Une rencontre de plus dira-t-on [Katy] - Terminé

[Pardon, c'est médiocre, j'me rattrape au prochain]

Il était sans doute dans son meilleur élément: La foule, le faste et la nuit. Tel un poisson dans son bocal il n'avait cessé de s'arrêter pour serrer la main à des connaissances plus ou moins proches ou lointaines, un sourire, un bonsoir, une boutade où il fallait absolument rire, des hommes en costume cravate qui venait lui présenter d'autres contacts qui élargissaient alors son carnet d'adresse, bref, ce soir ça parlait affaire et rien d'autre. Le maire étant déjà assaillit beaucoup se jetait sur lui comme par dernière chance d'avoir au moins un contact avec une des deux plus importantes personnes de l'île. Qu'importe, il avait l'habitude, à peine avait-il posé un pied dans le périmètre du gala que ce rituel avait commencé, comme à chaque fois depuis trois ans, date à laquelle il avait atteint le grade de maire adjoint.

La nuit semblait tout aussi radieuse que la journée qui l'avait précédé, dehors, dans les jardins il pouvait apprécié la voûte étoilée qui se dressait au-dessus d'eux, oui visiblement tout ce passait merveilleusement bien, un gala digne de ce nom qui pouvait encore montrer une fois de plus ce que l'alliance entre Stanford et la mairie pouvait fournir de beauté, de faste et de luxe. Il fut alors sortit de ses pensés par un serveur qui lui présenta un plateau de flûtes de champagne, le meilleur champagne de l'île était offert au invité pour une occasion pareil, et prenant l'une d'entre elle du bout des doigts, il remercia le serveur d'un signe de tête, profitant de l'accalmie sociale dont il bénéficiait en ce moment et qu'il savait de courte durée.
Il n'avait pas encore croisé de personnes intéressantes, du moins, intéressantes pour lui, Lorenzo n'arriverait sans doute que plus tard dans la soirée, trop occupé avec un casino qui allait sans doute ressentir l'effet du gala par une fréquentation amoindrie. Qu'importe, il l'entendrait bientôt expliquer ses prévisions boursière et il préférait que cela soit le plus tard possible.

La silhouette d'une femme s'avançait alors vers lui, un rictus aux lèvres il se tourna vers elle, ses cheveux aussi noirs que la nuit lui permettait de la reconnaître facilement, une classe qu'il avait rarement vu chez une dame il devait bien l'admettre. Il tendit sa main pour la saluer comme à l'accoutumer, hésitant entre le baise main traditionnel dans la haute noblesse ou la simple poignée de main fréquente chez les gens d'affaires qu'ils étaient.
« Mademoiselle Youngblood nous fait également l'honneur de sa visite. » fit-il alors, regardant sa nouvelle interlocutrice droit dans les yeux. Youngblood était une employée de Hope, mais il n'était même plus capable de dire ce qu'elle faisait concrètement, si il s'estimait déjà fier de retenir tout les noms de ses contacts il n'allait pas non plus commencer à mémoriser leur métier. Du moins pas pour l'instant.
« Vous aussi vous chercher un peu de quiétude dans les jardins? » lui avait-il alors demandé, car il était clair qu'avec une salle de réception aussi remplie les jardins recevaient l'afflux supplémentaires de gens qui se rendaient au gala. C'était également en plein air qu'avait été situé l'espace de danse étant donné que la salle, si grande soit-elle, n'était pas suffisamment grande pour ce genre de chose au vu du monde qui l'occupait.

« Comment aller vous? Je vois que Stanford a également mis les petits plats dans les grands ce soir, vraiment du très bon boulot. » il prit une gorgée de son verre de champagne, lançant un regard autour de lui, oui, c'était vraiment du très bon boulot.

[Je trouve pas que c’est médiocre, je préfère un post plus court où tous les mots sont utiles et pesé, plutôt qu’un post où la moitié des mots ne servent à rien ^^]

Katy croisa son reflet à travers une grande vitre qui grâce à la luminosité de la pièce, réussit à lui renvoyer son image. Elle avait au moins passé deux heures à se préparer pour ce gala. Elle avait revêtit sa robe de soirée : une longue robe bleu sombre, bleu roi qui mettait en avant ses yeux et qui cachait une autre réalité : le bleu, la couleur des rois de France, très connu pour cela et qui faisait transparaitre l’ambition de Katy. Être reine ? Bien sûr qu’elle aurait aimé mais elle ne voulait pas se raconter des histoires : maintenir en ordre un pays était difficile et bien qu’elle n’osait se l’avouer, elle n’aurait pas supporté la pression. Elle se regarda dans le miroir le plus proche, mais pourquoi tout ce temps pour se préparer ? Certes elle n’était pas là pour représenter Hope mais il fallait tout de même paraitre à son avantage pour la société. De plus, une femme comme elle ne pouvait pas paraitre en public en étant totalement négligée, c’était une question d’honneur. Elle sourit à son reflet.

La nuit était encore jeune, le ciel commençait à voir ses premières étoiles apparaitre. Le climat de l’île était alors clément, et Katy put apprécié la légère brise quand elle réussit à s’échapper d’un groupe où un homme avait tenu un discours soporifique. Cependant son repos fut court, elle dut parler avec deux jeunes filles, des filles de riches, des filles à papa, sans autre ambition que d’avoir toujours le porte monnaie de papa à porté de main. Elle dut faire, alliant sourires et poignets de main, comme si tout cela ne l’ennuyait pas. Tenant le coup grâce à une bonne dose d’alcool, du champagne du meilleur goût, elle continua son petit manège. Cependant il y avait quelque chose qu’elle ne comprenait pas : tout le monde n’était pas comme elle, aussi ambitieuse et aussi hypocrite ; et heureusement d’ailleurs. Néanmoins les gens dans ce gala s’évertuait à sourire, toujours et pour n’importe quoi, des sourires forcés et c’était sans parler des rires. Cela la fit sourire et elle décida de partir plus loin, sur un coup de tête et surtout en voyant un regard se poser sur elle : une personne âgée lui souriait et elle ne doutait pas qu’il allait venir lui parler.

Une autre circonstance renforça son idée qu’elle avait fait le bon choix de changer de place. Elle aperçut, entouré d’invités en costume, l’adjoint du maire lui aussi en costume, tout le monde étant habillé en pingouin en cette nuit. Elle se mit à sourire : au moins, elle allait pouvoir mener une conversation intéressante dans toute cette soirée. Sans plus d’hésitations, elle s’avança vers lui et le « sourire » qu’elle vit apparaitre sur son visage lui fit dire qu’il l’avait reconnu. Elle le lui rendit et quand il tendit la main et lui la serra.

Il y avait quelque chose de mystérieux chez lui et dans l’esprit égocentrique de Katy, il n’y avait qu’elle qui avait le droit d’user du mystère. De plus, son don de médium ne marchait pas vraiment avec lui, elle ne savait pas pourquoi et cet obstacle l’énervait en renforçant de même sa volonté. Elle ne ressentait rien et surtout n’entendait rien le concernant. Parce que mi à part lui, elle entendait des potins que seul les esprits pouvaient connaitre sur tous les invités présents. Mais peu importe tout cela, elle aimait parler avec lui, tout simplement parce que leurs petits « combats » l’amusaient ; et elle voulait savoir pourquoi son don n’avait aucune emprise.

