Ordre du jour: entretien d'embauche [PV Dorian Feguson, dans le bureau du maire]

Ce matin, Teiva s'était levé tôt. Il avait pris sa planche, puis était parti titiller les vagues. A cette heure-ci, il était certain de ne trouver aucun touriste, et qui plus est, quand la saison se termine petit à petit! L'eau était plutôt fraîche, les courants assez forts, mais le fond de l'air très bon. Il s'était écorché l'épaule contre un rocher durant une chute, mais rien de bien méchant. Un peu d'alcool et c'était bon!
Ensuite, il était rentré à l'appartement. Sur le chemin, il avait regardé la façade de l'habitation d'Helena. Il n'avait pas de ses nouvelles ces temps-ci. Il devait en déduire qu'elle bossait dur, et lui, ne voulait pas la déranger du fait qu'elle cumule ces deux boulots! Bref, serviette autour du cou, tongues pleines de sable, planche sous le bras, il avait continué sa route. Puis, il déposa la précieuse dans le salon, sur le système qu'il avait conçu pour que toutes les cochonneries ne salissent pas la maison. Homme, oui. Maniaque, certainement.
Après une bonne douche à la noix de coco, un bon petit déjeuné rempli de vitamines, il fallait passer au choix des vêtements... Pas une mince affaire totu ça... Il se dit: si je mets un costard, Monsieur le Maire va croire que je serais toujours habillé comme ça... Or, ce n'est pas pratique dans des interventions... C'était comme au FBI quoi! On ne peut pas interpeller des mecs avec un beau 31, et une cravate! Il n'y a que dans les films qu'il y a ce genre de trucs! Bref, il sortit quand même une tenue habillée (ne pas chercher de logique là-dedans!). Une tenue plus décontractée? Polo, jean, comme pour le travail avant? Oui, pourquoi pas... Ca donne à réfléchir! Une chemise avec un jean... Bon, on va aussi voir... Tout était sorti, sauf les bermudas puisque pour un entretien d'embauche, ça ne le fait pas trop! Les trois tenues étaient allignées sur le lit: 31, décontract', semi-classique. Qu'est-ce que l'on prend?... Procédons par élimination en voyant le côté présentable et respectable. Semi-classique, ça ressemble à un mec qui s'est habillé classe mais qui ne pousse pas trop la chose... Décontract', Monsieur Feguson va croire que je rentre dans son bureau habillé comme pour faire mes courses... 31, c'est ce qui va sans doute le plus de soi! Donc, Non, Non, Oui. Costard basique, noir. Chemise rouge et cravate à motifs blancs. Ca allait !
Il prit donc la route pour la mairie. Il s'installa au volant de sa Jeep Wrangler et partit en direction de Warekauri, la mairie. Il gara sa voiture sur le parking. Il descendit, enleva ses lunettes de soleil en même temps et les rangea dans la poche intérieur de sa veste; puis, se passa deux coups brefs sur son pantalon histoire d'enlever les saletés. Il se regarda dans le rétroviseur, ajusta sa cravate et se donna deux petites claques aux joues pour se motiver!
Il rentra, se présenta à l'accueil. Aujourd'hui, ce n'était pas Helena derrière le comptoir... Il ne connaissait pas cette femme qui était à sa place. Bref, elle lui désigna le fauteuil et lui dit que, Monsieur le Maire ne va pas tarder à s'occuper de vous Monsieur Galino. Bon, son nom c'était Holigahino, mais Teiva ne voulait pas l'embêter plus que cela... Ce n'était pas la première à se tromper après tout ! Il s'assit et à peine ses fesses posées sur le fauteuil en cuir, la porte du bureau s'ouvrit. Il se leva promptement, se passa un rapide coup sur son 31, puis s'avança.

Spoiler:

Il ne dit rien. Ils étaient maintenant face à face.

