Antibodies. [Nathan]

http://www.deezer.com/track/3763609 'Tain mais c'est où ce machin de lecteur exportable?? --'

« Hein? .. Non mais je bosse là. Quoi? .. Hum. Bon, d'accord, mais ne compte pas sur moi pour.. Oui d'accord. A tout de suite alors. »

Kitty racrocha, reposant son téléphone dans un râlement mécontent. Elle qui avait prévu de travailler ses cours pour être à jour à la rentrée, elle s'était imposé un programme très strict auquel elle était censée -notez bien le 'censée'- se tenir. Evidemment, elle ne le ferait pas. Du moins pas ce soir. Ses amis -du moins ainsi s'étaient-ils proclamés- l'attendaient à la Boîte de Pandore, LE pub lorsqu'il s'agissait de se jeter bras ouvert dans la débauche la plus illicite qui soit. Même si peu de clients en faisaient réellement usage, c'était presque monnaie courante de voir de la coke, et autres petites pilules célestes circuler entre un groupe d'amis.

Une fois de plus, la jeune suédoise allait se perdre. Une fois de plus.. Jamais de trop, car elle faisait assez attention pour ne pas franchir le point de non-retour, la ligne mortuaire qui ferait d'elle une victime de plus. Oui, l'illusion qu'elle choisissait ce passe-temps comme une gamine choisit la plus belle poupée dans un magasin, comme on choisit ses corn flakes parmis toutes les variétés possibles. Illusion, simple illusion. Elle n'avait jamais vraiment choisit ça. Elle y avait goûté, une fois. Pour la première fois, pensait-elle. C'était comme si cette ivresse qui surgissait soudain de quelque poudre laiteuse, avait été enfermée en elle tout ce temps, et soudain, avait terrassé son geôlier pour ne laisser derrière elle qu'un esprit dépendant. Brillant, certes, mais dépendant.

Kitty soupira, hésitant un instant à décliner l'invitation. Non. Impossible. Miss Fergas était l'invitée d'honneur. On se battait pour être à sa table, on admirait cette touche so smart qu'elle savait garder, à l'inverse de ses petits camarades.. Soit. Elle prendrait le bus, se connaissant trop bien pour espérer pouvoir revenir en voiture chez elle sans se tuer dans un virage un peu trop sec. Bien habillé, une veste légère pour la fraîcheur de la nuit -ou du matin, cela dépendrait de la soirée, elle sortit de chez elle un sourire désabusé aux lèvres. C'était mal, elle le savait. Pas seulement au niveau moral. Elle se faisait du mal. Un suicide lent et prémédité. C'était con, mais elle n'y pouvait rien, devant répondre aux exigences de son corps pour qu'il tienne debout. ..

La Boîte à Pandore. Ouverte depuis bien longtemps. Trop sans doute. Une fois de plus, vieille habitude à présent, Kitty franchit la porte, se laissant happer par la musique, le bruit, qui y régnait. Elle ne put empêcher un sourire de venir s'accrocher à ses lèvres en voyant que le barman la saluait déjà et lui préparait ce café glacé qu'elle aimait tant, alors que son groupe d'amis -de connaissances disons, l'appelait avec de grands signes. Ils avaient commencé sans elle, pensa-t-elle avec amusement. Gagnant rapidement le canapé de velour noir où ils s'étaient installés, leur coin fétiche, elle les salua tour à tour, s'asseyant, elle, dans ce qu'elle jugeait être son vieux fauteuil en cuir rougit. Il grinçait comme un Chesterfield, et elle adorait.