A l’annonce de son nom, elle sortit de ses réflexions et lui sourit encore une fois. Cependant elle ne répliqua rien à ce qu’il lui avait dit et qu’elle prit pour un compliment. Elle le laissa parler jusqu’à ce qu’il est fini et qu’il boive un peu de champagne. Elle avait appris à ne pas trop en dire et a laissé parler les gens, refoulant son égo, car c’était là qu’ils en disaient le plus, sans en être réellement conscient.

- Pourquoi me parler d’honneur ? Votre statut…politique ici fait que vous êtes bien plus à l’honneur que je ne puisse l’être. Il suffit de voir la foule de personne qui vous regarde et qui ne rêve que de serrer la main de l’adjoint du maire et qui pourtant n’ose pas. Attention, certains vont croire que vous les fuyez à force de vous terrer dans ces jardins. Mais je vous comprends, c’est beaucoup plus agréable ici, beaucoup plus calme, dit-elle alliant ironie et sérieux.

Elle se tue un instant avant de lui sourire. Elle en avait peut-être un peu fait trop mais à bas les politesses, elle voulait savoir qu’est ce qui se cachait derrière son caractère. Katy, amatrice de psychologie ? A force d’être à Hope, bien sûr !

- Et donc comment allez vous ? Ce gala est en effet magnifique, vous semblez y être habitué mais je ne crois pas être habituée à ce genre de fête pour la même raison que les vôtres, essaya-t-elle de changer de sujet.

Elle laissa ensuite cette phrase en suspend, trempant ses lèvres dans son verre de champagne. Tandis que d'autres personnes passaient pour leur serrer les mains.

Il trouvait généralement le personnel de Stanford médiocre, mais elle était parmi ceux qu'il considérait légèrement plus que la moyenne, d'une grâce sans précédent elle avait le charisme d'une politicienne et le flegme suffisant pour percer dans l'entreprise où elle travaillait. Un verre en main il avait saluer la demoiselle comme il se devait, avec le plus grand des respects. Car après tout ils étaient collègues et même si ils leur arrivaient souvent de s'amuser de quelques joutes verbales, cela les amusaient. Katy avait toujours été du genre sarcastique, aussi il n'hésitait pas à en user avec elle tout autant qu'elle le faisait.

Pourquoi lui parler d'honneur? Car bien sur l'honneur était une des bases de la société dans laquelle ils avaient tout deux décidés de vivre, et voilà que la demoiselle parti dans une justification longue mais pourtant très vraie de sa situation actuelle, celle où il était observé avec envie par des rapaces prêt à se jeter sur lui pour différentes raisons, les premières étant bien sur les affaires et l'argent, d'autres moins méritante consistaient à le piéger pour le faire couler, chose qui jusqu'alors n'était jamais arrivé. Il savait qu'en face de lui se trouvait un lame à double tranchant, une femme qui derrière sa modestie presque fausse pouvait cacher sa pire fourberie, elle pouvait être un piège à elle toute seule. Mais au fond, Adrian avait appris à considérer la majorité de ses connaissances ainsi. Fronçant les sourcils il considéra la dame avec étonnement avant de lui lancer cette simple phrase.

« A vous entendre, je vous penserais presque jalouse. » fit-il, et aussitôt il prit une gorgée dans la flûte de champagne encore fraîche qu'il avait cueilli en arrivant vers mademoiselle Youngblood. Il reprit finalement. «  Fuir? Allons, tout homme occupé à le droit à ses pauses, j'imagine que vous faites pareil dans votre métier lorsqu'il vous arrive de saturer. Rappelez moi donc ce que vous faites à Stanford Miss Youngblood? » Il fallait lancer un sujet de discussion et il ne se souvenait plus de ce que faisait son interlocutrice aux cheveux sombres, alors pourquoi ne pas associer les deux?
Finalement, la discussion revenait aux courtoisies, comment allait-il? Bien, très bien même, comment pouvait-il allait mieux? Le gala était jusqu'alors une réussite, le champagne était somptueux et la musique tout autant, il était de bonne humeur et ne pu que répondre en souriant.
« Ma foi, fort bien, rien ne vaut ce genre de festivité après une longue semaine, bien qu'elle fatigue encore plus, c'est une fatigue différente. Et vous? Cela fait longtemps que je ne vous avais plus croisée, que devenez vous? » marquant une pause il reprit, «  c'est vrai que nous avons une façon toute différente de voir ce gala et de l'apprécier, mais je pense qu'au fond le sentiment de satisfaction doit être le même. »
La brise fraiche de l'extérieur venait alors renouvelé l'air moite de la salle de réception et de ses à côtés, la chaleur humaine était belle et bien là vu le nombre d'invités qui affluaient désormais dans l'université et il n'était nullement déçu d'avoir un peu de fraîcheur.
« J'ai entendu dire que vous discutiez beaucoup avec le Directeur adjoint de Stanford, comment se porte-t-il? Lui et mademoiselle Coulter, je ne les ai pas encore croisé aujourd'hui. Sans doute doivent-ils être occupés. »

Katy aimait vraiment le pousser dans ses retranchements, le pousser à aller d’un discours banal à quelque chose de plus réfléchit. Et il ne l’avait encore jamais déçu. Il n’avait jamais abandonné son charisme et ses paroles toujours réfléchies mais qui paraissaient spontanées et sincères. Aujourd’hui encore elle admirait Adrian pour ce qu’il représentait : une réussite. C’était dommage qu’elle ne le voyait pas en tant qu’homme mais elle n’y pouvait rien, elle était comme ça : toujours à concevoir l’autre comme un apport d’intérêt. Un seul homme avait attiré son attention mais elle ne préférait pas trop y penser, Malika devait déjà roder autour de lui comme un vautour.

La phrase comportant le mot jalousie la fit sortir brusquement de sa rêverie. Elle tourna, surprise, ses yeux grands ouverts, avant de rapidement se recomposer un visage sous self-control. Elle détestait qu’on la croit jalouse, passait-elle pour une envieuse ? Elle était ambitieuse, admirative devant les gens qui avaient réussit - parfois mieux qu’elle, mais jalouse !? De plus, Katy alliait plus facilement la jalousie avec l’amour et non avec des choses ou quelque chose comme la réussite ; bien qu’elle plaça cette dernière avant ses sentiments. Sa carrière pouvait trop souffrir de son tempérament passionné et fonceur, il fallait qu’elle soit professionnelle, cette qualité qu’Alexander semblait apprécier chez Malika.