«  Bonjour mon cher? Comment allez vous? »

Il était assit dans son bureau à regarder l'immensité de sa ville, un cornet de téléphone collé à l'oreille depuis ce matin, monsieur le maire réglait quelques affaires privées par voie rapide, il avait peu de temps devant lui, son anniversaire approchait à grand pas et l'organisation y allait bon train, tout devait être parfait. Mais cette fois, le coup de téléphone n'était en rien une affaire d'anniversaire, cette semaine avait été rythmée par une série d'invitations envoyées par la poste ou formulée par téléphone, non, cette fois, il s'agissait d'un vieil ami qui prenait de ses nouvelles, une chose qui parfois réconfortait le vieil homme dans sa lourde tâche administrative.
Le maire l'écoutait attentivement, rien n'avait changé depuis le temps, il était toujours aussi intarissable, il racontait tout et rien, sa vie loin de Chatam laissait rêveur, comme si il y avait plus paradisiaque que cette île sur laquelle il régnait en maître absolu, un rictus s'affichait alors sur ses lèvres à cette pensée, il s'imaginait ailleurs qu'à Chatam. Cependant, ses ambitions le faisait redescendre sur terre, son seul chez lui s'était son île et rien ni personne ne pourrait le faire changer d'avis.

Les élections furent le second sujet de conversation, l'homme vint à lui demander si oui ou non il avait l'intention de se représenter une troisième fois. Dorian ne pu que rester silencieux, affichant un sourire espiègle que seul lui pouvait voir, cette question éveillait en lui une excitation d'enfant. Tous étaient pendu à ses lèvres lorsqu'ils osaient lui demander ceci, comme si l'avenir de Chatam dépendait d'un oui salvateur venant de sa bouche...Mais au final, était-il prêt à le prononcer? Il restait un instant silencieux, prêt à lui répondre ce qu'il attendait – ou non- mais c'est alors que la sonnette d'appel venant de l'extérieur vint à retentir, ni une ni deux il se jeta sur l'occasion pour garder le suspense. «  Me permets-tu? » Demanda-t-il alors «  Le devoir m'appelle, et fais moi confiance, tu entendras très bientôt parler de moi, à bientôt mon ami » et lorsque ce dernier l'eu salué, il raccrocha, appuyant sur le bouton de réponse.

« Oui mademoiselle? J'espère que c'est important. » commença-t-il.
«  Ça l'est Monsieur, il s'agit de la nouvelle recrue que mademoiselle Walter souhaite embauchée. »

Il se souvenait alors que sa responsable de sécurité souhaitait avoir de nouveaux effectifs, et après avoir bataillé de longues heures avec la dame de fer, elle avait finalement eut raison de ses arguments et imposés les siens, il avait ainsi accepter le recrutement d'une voir deux recrues supplémentaires dans la sécurité de la mairie. Un long soupir s'en suivit, il connaissait Century est savait qu'elle pouvait aller pécher ses recrues n'importe où, fermant un instant les yeux et prenant son souffle il imaginait déjà le pire... Et il était encore bien long de s'imaginer la réalité.
« Faites le entré » fit-il finalement d'un air dédaigneux, agacé à l'idée d'être dérangé dans son emploi du temps, il avait complètement oublié qu'il devait s'entretenir avec eux aujourd'hui, enfin, avec lui étant donné que Century ne semblait avoir trouvé qu'une chaussure à son pied.
C'est alors qu'il le vit entré, habillé sur son 31, il reconnaissait cet homme qu'il n'avait pourtant plus vu depuis des années, que disait-il? Depuis une bonne dizaine d'année oui, ce même air aventurier qui ne lui revenait nullement, il reconnaissait là un des amis de sa propre fille. Se raclant la gorge de mécontentement, il lui lança un regard en coin, entamant sa tasse de café.

« Vous, ici? » fit-il avec mépris, marquant une pause, hésitant d'abord pensant qu'il s'agissait là d'une blague. Réalisant la réalité de la situation, il désigna le siège en face de lui, ordonnant à l'homme de s'asseoir.
« Century a décidément l'art de recruter la lie de cette ville, monsieur Holigano. Mais soit, je suis apte à écouter vos motivations. »

En rentrant dans le bureau du Maire, Teiva avait été surpris de la magnifique vue que M. Feguson avait sur Chatam! Avec ce chaleureux soleil, c'était tout simplement superbe! Mais avec un joli coucher de soleil, ça devait l'être d'autant plus!