« Bon qu'est-ce que vous avez pour.. »
« Et, c'est.. c'est Fox et Silverwood! » murmura précipitamment l'une des filles, virant gentiment à l'hystérie.
« Ouais. .. Donc, vous avez pris quoi? »
« Non mais Kitty, c'est.. »
« Mais c'est bon à la fin! Frox et Silberhood, on a compris! Vous m'avez pas fait venir pour ça, quand même? Qu'est-ce qu'on s'en fout qu'ils viennent là; ils font ce qu'ils veulent. Et pourquoi toutes les filles fantasmes sur eux? Je ne vois vraiment pas ce qu'ils ont de.. »
« Chut! Chut! Chut! Mais tais-toi bon sang Kitty! Ils vont nous entendre! »

Levant brièvement les yeux au ciel, lasse soudain, Kitty ne remarqua pas la mine soudain angoissée de son 'amie'. Elle avait brusquement pâlit. Son café glacé à la main, une paille à la bouche et son breuvage dans le gosier, la jeune Fergas se retourna, ne pouvant retenir un air surpris. Tropx et Dilbeswood. Non, Frog et.. Forks? Sil..? Bref. Eux.

"C'est hors de question"

Il avait dit cela sur un ton on ne peut plus catégorique, ce genre de ton qu'employait autrefois sa mère pour lui refuser une sortie en boite de nuit alors qu'il avait encore quelques devoirs à boucler ( et que finalement il faisait quand même car il connaissait mille et une technique pour la faire plier). Mais cette fois, il n'était plus adolescent et ce n'était plus sa mère qui prononçait cette phrase mais bien lui, lui à son meilleur ami Helmet qui était à ses côtés, conduisant une voiture noir flambant neuve qu'il avait reçu lorsqu'il était arrivé à Chatam, un cadeau d'adieux de ses parents. Mais... Elle n'est pas neuve alors? C'est vrai, mais le soin avec lequel il la manipulait faisait qu'elle n'avait encore aucune égratignures, elle était simplement parfaite et brillait de mille feux sous les lumières du centre ville. Le garçon, lunette de soleil et cheveux au vent semblait contrarié par la réplique de son ami.

« Nate, je t'explique l'affaire, on a réussit notre année du premier coups, sans rattrapage et tu me dis qu'aller faire la fête c'est hors de question? »

C'était un peu prêt ça en effet, mais Hel' exagérait à vrai dire, la question n'était pas d'aller faire la fête ou pas pour célébrer une réussite très attendue, par lui en tout cas. Non, l'opposition était surtout le fait qu'il voulait aller faire la fête LA ! Dans ce bar pourris, qui est pour lui uniquement fréquenté par la basse jeunesse avide d'alcool, de sexe et de drogues, il haïssait cela, plus que n'importe quoi d'autres.
Le soleil semblait peu à peu se dissipé derrière l'horizon, colorant le ciel autrefois bleu de couleurs chaudes et rougeoyantes, il s'en fichait, ce n'était pas le moment pour faire dans le romantisme alors que son meilleur ami était sur le point, une fois n'est pas coutume, de le traîner dans un des bars les plus mal famé de l'île et le sourire aux lèvres de surcroît.
« Ce n'est pas une raison d'aller là bas, surtout que maintenant, ton côté adulte responsable tu peux te le mettre où je pense! » la dernière partie de sa phrase faisait évidemment référence à une de leur dernière virée, au Rock N'Drink cette fois – un bar qu'il aimait bien- ou Helmet qui avait à nouveau abusé des bonnes choses ( et surtout d'une) avait par malheur été provoqué par un autre client du bar. Hel ivre est l'équivalent d'une boule de nerfs colérique et il ne lui fallut rien de plus pour en coller une au dit client. La suite les trois quart de la ville la savent déjà : Bagarre au bar et mise à la porte sur le champ par le patron. Il pensait d'ailleurs aller s'excuser et expliquer la situation au patron du bar à la place d'Helmet, celui-ci étant moins diplomate.