Alors qu’elle continuait à l’écouter, il prononça un mot qui une fois encore la surpris : des pauses. Elle eut soudain l’impression de parler à un homme qui avait toujours vécut dans le luxe et la réussite et tout cela sans effort. Mais elle comprenait, il avait eu de la chance dans sa vie, il n’était pas le seul et même si cela avait été dur, elle avait été heureuse. Elle repensa à sa mère qu’elle n’avait pas vu depuis très…trop longtemps. Depuis quand n’avait-elle pas été vraiment elle ? Elle se souvenait vaguement d’elle souriant, sans stress, un sourire sincère pas forcé.

- Je ne pense pas être jalouse mais admirative oui. Votre carrière laisse rêveuse mais nos motivations ne sont pas les mêmes. Pour vous, c’est de la jalousie, pour moi, c’est autre chose, dit-elle conscience de lui faire un compliment mais seulement professionnel, tout en laissant à suspend sa phrase.

Elle marqua une pause pendant laquelle elle en profita pour passer sa main libre dans ses cheveux afin de repousser les mèches qui étaient tombées devant ses yeux puis elle reprit le sourire aux lèvres.

- Ce que je fais ? C’est un peu compliqué. Disons que j’aide le directeur adjoint mais j’ai la chance d’être assez polyvalente. Une sorte de secrétaire…je pense que je suis cela.

Katy ne préférait pas trop s’entendre sur cette question. Très peu de gens savaient qu’elle était médium et elle ne voulait pas que des rumeurs se répandent, surtout si elles pouvaient nuire à Hope. Elle espéra que Adrian resterait sur des discussions banales et elle essaya de faire une longue réponse quand il lui demanda comment elle allait :

- Je vais bien, merci. Cependant la fatigue se fait en effet sentir. Il semble que nous ayons eu chacun une longue semaine, ce gala est une bouffée d’air frais.

C’était beaucoup dire car pour Katy, la semaine avait été d’une tranquillité digne d’un long ruisseau mais elle appréciait le gala, elle ne pouvait pas le nier mais ce n’était pas la situation qu’elle préférait.

- Et voyons ! Que voulez vous que je sois devenue, ma vie n’est pas vraiment d’une variété folle. Rien de nouveau sous le soleil, dit-elle en souriant.

Mais ce sourire disparut rapidement, pourquoi lui parlait-il d’Alexander ? Qu’est ce que cela pouvait faire qu’il soit avec mademoiselle Coulter ? Et voilà que Katy qui jurait ne pas être jalouse le devenait en l’espace de cinq minutes. De plus, elle n’avait rien contre cette femme, elle l’avait vu plusieurs fois sans pour autant lui parler et elle devait dire qu’elle avait été impressionnée. Il y avait eu un « je ne sais quoi » qui lui avait aussitôt incité le respect, peut-être son statut aussi puissant que celui d’Alexander. Pour répondre à Adrian, elle se fabriqua de toutes pièces un visage n’éprouvant rien, feignant l’indifférence :

- Je ne sais pas. Comment pourrais-je le savoir alors que je suis avec vous ? Mais habituellement il n’est pas le genre d’homme qui peut facilement aller mal ou sinon il ne laisse rien voir. Quant à mademoiselle Coulter, cela va peut-être vous paraitre assez étrange mais je ne lui ai jamais vraiment parlé. Elle n’est pas une femme que l’on approche facilement mais peut-être le savez vous plus que moi…, ironisa-t-elle.

Il lui avait toujours semblé qu’Adrian était un coureur de jupon, enfin pas vraiment, car il n’avait surement pas à courir après les femmes, elles devaient venir à lui. Mais peut-être se trompait-elle ? Son don de médium ne marchant pas sur lui, elle ne pouvait absolument rien savoir à propos de lui et il ne laissait aucune preuve trainer. Malheureusement pour elle. Elle s’approcha de lui, espérant éloigner le sujet sur Alexander et plus largement sur Hope, - quelle idée de faire un gala ici ! Ils voulaient se faire coincer ? – et fit tinter sa coupe de champagne à la sienne.

- A une bonne soirée.

Admirative? Il suffisait de peu pour faire sourire Adrian, un sourire fier qui plus est face aux aveux de sa condisciple qui semblait fort aimable en ce soir de gala, il aimait particulièrement entendre les gens être admiratifs face à son parcours politique, au fond, si jeune et déjà dans la politique, si hautement placé de surcroît, qui pouvait en vanter autant sur l'île? Trente-cinq ans et déjà au côté de l'homme le plus puissant de l'île, un rêve devenu réalité il fallait bien l'admettre. Comme simple réponse aux affirmations de Katy il haussa la tête avec gratitude avant de prendre une gorgée de son verre de champagne, puis, il lui sourit, le sourire aimable et chaleureux qu'il avait tant l'habitude de faire désormais.
« Et puis-je savoir quelles sont vos motivations déjà? » sans doute lui avait-elle déjà dis, mais à force de penser on oublie, les choses peut importantes partaient ainsi rapidement en fumée dans la mémoire d'Adrian. Ses motivations à lui? La reconnaissance, le pouvoir, l'argent bien sur, qui pourrait refuser de tels privilèges? La notoriété était une chose sacré, un diamant qu'il fallait acquérir, mérité, et lui visiblement avait tout ce qui fallait pour le tenir entre ses mains et en jouir.

Elle fini enfin par lui expliquer ce qu'elle faisait, son rôle lui rappelait celui de Cassy, sa secrétaire personnelle en qui il avait une grande confiance, pour un bref instant, Adrian pu se comparer à Alexander, un homme qu'il n'avait pourtant presque jamais vu. Qu'importe, c'était un boulot qui avait son mérite et il le lui fit remarqué.
« Vous devez souvent être surchargée, j'espère qu'il vous complimente et vous paye comme il se doit. » il y avait une pointe de plaisanterie dans ses propos, mais alors juste une pointe. Il fit danser son verre entre ses doigts, sans doute pour passer le temps, observant les gens autour d'eux, il ne pouvait entendre que des bribes de conversations sans importances.

« Je suis tout à fait d'accord avec vous. » fit-il lorsqu'elle considéra le gala comme une bouffé d'air frais. «  Travailler dans l'administration n'est pas chose facile, que l'on soit à la Mairie ou à Stanford tout semble toujours soit trop routinier soit trop inhabituel. Il faut savoir gérer et prendre des risques. » Face à ça question sur Alexander et mademoiselle Coulter, Katy semblait indifférente, lui répondant simplement qu'elle n'avait aucune idée d'où ils pouvaient être. Après tout, ce n'était que par curiosité qu'il avait posé cette question. Ce qui le surpris davantage par contre était le fait que Katy affirma n'avoir jamais vraiment parlé à mademoiselle Coulter.

« J'imagine que cette femme doit être trop occupée pour discuter devant une tasse de café » se contenta-t-il de dire. Au fond c'était tout à fait plausible, il ne l'avait rencontré que rarement mais sans cesse elle lui avait donné l'impression d'être une espèce d'armoire à glace qui semblait inflexible lorsqu'ils discutaient affaires. Soit, il était inutile de prolonger le sujet ce soir. Il leva légèrement son verre pour trinquer avec elle.

