une volonté d’acier, et ne démordait pas. (Là encore, elle devait probablement tenir ce trait de caractère de son père.)
- « Mais il est vrai que Stanford est fascinant. »

Anna en profita pour lever les yeux vers la fenêtre, puis les reposa sur Alexander. Elle porta à nouveau son gobelet à ses lèvres, bu deux gorgées de café puis observa le co-directeur jeter le sien, vide bien entendu, à la poubelle. Si cela se trouve, il faisait son malin, mais il avait pris son café bien longtemps avant qu’elle n’arrive. Enfin ce n’était peut-être pas son genre de faire son malin.

- « Pardonnez mon indiscrétion, » Commença-t-elle en posant son café sur la table à coté d’elle. « Auriez-vous fait des études en rapport avec la psychologie ? »

Autant répondre directement à l’hypothèse qui s’était installée dans ses pensées quelques secondes plus tôt. Et puis cela permettait à la jeune femme de changer de sujet. Elle ne tenait pas réellement à parler de certains problèmes rencontrés par certains élèves, dans cette université. Non seulement parce qu’elle n’en comprenait toujours pas certains, mais en plus parce qu’elle était tenue par le secret professionnel.

Alexander venait de s'humaniser davantage en exprimant clairement aux yeux de la jeune femme qu'il était passé au même stade qu'elle. L'envie de découvrir tout ce qu'elle ne savait pas, les nouveaux défis qui l'attendaient, et de braver les risques du métier avec, si possible, succès. Elle rêvait de faire face à des cas dont elle saurait comment s'en occuper, dont elle serait sure de pouvoir résoudre. Quoique la psychologie est parfois aussi incertaine que la médecine. Mais si la médecine réserve des surprise, c'est bien souvent à cause, ou grâce la psychologie. Les deux étaient liés profondément. Anna avait failli se lancer dans des études de psychiatre, mais elle était bien trop passionnée par le comportement humain, pour laisser de la place à son anatomie. Elle avait envie de faire ses preuves, comme le disait le co-directeur. Et de surpasser ses professeurs ! Mais cela, la jeune femme savait pertinemment qu'elle y parviendrait, un jour. Elle travaillait ardemment pour cela.
La question un peu indiscrète de la psychologue rassura cette dernière lorsqu'elle s'aperçu que la réaction d'Alexander fut un sourire. Non seulement il ne le prenait pas mal, mais en plus il lui répondait naturellement. Cet homme n'avait donc rien à cacher ? Anna était presque subjuguée par ces paroles. Elle était entièrement d'accord avec l'avis de cet homme ! Non pas pour le suivre, mais parce qu'elle avait déjà forgé ses opinions dessus, c'était les mêmes. Il avait peut-être réalisé les mêmes études qu'elle, et partageait aussi la même passion ? Mais s'il regrettait ce contact privé et intime avec les personnes, pourquoi s'était-il engagé dans le post de co-directeur de l'université de Stanford ? Ce n'était probablement pas pour l'argent, non, Anna se doutait qu'Alexander n'était pas ce type d'homme avare. Cependant, elle n’alla pas jusqu’à lui poser la question, même si l’envie lui brûlait les lèvres. Elle aurait aimé savoir ce qui attirait l’homme dans cette profession de co-directeur, mais une telle demande aurait été purement personnelle. Elle avait déjà pris un risque en lui demandant s’il avait bien fait des études de psychologie, elle se contentera de rester polie en s’arrêtant là.
Son café ayant un peu refroidie, Anna le vida totalement et se tourna vers la poubelle à coté de la machine à café. Laissant tomber le gobelet à l’intérieur, tout en passant un coup de langue sur ses lèvres, elle se retourna à nouveau vers Alexander.