De toute façon, il savait que tout ce qu'il dirait ne ferait pas changer la décision d'Helmet de le traîner là bas, il préférait par conséquent se taire que d'ajouter de l'huile sur le feu en lui racontant sa dernière mésaventure et se préparait plutôt psychologique à l'odeur de drogue et d'alcool qui régnait dans ce bar miteux, mais aussi à l'épaisse fumée de cigarette qui imprégnerait aussitôt ses cheveux et ses vêtements, il en eut presque un frisson. A peine eut-il commencer à imaginer ces horreurs qu'ils étaient déjà arrivés.
Helmet pris le pas, et poussant les portes du bar laissa venir à eux l'épaisse fumée qu'il avait déjà imaginé en pensé. La musique monopolisait désormais leur oreilles ainsi que les bavardages incessants de la clientèle. Accoudés au bar ils commandèrent tout deux une vodka avec glaces car c'était sans doute l'alcool fort qu'ils préféraient le plus.
Il se pensait désormais hors de danger, ou du moins, hors de danger avant qu'Helmet ne soit à sa cinquième vodka et qu'il commence à tenter le diable avec n'importe qui, grosse erreur, il vit au loin un groupe de jeunes filles dont certaines semblaient limite contenir leur hystérie, et malheureusement, ils en étaient l'origine.
« Regarde moi ces groupies là bas » fit-il à Helmet, car paradoxalement c'est lui tout seul comme un grand qui se jetait dans la gueule du loup, peut être qu'à force il y avait pris goût. Son meilleur ami considéra le groupement et lança un regard complice à Nate qui voulait en dire long, du genre «  et si on allait leur dire bonjour et passer une super soirée? » il ne pu que répondre par un sourire avant que, d'un bond, ils ne quittent le bar s'avançant vers le groupe.
Alors qu'ils arrivèrent sur place, Nathan ne pu s'empêcher d'écouter la conversation et de sourire aux dire d'une d'entres elle, ou du moins à l'infime partie qu'il avait pu entendre à travers la musique omniprésente du bar. Et tandis qu'Helmet entamait la conversation il considéra cette dernière d'un regard hautain. Maigrelette mais plutôt mignonne, elle portait sur son visage ce qu'elle était et il ne pu empêcher une lueur de mépris de jaillir de ses yeux verts. Finalement il se contenta de saluer l'assemblée d'un signe de tête en silence puis se concentra à nouveau sur la jeune fille, prenant place à côté d'elle.
« Alors comme ça ont à vraiment rien d'extraordinaire? » lui fit-il calmement, faisant tourner sa vodka dans son verre. Le ton de la conversation était lancé.

« Alors comme ça on n'a vraiment rien d'extraordinaire? » Bravo. Bravo! Maintenant non seulement elle devait se taper des copines hystériques, prêtes à tout pour séduire Drops et Silbachose, à deux doigts de la crise de tétanie, mais en plus, en plus, il fallait qu'ils viennent à leur table. Le blond avait déjà commencé à papoter avec deux-trois filles, un sourire éméché aux lèvres et une vodka glacée à la main, alors que le brun, lui, ne semblait pas être avide de ce genre de jeu. Rien d'extraordinaire? Et il était venu se poser à côté d'elle, pour compléter le tableau. Kitty laissa échapper un bref rire, vaguement nerveux. La situation dérapait gentiment pour elle, tant et si bien, que c'en devenait presque cocasse. Plongeant son regard gris sombre dans celui quelque peu hautain de Fox-Trot, elle sirota longuement son café glacé, fronçant légèrement les sourcils, comme perçant à jour les plus noirs secrets du jeune homme. Posant doucement son verre sur une table en plastique noir vernis, elle enchaîna sur sa lancée, un mince sourire poli aux lèvres:

« Peut-être l'aura que vous et votre ami avez sur la grande majorité de la gente féminine de Chatam, tout au plus. Mais à part ça, je ne vois pas, non. »

Vague haussement d'épaules faussement désolé, gorgée de café et regard aux 'groupies' qui l'accompagnaient. Soupire. Elles étaient toutes pendues aux paroles de Helmet, ce qui en disait long sur leur capacité à contrôler leurs hormones. D'accord, les phéromones n'étaient pas contrôlables, en soit, mais tout de même. Elles ne savaient rien de lui, ne connaissaient que son physique. Idem pour Trox. D'accord, ils étaient beaux garçons, mais des beaux garçons, il y en avait partout.