« Oui, à une inoubliable soirée, comme le fut chaque gala d'ailleurs. Vraiment, Stanford à le mérite d'être un excellent organisateur et d'offrir un cadre merveilleux. »
Puis marquant une pause, il constata la solitude de la dame, était-elle venue seule?
« Vous êtes sans cavalier d'ailleurs? Navré de vous poser cette question, j'ai toujours été d'un naturel curieux »

Katy vit que son compliment avait fait son effet. Celui-ci étant d’éloigner Adrian loin des questions qui concernaient de trop près la vie privée de la jeune femme, mais plus précisément son passé. De plus, il continuait à poser vraiment beaucoup de questions par rapport à son travail. Avait-il découvert quelque chose à propos de Hope ? Non surement pas. Mais son point de vue n’avait pas changé et elle le garderait toujours à l’esprit : elle préférait que des rumeurs sur son don de médium ne bruissent pas autour d’elle, ce qui conduirait obligatoirement à Hope et à Alexander. Cela elle voulait l’éviter le plus possible.

Dans tous les cas, une personne banale aurait trouvé dans la réaction sans surprise d’Adrian une sorte d’égocentrisme et d’orgueil démesuré. Pourtant pour Katy, cela la faisait sourire : elle était comme lui ; et sans voir son propre orgueil, elle ne pouvait pas voir celui d’Adrian. Ils étaient en quelque sorte de la même espèce. Même s’il semblait à Katy qu’elle vivait dans le passé, se forçant à aller de l’avant ; tandis que pour lui, le futur semblait lui tendre les mains et il semblait sans attache.

- Mes motivations ?

Elle eut l’irrésistible envie de lui dire que ça ne le regardait pas. Il fouillait encore trop dans le passé de Katy. Elle ne s’était jamais confié et cela n’allait pas commencer, sauf à une seule personne : Gwen. Elle sourit quand l’image de la jeune femme aux yeux perdus dans le vague apparut dans son esprit.

- Difficile à dire. Je suppose que je vous ai légèrement mentie…

Elle avait appris au cours des années que si l’on disait déjà à une personne qu’on avait mentie, il y avait un truc qui faisait que celle-ci pensait que l’on allait plus mentir. Une sorte de « j’ai déjà menti, j’ai la honte de l’avouer donc je vais pas le refaire ». Cependant ce n’était pas le cas de Katy, le mensonge était un art dont l’utilisation ne la gênait plus le moins du monde.

- Nos motivations ne doivent pas être si étrangères les unes aux autres. Je ne pense pas me tromper sur votre compte en disant que ce que vous voulez ne tient que dans un mot : le pouvoir. Avec tous les suppléments que cela implique dira-t-on, n’est ce pas ? Pour ma part, je suis en effet peu avare de travail, j’aime travailler et la surcharge ne me gêne pas réellement. Et vous d’où vous vient votre si célèbre réussite ?

Très fière d’être arrivée, sans vraiment répondre à la question, a passé de ses motivations à celles d’Adrian, elle lui sourit. Se trompait-elle sur lui ? Peu importe si elle le faisait, elle n’avait pas à lui donner des réponses sur elle. Tout en désamorçant la petite plaisanterie d’Adrian sur le fait d’être bien payé, s’il insinuait qu’Alexander devait la payer en nature, ce n’était malheureusement pas le cas pour elle. Et même si elle avait des sentiments pour cet homme, elle ne se serait pas abaisser à profiter d’une promotion canapé. Elle était bien trop fière. Elle le laissa ensuite parler, renforçant son idée que leur travail était vraiment au centre de leur vies. Elle ne poursuivit aucun des débuts de conversation, ne préférant ne pas intervenir : elle voulait qu’il parle de lui ; et non, le contraire.

Cependant elle prit toute l’ampleur de son erreur quand il lui parla d’un cavalier. Elle lui fit un sourire crispé. D’un naturel curieux ? Lui ? Impossible ! Elle eut envie de rire avec toute l’ironie qu’elle possédait.

- Effectivement…je suis venue seule. Mais je ne vois pas non plus de jolis ongles peinturlurés crochetés à votre veste. Où est donc votre cavalière, vous n’avez pas voulu faire partager ce merveilleux gala ?

Ah le mensonge, ce mot était sans doute un de ceux qu'il utilisait le plus souvent. Qui au fond pouvait prétendre ne jamais avoir mentis de son existence? Le mensonge était un art plus ou moins maitrisé par tout être humain digne de ce nom, et encore plus par ceux qui ont l'ambition d'aller loin en politique? A-t-il déjà menti lui? Souvent, peut être même trop souvent. Chaque jour était mensonge finalement et ceux qui essayaient de découvrir la vérité tombaient un par un dans un laps de temps plus ou moins loin. La politique en soit était mensonge, il supposait alors que pour Katy, cela devait être la même chose.
Car plus il discutait avec elle plus il lui semblait indéniable que la jeune femme tâchait de rester à couvert, sous protection, de ne pas rompre son masque de fer, au final, ils étaient du même moule, ils avaient compris tout les deux que dans le monde impitoyable de l'île le meilleur moyen de survivre était d'en dire le moins possible et d'en montrer le moins possible. Il bu une gorgée de son verre, observant le monde autours de lui. Bientôt aura lieu le feu d'artifice, si tout se passe bien il n'y aura pas que le feu d'artifice qui devra bientôt se produire, le maire adjoint se surpris à sourire sans raison apparente, si tout se passait comme prévu, si tout ce qu'ils avaient construit au millième près fonctionnait, alors ils auraient gagné la première bataille, ils auraient montrer que non, le brouillard épais dans lequel tentait de se réfugier Stanford n'était pas si opaque qu'auraient pu imaginer les hauts placés de l'établissement.

Il écoutait attentivement ce que lui disait Katy, ce qu'il désirait était le pouvoir? Elle n'avait pas tords sur le point, bien sur qu'il désirait le pouvoir comme beaucoup avant lui, seulement il avait su se montrer modeste, il savait qu'en politique comme ailleurs le pouvoir ne pouvait se construire et s'acquérir seul et souvent, un seul homme ne pouvait le maîtriser. Oui, il cherchait le pouvoir mais pas seulement, il cherchait la richesse, la notoriété, il avait tout ça avec son poste de maire adjoint, ça lui suffisait amplement. Quant elle lui demanda enfin d'où venait sa "célèbre réussite" -il fut d'ailleurs étonné qu'elle soit si célèbre, un rictus lui fendit ainsi les lèvres de satisfaction- il pris à nouveau une gorgée de champagne, observant la foule autours de lui.
"Ma réussite? Peut être du travail et de l'investissement colossale que j'y ai consacré. Sans doute même." il marque une pause, observant la foule. " Regardez les mademoiselle Youngblood, tout ces gens essayent de réussir mais n'utilise pas la bonne méthode, eux pensent que la réussite ne vient qu'en faisant des clins d'oeil à ceux qui pourraient les lancer." il se tue, se tournant à nouveau vers son interlocutrice. " Vous ne semblez pas comme eux, c'est pour ça que j'ai bonne impression quant à votre ascension à Hope. La recette de la réussite, nous la connaissons tous les deux."