- « Au moins, de telles études servent toujours, quoique l’on fasse. » Ajouta la jeune femme devant la mine légèrement déçue d’Alexander.
Mais s’il pensait réellement ce qu’il disait, pourquoi ne changeait-il pas de métier ? Surtout qu’avec son talent, et il devait posséder un haut diplôme, il pourrait facilement trouver du travail, ou mieux encore, se mettre à son compte. C’était ce que voulait en quelques sortes faire la jeune femme, avant que son père ne lui trouve ce travail. Maintenant, elle n’est plus vraiment tentée de partir, voulant percer les quelques énigmes qui lui titillent l’esprit, à propos d’étranges étudiants. La psychologue posa son regard sur les yeux brun du co-directeur. Ce dernier avait ouvert à demi sa veste, pour en sortir un paquet de ricola, qui contenait des bonbons frais et fruités. Apparemment, ceux-là étaient aux fruits rouges.

- « Non merci. » Refusa poliment la jeune femme. Elle n’appréciait pas manger quoique ce soit juste après du lait ou du café. Surtout que ce dernier risquait de déformer le goût du bonbon, jusqu’à le rendre mauvais pour les papilles d’Anna. Elle esquissa cependant un petit sourire, afin de marquer la gentillesse de son supérieur. Elle était plutôt à l’aise avec lui, bien qu’elle n’ait pas l’habitude d’être mal à l’aise avec les gens. Alexander était intimidant, de par sa façon de trop bien cacher ses secrets, ou bien d’être 100% naturel. C’était un comportement plutôt fascinant, et la jeune femme préférait de loin rester optimiste, et croire qu’il n’avait rien d’important à cacher. Quelques secondes plus tard, le co-directeur ramenait le sujet sur le travail de la jeune femme. Enfin il accentua plutôt sur l’entraide qui s’exerçait dans cette université. Cette fois, la générosité de cet homme parut louche à la psychologue. De là à proposer son aide à ses employés, n’était-ce pas là un peu exagéré ? Cependant, elle se souvint qu’il lui avait avoué regretter les contacts avec les clients. Peut-être alors espérait-il en retrouver en aidant la jeune femme ? Mais Anna ne pouvait pas se le permettre, elle ne pouvait parler de ses ‘clients’ étudiants à personne, grâce au secret professionnel. Même à son supérieur.

- « Merci pour votre sympathie, monsieur. Pour être franche, je serais tout à fait ravie de faire appel à vous, si besoin, mais le genre de problème dont vous me parlez ne peut dépasser la porte de mon cabinet. »

La psychologue afficha un sourire aimable et un peu triste. Évidemment qu’elle aurait fait appel à son supérieur au moindre problème, si elle avait pu ! D’autant plus qu’il devait avoir une montagne de connaissance dans son domaine, et une expérience beaucoup plus poussée. Anna aurait été ravie de recevoir de l’aide d’Alexander, et d’admirer ses méthodes. Mais elle était aussi à cheval sur ses règles. Et les règles, c’est les règles.

- « Si je peux me permettre, monsieur Mankind, pouvez-vous me parler de vos études ? Si vous avez un peu de temps devant vous, et l’envie, bien entendu. »