L'attitude du Maire à son égard ne le trompa pas. Il le recevait froidement. Le néo-zélandais se doutait bien qu'il voyait encore en lui le jeune homme d'antan trainant avec sa fille! Seulement, Teiva en était presque sur, Dorian allait être surpris du changement de cet ex-petit filou... Fini les crottes emballées dans un sac que l'on enflamme sur le péron d'une maison. Fini les cailloux lancés sur une vitre en temps d'orage pour faire peur. Fini les vols de bonbons dans le magasin du coin. Fini les batailles de pogs. Fini les concours de Malabars. Fini l'apprentissage à traire les vaches pour Anna. Fini les petits bisous en cachette, même s'ils étaient sur la joue. Fini les conversations entre la fenêtre de chambre d'Anna et Teiva qui lui parlait du jardin! Fini les vacances sur Chatam pour voir papy et mamy. Fini les cours de vélo. Fini. Fini. Fini. Le garçon au sourire malicieux et au regard malin était devenu un homme (enfin, on l'espère!) L'armée l'avait changé, l'amour aussi.
Il se tenait droit, toujours debout puisqu'on ne l'avait pas invité à s'asseoir, les mains derrière le dos, les jambes légèrement séparées, la tête relevée et le regard porté sur le Maire avec légéreté. Il ignora totalement la remarque désobligeante du maire à propos des choix de Century et s'enquit de répondre à la demande qu'il lui avait faite, je voudrais intégrer High Autority, dans le but de servir Chatam... J'aime être dans l'action, protéger, assurer la sécurité... Avoir en main la vie des civils et les actions de l'île est une grande responsabilité. Celle-ci doit s'assurer au minimum par l'usages des armes! Oui, en réalité, Teiva ne voulait pas utiliser les armes à feu. Bien entendu, s'était un moyen de protection et de disuassion, mais moins on s'en servait, mieux s'était. Cela évitait aux habitants de caractériser la sécurité trop virulente, ce qui avait été le cas une fois du côté de Chicago lui semble-t-il...

Pour terminer, il ajouta cette touche personnelle qui lui tenait à coeur, faire partie de cette équipe serait pour moi une concrétisation de ma vie et de mon intégration ici... Ce poste me permettrait de montrer ma reconnaissance et ma loyauté pour l'ile, après tout ce qu'elle m'a apporté! Teiva ne savait pas s'il avait été convaincant. Quoiqu'il en soit, monsieur le Maire restait de marbre, ce devait être une stratégie d'entretien sans doute. Le basané était conscient que face à cet homme, il allait devoir faire ses preuves, raconter son passé, mais il se devait d'être honnête à 100%, coûte que coûte !
Ainsi, toujorus debout, il attendait la réponse du Maire se doutant de la question à venir d'où venez-vous?

Écoutait-il seulement ce qu'il disait? La simple idée de voir cet homme devant lui ne l'enchantait nullement alors après tout, à quoi bon l'écouter vu que sa réponse serait négative? Plus jeune déjà il avait eut le don de l'agacer, lui et sa manière de traîner un peu trop avec sa fille, d'inciter cette dernière à forger le mauvais caractère qu'elle avait désormais. Son comportement n'avait eut de cesse de l'exaspérer depuis toujours. Et il voulait intégrer les autorités? Quelle blague!
Oui, quelle blague cela aurait été si Century n'avait pas agit en sa faveur.
Car si il y avait bien une chose que Century était capable de faire mieux que personne s'était défendre ces idéaux, et c'est ainsi qu'une main de fer elle était venu réclamer des effectifs supplémentaires dans son équipe...Des effectifs étaient en réalité singulier et se tenait devant lui au moment même.

D'une oreille cependant, le maire tenta d'écouter cette voix qui l'agaçait déjà, ce discours de motivation qui le rendait presque ridicule et une once de fierté s'épris de lui à voir cet homme lui exposer les nombreuses raisons pour lesquelles il se présentait. Son avenir, il le tenait désormais entre ses mains et toujours il avait aspirer à faire une frousse bleu à ce fauteur de trouble. La coude sur le bureau, il appuyait sa tête sur sa main comme si ce qu'il entendait l'ennuyait profondément et qu'il ne se gênait pas pour lui en faire part, cependant, le discours personnel de ce dernier attira son attention. Pour remercier l'île de ce qu'elle avait bien pu lui apporter? Mais que lui avait-elle apporté au juste? A part bien sur d'innombrable fous rire face aux multitudes de farces qu'il avait pu faire au maire.