Finalement vint la question de la cavalière, là encore le maire adjoint ne pu s'empêcher de sourire, bien sur, il était venu seul comme à chaque fois. Car même si beaucoup de femme avait partagé sa vie ( souvent pour moins de vingt quatre heures) il ne se sentait pas d'arriver avec une cavalière. Bien sur, il avait accompagné Cassy, sa secrétaire, mais là encore tout était différent.
"Allons, quelle femme pourrait vouloir venir au bras d'un homme occupé?" fit-il alors, en parcourant la salle il tomba nez à nez avec Anna Feguson, la fille de maire avec qui il avait partagé une danse tout à l'heure avant d'être arraché de ses bras par Malika Stormwind. Se rendant finalement compte qu'il fixait la jeune femme il se tourna à nouveau vers sa compagne de discussion.
"Croyez moi, ce genre de chose est bien le dernier de mes soucis." il lui souris alors lançant un regard à la grande horloge derrière lui. " L'heure du banquet approche, vous partagez la table du directeur adjoint ce soir?"

La jeune femme n’avait jamais eu l’impression de juger les gens avec le mépris que Adrian semblait y avoir mis à l’instant. Elle en fut surprise pour quelqu’un de son statut, mais le mouvement de surprise peint sur son visage laissa la place à un sourire un peu moqueur.

- Vous ne devriez pas être si dur avec ces personnes. Tout d’abord, vous êtes ici grâce à elles. Et je pense qu’elles font de leur mieux. Elles ont besoin d’espoir, comme nous tous. Quel est votre espoir, monsieur Clarkson ? Serais-ce ce besoin de pouvoir ? Qu’est ce qui vous pousse à vous lever le matin ?

Ce fut étrange pour Katy de prononcer le mot espoir sans avoir peur de révéler quoique ce soit. En effet, le mot Hope était devenu un mot qu’elle pensait, auquel elle pensait mais qu’elle évitait de prononcer et surtout en public. Mais là, elle ne risquait rien, même s’il était l’adjoint du maire. De plus, était-ce l’effet des coupes de champagne qui coulait à flot ou qu’elle n’ait pas honte de lui cacher des choses sachant qu’il le faisait aussi, mais elle se sentait bien. Le mot Hope coula donc de ses lèvres sans buter, sans qu’elle est une réaction quelconque.

- Nous sommes nés pour être des battants ou le temps a façonné ce besoin de reconnaissance et de pouvoir. Nous ne pouvons reprochés aux gens d’être « mal-nés ».

La discussion avait légèrement déviée sur la cavalière d’Adrian. Katy fut surprise qu’un homme comme lui n’en ait pas. Pourtant sa réponse ne la choqua pas : il faillait garder la tête haute. Adrian n’était pas un homme à s’avouer seul. Katy vit le regard de son interlocuteur se poser sur plusieurs femmes : mademoiselle Ferguson et Malika. Elle prit donc la liberté de se rapprocher de lui et de passer une de ses mains sous le bras d’Adrian.

- Nous sommes deux personnes très occupées mais vous êtes de mauvaise foi. Même un homme occupé trouverait du temps pour sa dulcinée. N’en avez-vous tout simplement pas ? Pour l’instant permettez-moi de vous tenir compagnie, avant que vous n’alliez rejoindre mademoiselle Ferguson ou Malika, dit-elle un sourire victorieux pendu aux lèvres.

Katy ne savait pas à quelle table elle avait été placé et même si les gens allaient être placés ou non. Elle ne s’en était pas occupée et ne savait pas qui l’avait fait. Cependant elle avait peu d’espoir de manger avec son patron : entre mademoiselle Coulter et Malika, elle ne faisait pas le poids et elle craignait de devoir aller manger à une autre table. D’un autre côté, le hasard pouvait bien faire les choses : elle pourrait tomber avec quelqu’un d’extérieur à Hope, comme une personne proche du maire et cela serait une bonne source d’information. Néanmoins elle ne semblait pas être la seule à prendre ce gala comme une simple représentation dans la société de l’île et donc comme une occasion pour atteindre le pouvoir.

- Malheureusement je pense que je n’aurais pas ce plaisir…, dit-elle en s’obligeant à sourire.

Avait-il été dur? Peut être bien, mais quoiqu'il en soit il ne regrettait nullement ses précédentes paroles, même si ce qu'avais dit Katy était vrai. Au fond, c'était grâce à eux qu'il était là désormais à savourer le meilleur champagne de l'île, c'était aussi grâce à eux que lui et Dorian avaient été projeté au devant de la scène. Cependant, car il y avait bien une objection à tout cela, il ne fallait pas non plus verser dans la gratitude démesuré. Certes, chaque personnes ici étaient une voix aux élections qui ne lui était pas négligeable, seulement, toutes personnes étaient aussi une menace potentiel. Le type là bas qui buvait un verre de champagne, ou encore la fille assise toute seule sur un banc des jardins. Qui pouvait lui garantir qu'ils ne seraient pas un jour où l'autre contre lui? De la paranoïa? Non, du réalisme.

"Je vous l'accorde mademoiselle Youngblood, j'ai toujours été rude dans mes paroles." fit-il alors. " Cependant, même si je leur accorde un certain respect, je suis partisan de la méfiance perpétuelle. Au fond, qui nous garanti que nos meilleurs amis d'aujourd'hui ne seront pas nos pires ennemis de demain? Et qu'est-ce qui nous garanti encore que ces gens qui nous respecte ne nous crache pas à la figure dés qu'il en ont l'occasion?" Il marque une pause avant de répondre aux questions de la jeune femme. Qu'est-ce qui le poussait à se lever le matin? Plein de choses insignifiantes. Le besoin de pouvoir? Visiblement elle savait de quoi elle parlait. Quant à lui avait-il encore besoin de quelque chose? Il était là étonnant de voir son raisonnement, en vérité Adrian se considérait comme accomplit, il ne voulait rien de plus que ce qu'il n'avait déjà, mais loin de là de ne pas être ambitieux.
"Vous savez, lorsque je me suis lancé en politique je ne pensais jamais atteindre ce poste. Et maintenant que j'y suis, je ne désire qu'une seule chose, y rester." il marque une pause. " Certes j'aurais pu comme beaucoup aspiré à devenir maire, mais quel intérêt? J'ai décidé de nourrir mon ambition dans une autre voix." il se tut, elle n'en saurait pas plus c'était certain. " Ce qui me pousse à me lever le matin, c'est sans doute le plaisir que j'ai porter ce rôle." il lui sourit alors et un bref silence s'installa entre eux. Le sujet dériva alors sur les sentiments, une chose qu'il lui était en vérité inconnue. Il avait du mal à s'imaginer aux bras d'une femme " définitive" du moins, au bras d'une femme avec laquelle il serait depuis plus de deux mois, il avait toujours favoriser son travail avant tout cela et comptait bien poursuivre.
"En effet, je n'en ai pas." fit-il simplement. Et lorsque la jeune femme lui pris le bras en lui proposant sa compagnie il lui sourit " Dois-je conclure que vous aussi vous êtes seule dans votre vie?" et marquant une pause il bu une gorgée de son verre. " Ma foi, votre présence me convient bien davantage que celles des demoiselles que vous m'avez précédemment citées" conclut-il en lui souriant. Ensuite vint le sujet du banquet, visiblement, elle semblait ne pas pouvoir trôner à la table du directeur adjoint de Stanford, il eut l'air faussement surpris.