« Les phéromones, tout le monde en a. Les votre sont peut-être plus attractives, je ne sais pas, mais ça reste un coup de chance. De la pure biochimie. Ou alors vous avez un cholestérol particulièrement fabuleux, puisque c'est de là que sont synthétisées toutes les cétones, et du coup, les phéromones. Après, je ne sais pas. Je dois sans doute être frigide, ou quelque chose comme ça. Mes.. amies ont souvent évoqués cette hypothèse, par incompréhension, disent-elles. .. Je ne vous connais pas assez pour vous trouver extraordinaire. Et ce que je sais de vous n'a rien s'en rapprochant. »

Mince sourire amusé. Le barman vint chercher son verre vide de café, jetant un bref coup d'oeil amusé aux deux jeunes hommes, murmurant quelque chose à l'oreille de Kitty.

« J'en ai, si tu veux. Aussi pure que pure, crois-moi. »
« Non, pas ce soir, merci. »
« Bon. Ce sera une Tequila alors, je suppose? »
« Un fond, avec du café, oui. »

Le barman repartit, faisant se retourner quelques têtes de groupies. L'une d'elle demanda à Kitty, entre deux regards 'complices' au blond, pourquoi elle n'avait rien pris. Mince sourire de la part de la suédoise.

« Prendre un rail seul, c'est tellement pathétique. »

Elle ne s'adressait pas à la fille, mais à Troc. Elle voyait, avait senti ce qu'il pensait de tout cela dès le moment où il avait posé ses fesses sur la chaise à côté d'elle. Provocation? Non, disons plutôt jeu.

« Mais ce qui est horrible, c'est que même à plusieurs, la drogue reste quelque chose de pathétique. »

Le barman arriva. Une bonne raison de se taire et de savourer l'alcool, qu'elle ne prenait que très occasionnellement. C'est mauvais pour la santé, après tout.

Cette jeune fille était étonnante, il était en effet très rare pour Nathan de croiser une personne, de sexe féminin en plus, qui lui parle avec un tel calme, une telle indifférence. Disait-elle vrai ou était-ce une méthode d'approche? En tout cas, tout semblait confirmer sa première hypothèse. Il souris à ses premières explications. C'est vrai, ils n'ont rien d'extraordinaire, ou du moins rien de plus que les garçons de leur âge, il en était persuadé et ce que lui disait la jeune femme confirmait ses hypothèses. Pourtant, Hel' s'était toujours persuadé du contraire, lui était certain que leurs charismes rendaient les choses faciles et c'est vrai qu'il en usait régulièrement, en soirée, pour s'amuser.
« Ravi de voir que je ne suis pas le seul à penser ça » s'était-il contenté de dire à la jeune femme à côté de lui. Mais alors qu'il était sur le point de lui demander son prénom le bar man s'avança vers elle, il ne pu entendre distinctement ce que l'homme lui souffla à l'oreille mais la réponse de la jeune femme aux cheveux bruns était pour lui parfaitement audible et en disait long sur le sujet, la suite allait le confirmer.

Elle lança un regard à ses amies, qui entre deux conversations avec Helmet, l'avaient regardé d'un regard intrigué, étonné, comme si elle enfreignait les habitudes de la bande en refusant ce quelque chose que le bar man lui proposait, Nate était plus que persuadé désormais que la Boite de Pandore était un endroit pourri où il ne remettrait jamais plus les pieds. Et surtout il espérait ne plus croiser sa clientèle.
Il lança un regard à la jeune femme qui en dit long, ce genre de regard froid et méprisant qui était bien plus expressif qu'un discours de moral sur les drogues. Et ce même si la junkie ne pu s'empêcher d'ajouter des commentaires, qu'elle trouve cela pathétique est une chose, qu'elle le fasse quand même en était une tout autre.
« Et vous pensez être extraordinaire vous? »
Il aurait pu se taire, prendre ce qui lui reste de sa vodka glace , attraper son meilleur ami par le bras et quitter les lieux, pourtant non, il ne le fit nullement, il était clair que l'estime qu'il avait désormais de la jeune fille venait de dégringoler en flèche, mais était-ce une raison pour la laisser à son triste sort? Après tout, si il devait la mépriser, autant comprendre le pourquoi.
« C'est vous qui êtes pathétique » commença-t-il, il pris alors une gorgée de son verre «  Je trouve que ce n'est pas les drogues en elles-mêmes qui sont mauvaises mais bien ceux qui les consomment »

Il y allait fort et il le savait, pourtant il ne pouvait s'empêcher d'être ainsi. Souvent il s'était disputé avec Helmet pour cette raison, le mépris, le sarcasme était pour lui un art qu'il maîtrisait avec mention.