- « Merci monsieur Mankind. » Répondit la jeune femme, bien que cette dernière soit persuadée que tout autre psychologue agirait de la même façon qu’elle en ce qui concernait le secret professionnel. C’était bien trop important pour violer cette règle, il n’en allait pas seulement de la justice, mais aussi de la perte de confiance des gens ! Ce qui titillait en revanche l’esprit de la psychologue, c’était pourquoi son supérieur cherchait-il à savoir ? Peut-être était-ce pour la tester, afin de vérifier que les secrets des étudiants étaient bien en sécurité ? Ce devait probablement être pour cela, car la jeune femme n’avait pas d’autres hypothèses en tête. Lorsqu’elle voulut changer de sujet, et qu’elle lui demanda de lui parler de ses études, le co-directeur lui fit remarquer que sa phrase était mal formulée. Anna s’en rendit compte à ce moment, mais elle n’eut pas le temps de s’excuser car Alexander avait déjà commencé le récit de sa vie. La petite blonde (petite par la taille) s’appuya sur le mur pour se mettre plus à l’aise, en se tenant toujours aussi droite. Effectivement, elle avait déjà entendu parler d’Havard. La jeune femme avait failli aller à cette université, mais elle hésitait à ce moment avec une autre renommée, qui se trouvait beaucoup moins loin. Elle connaissait la réputation d’Havard, mais lorsqu’elle était plus jeune, la jeune femme ne voulait pas partir aussi loin, seule, et surtout entreprendre un voyage en avion. Même si son père ne disait ou montrait rien, il ne devait pas être chaud non plus. Ayant perdu sa femme à cause d’un accident d’avion, il n’aurait pas été rassuré de voir Anna prendre un de ces bolides aussi. Lorsqu’Alexander parla des réflexes humains, la jeune femme redoubla d’attention. Elle fixa avec plus d’intensité les yeux de son supérieur, réfléchissant en même temps à tout ce qu’il disait. Les réflexes n’étaient pas sa spécialité, mais sa spécialité n’était éloignée pour autant. La jeune femme se consacrait beaucoup plus aux études (car elle étudiait encore à l’aide de livres instructifs sur la psychologie) concernant les comportements, et les troubles que les personnes pouvaient avoir suite à un choc, une nouvelle manière de penser…
Alors c’était tous ces petits détails, notamment les réflexes humains, qui avaient motivés son supérieur à se lancer dans des études de psychologie ? Anna se promit qu’en rentrant, elle irait s’acheter quelque chose parlant des réflexes, afin qu’elle se renseigne mieux. Elle avait des connaissances grâce à ses études, bien évidemment, mais il n’y avait rien de mieux que de compléter toutes ses lacunes par du travail personnel. Pour la psychologue, elle n’avait pas fini d’apprendre, et n’aura jamais fini tant les mœurs et les comportements changeaient au fil des générations.
- « Je vois.. » Lâcha-t-elle en réfléchissant toujours.

Elle observa l’homme se tourner vers la machine à café, et se commander un thé glacé. Il le but d’une traite (ce qui surprit la jeune femme, parce que boire quelque chose de froid d’un coup, ça devait faire mal aux dents et à la gorge).
- « Je vous en prie, vous n’avez pas à vous excuser. » Répondit Anna d’une manière naturelle.
Son supérieur reprit ensuite son discours sur ses études, obtenant à nouveau toute l’attention de la psychologue. Elle esquissa un petit sourire complice sur lorsqu’il parla des professeurs des universités. Étrangement, elle avait les mêmes cas là où elle avait étudié ! Malgré leur âge, et parfois leur manque d’autorité, ils possédaient néanmoins un savoir immense, et la jeune femme les aurait plutôt comparé à des puits de connaissance qui se faisait un plaisir de délivrer de son eau à tout élève ayant soif. Elle-même, avait très soif.
Par la suite, la jeune femme appris qu’Alexander avait fait cinq années d’études, pour finalement décrocher un doctorat. C’était un diplôme plus évolué que celui de la jeune femme, puisque cette dernière avait un master en psychologie, suite à trois ans d’études. Mais Anna était parti du fait que plus l’on commençait à travailler tôt, mieux l’on se débrouillerait. Car là où l’on apprenait sur le mieux, c’était sur le terrain. Elle connaissait, de plus, bon nombre de psychologue réputés, et tous n’avaient pas décrochés un doctorat.
- « Auriez-vous un exemplaire de cette thèse ? » Demanda-t-elle en espérant pouvoir la lire, un jour. Pour elle, Alexander était un de ces puits de connaissance, et il avait lui-même expliqué qu’il prenait plaisir à divulguer son savoir à d’autres.

- « En ce qui me concerne, je me suis arrêtée au master. Je suis partie du principe que l’on apprenait davantage sur le terrain, qu’à l’école. » Avoua la petite blonde en continuant de regarder Alexander. Elle n’avait pas grand-chose à dire, car l’université dans laquelle elle avait étudié n’était renommée que dans la région, et elle n’allait pas déballer toute sa petite vie, ses études étaient plus courtes que celles d’Alexander.