"Ne pas y avoir votre place? Qu'entendez-vous par là?" lui demanda-t-il alors. " Vous êtes une des plus proches collaboratrices de Stanford, c'est regrettable qu'ils s'acquitte de votre présence."

Les paroles d’Adrian étaient-elles toujours rudes ? Elle ne le pensait pas. Il avait été dur avec ses personnes mais pas avec elle. Ils semblaient avoir une sorte de fausse sincérité entre eux : Katy ne lui faisait pas confiance, il ne lui faisait pas confiance mais elle ne le haïssait pas, il était pareil. La méfiance perpétuelle ? C’était exactement ça que Katy utilisait au jour le jour, depuis combien de temps n’avait-elle plus été elle-même ? A quand remontait la dernière fois où elle s’était confiée à quelqu’un ? Cependant elle espérait être moins sur ses gardes qu’Adrian.

- Je suis d’accord mais ne vous sentez vous jamais seul ? Je voudrais un jour pouvoir avoir confiance en quelqu’un. Vous pouvez penser que je suis trop naïve mais j’espère pouvoir être sérieusement avec quelqu’un où je pourrais être moi. Ne vous sentez vous pas fatigué de vous cachez ? De ne pas être sincère ?

Au moins, Adrian avait eu la chance d’avoir des promotions sur son talent et non sur un quelconque don. Pour Katy, son don n’était en aucun cas un talent, elle n’en était pas fière et elle n’avait pas à se fatiguer pour ça. Elle trouvait son boulot comme injuste, elle n’avait aucun mérite, sauf celui d’être née. Elle l’envia alors pour son statut, pour la vie qu’il menait.

Il eut une réaction inattendue lorsqu’elle lui prit le bras. Cela lui paraissait réellement bizarre qu’Adrian soit seul dans la vie.

- Je ne suis pas vraiment seule. L’homme que je voudrais est tout simplement inaccessible, dit-elle en souriant pour cacher sa tristesse.

Elle fut ensuite réellement surprise par les belles paroles que disait Adrian, elle savait que ce n’était rien, que c’était simplement un compliment bien placé, mais cela lui fit plaisir. Elle lui sourit sincèrement, et pour une fois, son sourire ne fut pas faux, pas même feint.

- Dois-je comprendre que vous ne seriez pas contre que je vous accompagne ?, continua-t-elle le sourire toujours suspendu aux lèvres et un rire prêt à passer la barrière de sa gorge. Cependant ce sourire ne resta pas longtemps : effectivement, elle n’avait pas sa place à la table des collaborateurs de Stanford.

- Je travaille beaucoup en solitaire…et je ne suis pas forcément appréciée, dit-elle en pensant à Malika et cachant l’important, puis elle demanda, Et vous ? Qui vont être vos compagnons de table ce soir ?

Soudain un vent froid passa dans son dos et elle réprima un frisson. Les esprits ne pouvaient donc pas la laisser en paix, mais il était vrai qu’ils étaient particulièrement agités cette nuit là et que cela n’annonçait rien de bon. Elle but une gorgée de champagne et pivota, faisant bruisser sa longue robe, pour regarder vaguement vers la salle de réception. Il y avait tellement de monde et elle n’avait pas forcément envie d’y aller. De plus, elle allait devoir voir Alexander entouré d’une dizaine de femmes, qu’elle ne comprenait que trop bien. Perdue dans ses réflexions, elle ne se rendit compte que trop tard qu’elle avait toujours la main sous le bras d’Adrian et qu’elle venait sous l’effet de la colère de serrer sa main contre son avant-bras en y plantant ses ongles, les mâchoires serrées. Elle relâcha les muscles de sa main et la retira su bras d’Adrian.

- Désolée, dit-elle en rougissant.

Même si Katy avait trente ans, elle ne pouvait pas toujours feindre ses sentiments, elle était bien trop passionnée pour cela. Elle ne put donc s’empêcher de rougir, couleur qui s’évanouie peu à peu de ses joues quand elle essaya de penser à autre chose : il n’avait rien découvert, rien du tout ! En tout cas, elle l’espérait.

Citation :

HJ :Pardon pour le retard, mon pc m'a lâché alors que j'écrivais le topic, j'ai du digérer ma rancoeur

Ne s'était-il jamais senti seul? Question là bien difficile et peut être inadaptée. Elle aurait pu lui être formuler de manière différente qui lui aurait sans doute davantage parlé, par exemple, savoir si il avait eut le temps de réaliser qu'il était seul? Et l'était-il vraiment au juste? Ah... Question piège.
Au fond, Adrian avait beau cherché, il avait toujours voulu cette indépendance qu'il revendiquait désormais, la majorité de sa famille - déjà peut nombreuse- avait disparut de la surface du globe et il avait de suite après son doctorat, pris un appartement loin de la demeure familiale, il n'y revenait alors que par pur obligation. Il fallait être honnête, les contraintes n'avaient jamais été son fort, tout autant que les liens d'attachement en d'engagement. La seule chose à avec qui il s'engageait était Chatam, la seule personne avec qui il avait signé un accord, avec qui l'engagement n'était pas une contrainte était Feguson. Quant à l'amour? Ah, il n'était pas sensée remédier à ce sentiment de solitude? Adrian n'avait jamais connu le moindre sentiment pour personne, bien sur, il collectionnait les liaisons et les aventures, mais cela n'allait pas plus loin, l'engagement était pour lui une chose inimaginable et effrayante. Donc, si il pouvait un jour se sentir seul, il en rirait, car au fond, tout cela, il l'a voulu et le souhaite encore. Quant à la confiance il lui était difficile de s'interroger sur le sujet, a-t-il vraiment autours de lui des gens suffisamment proche pour qu'il leur accorde confiance? Difficile à dire...Cependant, des phrases dans ce que lui demandait la jeune femme lui parlait davantage. Désirer vouloir offrir confiance aveugle à quelqu'un était un désir qu'il avait longtemps convoité. Aussi, il ne pu s'empêcher de lui lancer un regard plein de compassion, sans hypocrisie aucune, et un sourire fini par s'esquisser sur ses lèvres.

"Vous n'êtes pas naïve, loin de là." il lança alors un regard devant lui. " La politique est construite sur les utopies, mais, lorsque vous décidez de vous consacrer entièrement à elle, vous devez renoncer à toutes idées utopistes. Paradoxale n'est-ce pas?" il se tait un instant, buvant une gorgée de champagne. " Me cacher?" il marque une pause, au fond lui et elle semblait être pareil il sourit. " Ce qui est fatiguant n'est pas de se cacher, mais d'éviter que les autres ne s'en rendent compte. Au fond, nous revenons sans cesse au même problème."