Kitty s'étonna de la réponse du jeune homme, qui disait penser comme elle, sur le sujet de leur attraction vis-à-vis du sexe féminin. Oh, elle ne s'attendait pas à une crise vexée ou à un long débat sur le sujet, mais généralement, les gens qui tombaient, pour une fois, sur quelqu'un qui ne les idolâtrait pas, avaient tendance à se renfermer quelque peu. Normal après tout. La jeune femme en était consciente: ce qu'elle venait de lui dire n'avait, en soit, rien de particulièrement gentil. Mais rien de méchant non plus, cependant. C'était un constat. Son avis. On le lui avait demandé, après tout? Eh bien elle l'avait simplement donné. Ce qui se révélait vraiment intéressant, c'était la suite. Cette capacité qu'avait la Suédoise à passer du coq à l'âne, pour essayer de mieux retomber sur ses pâtes. Au premier coup d'oeil, elle avait bien cerné le personnage. Du moins, son point de vue sur l'établissement. On -le blond- l'y avait traîné de force, pour Dieu sait quelle stupide raison. Il ne regardait pas les stripteaseuses se dandiner devant d'autres regards avides, le corps élancés se courbant contre des barres de métal glacées qui donnaient des frissons à Kitty, rien que d'y penser. Non, ce Frox avait l'air d'être un bon garçon. Bon élève sans doute. Sportif? Plaisant à regarder.. Mais sans doute sans copine, par angoisse de tomber sur une de ces groupies, une de ces filles qui se révèlent profondément décevantes, car sans le moindre amour, au final. Son regard méprisant n'atteignait pas Kitty. Elle lui répondit simplement par un mince sourire indifférent, sirotant sa Tequila avec plaisir -pour le peu d'alcool qu'elle s'accordait. « Et vous pensez être extraordinaire vous? » Son sourire s'élargit quelque peu. C'était comme un défi qu'il lui lançait. Un défi dit sur le ton hautain de celui qui méprisait sans réellement connaître. Insouciant, va.

« Ma foi, non. Mais je suppose que je dois bien avoir quelque chose de différent que toutes les autres personnes présentes dans ce bar, car si j'en juge par votre absence faciale d'amusement, vous auriez dû sortir directement d'ici au lieu de venir discuter avec moi. Ou même mieux, ne pas entrer. » dit-elle avec un calme olympien. « Mais peut-être êtes-vous simplement venu ici en pénitence? » ajouta-t-elle avec tout le sérieux du monde, malgré l'ironie.

Mais non. Elle était pathétique, disait-elle. Ce n'était pas les drogues elles-mêmes qui étaient mauvaises, mais ceux qui la consommaient. Celle-là, on ne la lui avait encore jamais faite et Kitty manqua d'en rigoler. A la place, elle garda un air infiniment sérieux, fixant le jeune homme droit dans les yeux, dans un silence de plomb. Muette comme une tombe, mais calme. Ce qui était drôle, avec les silences, c'est que la majorité des personnes ne les supportait pas. Après sept secondes en moyenne, ils faisaient du bruit, par n'importe quel moyen. Le traditionnel 'Bon. Qu'est-ce qu'on fait maintenant?' ou encore le tapotement de doigts sur la table, commander un autre verre, siffloter, s'étirer, radoter. Les gens ne comprenaient pas que ne rien dire avait parfois plus de valeur que les mots.