«  Une vie? Vous avez une vie vous? » fit-il sur un ton moqueur, il savait que désormais il avait le droit de lui rire au nez sans que l'homme ne risque quoique ce soit, enfin, si il tenait à son futur job naturellement, dans le cas contraire il serait rapidement envoyé de là où il venait et cela n'aurait pu que satisfaire le maire. Qu'importe il se devait de poser les questions de routine à son futur membre de la sécurité même si la relation privilégié qu'il a avec sa fille lui avait permis d'en savoir davantage.

« D'où venez vous? » Commença-t-il alors d'une voix monocorde. «  Après tout, je ne sais rien de votre parcours, qu'est-ce qui me fait croire que vous êtes un homme de confiance, Holigahino? » lança-t-il avec dédains, c'était sa manière à lui de lui dire qu'il devrait le supplier tant bien que mal pour obtenir son poste. «  Quelles études avez vous fait et quels autres emplois avez vous exercés si emploi il y a eut. Je n'ai aucune informations vous concernant, et vous savez certainement que suite à ce qui s'est passé ces derniers mois, nous nous devons – à la mairie- d'être un tant soit peut vigilants quant à nos choix d'employé. » marquant une pause, il lança un regard sombre à l'homme en face de lui, notant un rictus amusé, puis enfin, se laissa aller dans son fauteuil de bureau, attendant les réponses que celui-ci allait lui fournir.

« Je vous écoute attentivement, profitez-en, cela risque de ne pas durer. »

Le ton que le maire employait agaçait le néo-zélandais... Monsieur Feguson savait qu'il détenait la supériorité et usait de ce pouvoir pour lui parler de la sorte, d'un ton moqueur et sarcastique... La meilleure des choses à faire était d'ignorer totu ceci, ne devant pas s'emporter pour être sur de pouvoir avoir le boulot. A cette remarque déplacée : "Une vie? Vous avez une vie vous?", Teiva resta évasif et sans trop d'arrogance, quelque soit l'endroit d'où l'on vient et la personne que nous sommes, oui, comme tout le monde, j'ai une vie. Il eut un sourire à peine perceptible, qui siginfiait qu'il n'allait pas forcément accepter tout ce que son interlocuteur allait bien pouvoir lui balancer et en même temps, cela montrait que ses paroles ne pouvaient en aucun cas être compromettantes!

L'ex-militaire était toujours debout, le maître de ces lieux ne l'avait toujours pas invité à s'asseoir. Il avait les mains croisées derrière le dos, il se tenait droit, respect oblige. Ainsi, il allait l'écouter attentivement raconter sa vie, son passé professionnel?! Il se jouait du demandeur de poste, ignorant totalement la baffe qu'il allait se prendre en pleine figure par l'expérience militaire du jeune homme! Teiva riait intérieurement alors que Dorian, lui, ne se gênait pas pour extérioser sa moquerie! A l'age de seize ans je me suis engagé dans l'armée... J'ai exercé pendant trois ans et pendant cette durée de service, j'ai également pu partir dans plus d'une dizaine de destinations différentes du globe terrestre pour assurer la sécurité des populations, ou pour d'autres missions. J'ai enfin terminé ma carrière en tant que Colonel dans l'armée de terre de l'US Army.

Il s'arrêta un instant, cherchant les mots à venir. Partie un peu plus délicate par rapport au souvenir d'Emily... Pour mieux se concentrer et être sur de ne pas flancher, il saisit un peu plus fortement sa main gauche, toujours derrière le dos. Il renchérit, après cette expérience au sein de l'armée, j'ai intégré les services du FBI basés à Washington. Par rapport à mon jeune âge, j'ai été obligé de passer plus de tests que les autres candidats mais, l'essentiel et que j'ai eu l'opportunité d'être accepté. Je suis resté durant cinq voire six années là-bas... Toutes ces années m'ont été très formatrices et intensives. J'ai hélas mis un terme à ma carrière à la suite d'un incident où mon équipier a succombé et où j'ai failli perdre la vie également... Teiva était sincère, ne cachait rien au père d'Anna face lui. Le basané se disait intérieurement: c'est mental, c'est mental. Ne laisse pas les émotions prendre le dessus. C'est mental.

En effet, les émotions ne prirent pas le dessus. Ainsi, il put continuer, me voici désormais sur Chatam. Après avoir m'être remis les idées en place, je veux assurer la sécurité ici... Voilà, il en avait fini, que ça plaise ou non à Monsieur Feguson! Il avait répondu aux questions qu'il lui avait posées, espérant que cela suffirait pour pouvoir intégrer High Autority