Lorsque la conversation tourna autours de la jeune femme, et plus particulièrement sur sa vie affective elle lui lança que l'homme qu'elle voulait était " simplement" inaccessible, le tout agrémenter d'un sourire masque comme il avait pris l'habitude d'appeler ce genre de mimiques dont il était un grand habitué. Il n'était pas difficile de sentir la tristesse dans les yeux azurs de son interlocutrice mais il n'en dit rien, des gens comme eux n'aimaient pas être percé surtout dans un moment de faiblesse, ainsi lui rendait-il son sourire.

"Non, je ne suis absolument pas contre votre compagnie, loin de là. Si je puis me permettre elle est sans doute la plus agréable et la plus enrichissante de cette soirée." il n'y avait là aucune envie de la charmer, ni même de la manipuler, du moins pour l'instant. Lui lançant un regard un coin il considéra à nouveau l'assemblée. Le sujet des tables de ce soir vint alors sur le tapis, Katy précisa ne pas être appréciée ce qui lui fit froncer les sourcils, non pas qu'il était étonné de cela, loin de là, mais surtout qu'elle puisse le lui dire si ouvertement.

"Les grands esprits sont toujours détestés et rejetés avant d'être finalement accepté comme une évidence. Ne vous faites donc pas de soucis à ce sujet." un bref silence puis il poursuivit sur le sujet des tables " Moi? Difficile, j'ai le choix entre la table professionnelle de monsieur le maire ou la table déjantée de ma secrétaire. Au choix. Dans les deux cas, nous pourrons vous faire une place avec nous."

Ils marchèrent ensuite vers la salle de réception, la brise fraîche de la nuit contrastait bien trop avec la chaleur du jour et de l'intérieur, seulement, en pénétrant dans la grande salle ils cessèrent un instant leur avancée, Katy fut comme, hypnotisée... Par quoi? Il l'ignorait, mais un vif pincement à son avant bras le fit sortir de ses réflexions, il vit alors qu'il s'agissait des ongles de la jeune femme, réalisant ce qu'elle faisait elle cessa directement et s'excusa d'un air embarrassé. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour mettre la jeune femme dans cet état?

"Ce n'est rien" fit-il simplement. " Mais vous semblez troublée." il ne se permit pas de poser une autre question, pas ce soir alors qu'ils commençaient tout juste à sympathiser. "Sachez en tout cas que la colère n'amène rien de bon." il lui offrit à nouveau son bras, lui lançant un regard et un sourire enclin de compassion. " Venez, le banquet ne va pas tarder à commencer."

- Ce n’est pas paradoxal. Vous changez simplement de priorités comme nous le faisons tous un jour au moins dans notre vie.

Katy parlait bien sûr d’expérience : elle aurait, quand elle était sortit de la faculté avec son diplôme, préféré travailler dans un domaine littéraire mais c’était un domaine très restreint et elle avait eu du mal à se trouver un emploi. Elle avait ensuite été recruté par Hope, et elle avait du changer ses priorités : elle avait d’abord accepté le poste car elle avait besoin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère. Elle sourit tendrement en pensant à celle-ci, que devait-elle faire à cet instant ? Depuis combien de temps ne l’avait-elle pas vu ?

Elle ne s’attarda pas sur ces pensées car déjà la conversation avait virée de bord et elle ne trouva rien à redire aux propos d’Adrian, il avait simplement totalement raison : toujours ils auraient le même problème, ils se cacheraient toujours des autres. Néanmoins Katy remarqua qu’il y avait quelque chose d’incroyable dans leur conversation : ils savaient qu’ils ne jouaient pas franc jeu mais pourtant leur mots étaient sincères, en tout cas, du côté de Katy. Cela aussi, c’était paradoxal…

En tout cas, elle ne cherchait pas à manipuler Adrian pour l’instant et puis surtout, elle avait un peu peur de ce qu’il pourrait lui arriver si elle le faisait. Son don ne marchait pas bien sur lui, comme s’il y avait des parasites sur une ligne de téléphone ; les esprits ne parlaient pas du tout de lui, ce qui était encore plus bizarre. Qui était-il vraiment ? Cependant le compliment qu’il lui servit, la fit décrocher de ses pensées. Qui vivra, verra !, pensa-t-elle.

L’invitation lui plut beaucoup, car si elle pouvait se retrouver à la table du maire et récolter des informations cela ne pouvait qu’être bien mais elle serait elle aussi en danger et Hope avec. Cela ne risquait pas de plaire à certaines personnes, notamment à Alexander. Déjà que le maire fouinait de partout, aujourd’hui il était ici et il ne fallait pas faire de faux pas.

- Merci de votre compassion mais mon esprit est apprécié, ce n’est pas cela qui pose réellement problème. Pour ce qui concerne votre table, tout dépend de ce que vous attendez de ce gala : de l’amusement ou du travail. Il ne me semble pas qu’à la table de monsieur le maire vous serez capable d’allier l’utile à l’agréable. Et je crains de devoir refuser votre invitation, je suis désolée.

Katy n’avait aucune envie de lui donner plus d’explication. Que lui dire ? Qu’elle ne voulait pas être en danger ? Elle aurait pu inventer une excuse mais ne pas lui en donner était moins dangereux. Quant à son geste quelque peu déplacé, Katy fut contente qu’il ne cherche pas plus loin. Comment pourrait-elle avouer que elle, Katy Youngblood, une femme de trente ans, pouvait être à ce point jalouse ? Tandis qu’elle pensait à tout cela, elle ne regarda pas Adrian, elle observait au loin Alexander, son patron, accompagnée de mademoiselle Coulter, qui allait surement manger à sa gauche. Et Katy n’avait pas envie de les regarder ensemble, ils formaient bien trop le couple parfait qu’il aurait fallut pour augmenter la solidité du pacte entre Stanford et Hope. Elle avait presque envie de changer d’avis par rapport à l’invitation d’Adrian.

- Ce n’était pas de la colère, murmura-t-elle souriante en reprenant le bras d’Adrian et en se laissant tranquillement entrainer.

Ils marchèrent ensuite dans la salle de réception, serrant des mains mais Katy vit très vite que cet alliage simplement disons amical et quelque peu intéressé entre la mairie et Hope, ne plaisait pas du tout à certaines personnes. Très rapidement, Katy retira son bras mince de celui d’Adrian. Bien qu’elle l’aimait bien, il fallait coller aux conventions et protéger Hope coûte que coûte.

Il semblerait que Katy ait tout à fait compris ce qu'il avait voulu dire en parlant du terrible paradoxe auquel il fut confronter au début de sa carrière. Changer de priorités était devenu un art dans lequel, malheureusement ou heureuse, il excellait parfaitement désormais. Après tout, le rôle de maire adjoint était déjà un poste qu'il avait eut beaucoup de mal à s'admettre. Relativement modeste son ambition n'avait jamais été jusqu'à nourrir un tel rêve. Pourtant, Dorian lui avait offert l'occasion de devenir quelqu'un, d'élargir son champ d'objectif, son champ de pouvoir. Et il en était désormais très satisfait, au fond n'était-ce pas le tremplin qu'inconsciemment il attendait? Soit, il était en charmante compagnie et ce qu'il avait pu vivre auparavant n'était pas important.

Quelque chose d'étrange semblait les lier, comme un jeu d'hypocrisie qui n'en n'était pas vraiment un. Savaient-ils distinguer le vrai du faux? Étaient-ils au fond aussi sincère que leur paroles le laissaient penser? Difficile à dire. Quoiqu'il en soit cette conversation était sûrement l'une des plus intéressante de la soirée.
«  Votre sagesse m'étonne, mademoiselle Youngblood. » fit-il alors lorsque celle-ci pesa le pour et le contre des deux tables auxquels il était invité. «  Mais si je puis vous faire une confidence, même si il est vrai qu'à la table du maire nous seront plus axé travail, nous savons aussi nous amuser à la mairie. » Il afficha son plus beau sourire. C'était vrai, même si souvent les discussions tournaient autour des affaires, ses affaires, celles qu'il considérait comme les plus importantes, ne devaient en aucun cas être traité en public. Ainsi, il n'était question que de choses simplement superficielles et d'affaires de frics comme il avait la fâcheuse tendance à en voir souvent. Ainsi finalement l'ambiance de la table aurait fini par être distrayante et non pas ennuyeuse comme semblait le sous entendre son interlocutrice, qui finalement avait décliné son invitation.

« C'est comme vous le souhaitez. » fit-il simplement. Il avait du mal à comprendre la raison de son refus. Au fond qu'est-ce qui la retenait d'accepter? Peut être le fait que déjà des rumeurs se répandaient dans Stanford concernant la mairie, et que finalement, ces dernières avaient fini par la convaincre qu'il n'était pas judicieux de fréquenter les gens en faisant partie. A moins qu'il y ait autre chose, autre chose qui était bien au delà de ce qu'il pouvait comprendre. Cependant il n'en chercherait pas davantage. Il avait cette impression que même si la méfiance était de mise, un lien de confiance se liait entre eux, comme si tout deux se comprenaient sans même avoir à s'expliquer, comme si il avait été forgés dans le même moule. Un désagréable sensation pour lui qui pouvait à tout moment être démasquer par cette femme. Mais au fond, n'était-ce pas là les risques du métier.
Après le bref accident qui lui valut un léger pincement dans l'avant bras, Katy assura ne pas être de la colère et sans autre forme de procès elle reprit le bras d'Adrian pour se diriger vers la salle de réception.

« Etait-ce de la jalousie? » demanda-t-il alors, un rictus sur ses lèvres. Ah, la jalousie... Il était difficile pour lui de reconnaître un sentiment qu'il avait rarement ressentit, pourtant, il semblait que depuis peu il était plus enclin à remarquer ce genre de tic chez les personnes qu'il fréquentait, comme si le maire adjoint avait fait connaissance avec ce sentiment bien plus redoutable qu'un poison mortel. Réalisant que sa question était indiscrète il se tut un cours instant avant de s'excuser.

« Navré, je n'aurais pas du vous demander cela. » au fond, elle était libre de lui répondre si cela lui chantait et si elle s'en sentait soulager, le reste lui était égal. Qu'elle soit jalouse, de qui, comment et pourquoi n'avait aucune importance pour lui.
La grande salle leur tendait les bras, mais très vite le malaise était là, comme le malaise qu'il avait pu ressentir tout à l'heure lorsque Malika l'avait entraîné sur la piste de danse, inconfort qu'elle en tout cas n'avait nullement ressentit, à moins que ça ne soit l'alcool qui lui ait fait oublié. Ainsi, le bras fin de la jeune femme échappa à sa prise, et lui lançant un bref regard, il eut bien compris que certain regard l'avaient poussé à se détaché de lui. Finalement, voyant l'heure avancé, il se tourna vers elle.

« Je ne vais pas vous retardé plus longtemps mademoiselle Youngblood. » il marque une courte pause. «  Je suppose que beaucoup de gens attendent votre présence pour discuter et je vous prive d'un temps précieux. »

De la sagesse ? Katy eut envie de rire, elle n'était pas du tout quelqu'un de sage, elle était même le contraire. Comment une impulsive et une passionnée pouvait-elle être sage ? Elle n'était ni sage, ni calme. Si parfois elle faisait preuve d'une certaine "sagesse" c'était malheureusement souvent de la manipulation. Cependant elle ne dit rien, continuant d'écouter le maire adjoint. Elle crut soudain discerner une allusion à propos des dires d'Adrian sur la mairie. S'amuser ? Elle aussi savait s'amuser à Hope mais elle devait reconnaitre que c'était principalement grâce à Roy, son ami qui changeait un peu son quotidien. Et qu'est ce que le mot s'amuser impliquait pour lui ? Mais peut-être que ce n'était rien, qu'elle avait juste imaginer l'allusion.

Adrian sembla déçu par son refus de dîner à sa table. Elle sourit, elle ne voulait pas l'utiliser mais au moins, il n'était pas indifférent à elle. Il semblait aussi réfléchir à certaines choses.

- Une prochaine fois...un dîner avec vous ne me gênera pas...tant que c'est vous qui payez la note bien sûr, dit-elle en souriant.

Vint ensuite la question de sa jalousie. Comment ne pas l'être quand on était aussi passionnée qu'elle ? Vilain défaut ou qualité ? Être passionnée pouvait être les deux à la fois et elle en avait souvent honte. Néanmoins, cette fois-là, elle osa l'avouer.

- Je suis quelqu'un de passionné et de jaloux. Suivant la situation, c'est plus ou moins intéressant. Ne soyez pas désolé, vous m'avez bien compris, c'est tout. Ne vous en excusez pas.

Le malaise s'intensifia dans la salle de réception : quelqu'un de Stanford et de la mairie ne plaisait pas et cela ne faisait qu'augmenter. Adrian sembla lui aussi le comprendre. Pour une fois, elle trouvait quelqu'un d'intéressant : à la fois, pareil qu'elle mais en même temps, si différent. Elle aimait sa compagnie mais elle avait peur qu'il découvre quelque chose, qu'elle se fasse mal voir au sein de Hope à cause de sa présence. Vint enfin le moment de se séparer, même si quand on y regardait de plus près, un gala se n'était que des rencontres et des séparations.

- De même pour vous...le temps c'est de l'argent, n'est ce pas ? J'espère cependant de tout cœur que votre temps sera fait d'autre chose. Merci d'avoir passé du temps avec moi, Adrian, dit-elle en souriant et en lui déposant un baiser sur la joue. Enfin elle s'éloigna, aussitôt happée par un inconnu qui l'entraina sur la piste de danse.