« J'apprécie votre jugement, votre argument n'étant pour le moins pas banal, et du reste, intéressant. » commença-t-elle, toujours aussi calme, l'autre côté de la table, bruyant et euphorique, contrastant nettement avec le leur. « Cependant, je me permettrais d'opposer le fait que vous ne me connaissiez pas suffisamment, voir pas du tout, pour me juger 'mauvaise'. Vous parlez sans connaissance de cause. Mais votre répartie est plaisante, néanmoins. » ajouta-t-elle avec un mince sourire, portant son verre à ses lèvres.

Elle jeta ensuite un bref coup d'oeil amusé à l'assemblée goguenarde d'à côté, s'enivrant un peu de leur joie. Cette joie vicieuse et malsaine qu'offrait l'alcool. Un bonheur facile, mais éphémère, que Kitty n'appréciait pas outre mesure. Elle avait bien envie de faire remarquer à son interlocuteur que sa vodka n'était pas des plus louables non plus, lui faire un speech chimique sur le sujet, mais à quoi bon? Elle n'était pas d'humeur à se lancer dans une telle croisade, ce soir. Pour dire vrai, la nostalgie et l'ennui la gagnait gentiment. Pourquoi était-elle venue ici, déjà? Pour faire plaisir à ses .. amies? Non, pas vraiment. Pour un peu de poudre? Non plus, du moins, ce n'était pas le but premier. Par obligation. Oui, c'était cela, par obligation. .. Mais depuis quand obligeait-on Kitty à faire quoique ce soit? Depuis quand obéissait-elle comme une gentille fille qui n'osait pas faire de vague? Ce n'était pas dans son caractère, pas dans son.. Bruit de verre cassé; fin de pensées; retour à la réalité.

Elle était perspicace cette fille, sans une touche d'énervement elle lui exprime avec la plus grande modestie l'image qu'elle a d'elle même, et ne se contente pas de cela, bien sur, car sitôt eut-elle fini qu'elle embrayait sur l'hypothèse de sa présence ici, il fronça les sourcils d'étonnement face à l'exactitude de ses propos. Oui, il était là par pénitence, oui, il avait été forcé d'arriver ici, parmi l'alcool, la cigarette, la drogue et les strip teaseuses qui se dandinaient le longs des bars métalliques sous les projecteurs tamisés et une musique underground. Il se demandait parfois, sans même jeter une regard sur ces femmes, si elles aimaient vraiment leur métier. Parfois même une pitié qu'il ne se connaissait pas venait le pincer en pensant que ces personnes étaient peut être là non par choix mais par obligation. Il en frissonnait de malaise.
Soit, il jeta un coup d'oeil à la jeune fille à côté de lui, celle qui venait tout juste de lui expliquer exactement pourquoi il était là alors qu'il ne lui en avait même pas dit un mot, son regard bleu-vert traversait les yeux de la jeune femme un court instant avant de lui offrir un sourire et de prendre une gorgée de son verre.
« Quelle déduction, je suppose que c'est l'intuition féminine? » avait-il alors rétorqué avec une pincette d'humour et d'ironie.

Il avait entendu de multiple rumeur sur ce bar, notamment sur les dizaines de demandes de fermetures auxquels il fut soumis et auxquels il a toujours échappé à cause de sa notoriété en ville, même les autorités considèrent la Boite de Pandore comme une chose excellente pour la ville. Car sans ce bar où irons les dealers? Les strip teaseuses et les gangs? Ailleurs, dans des lieux bien plus fréquenté par les touristes, dans des lieux bien plus réputer. Une autre rumeur, très plausible, soutient que le gérant est un très grand ami du maire. Il s'étonnait de voir une fille si intelligente traîner ici jusqu'à l'histoire du barman, sur le coup toute la considération qu'il avait accumulé pour la jeune fille venait de tomber en ruine en l'espace d'une seconde lorsque les mots «  rail » et « drogue » s'était enchaîné, avec ce qu'il lui dit alors, c'était certain qu'elle allait s'énerver, lui dire qu'il ne comprendrait jamais car lui était tellement parfait, tellement réputé, en fait, il détestait qu'on lui dise ça, qu'on lui rappelle à quel point il était populaire et qu'il plaisait aux filles, alors si jamais elle lui lançait ça à la figure comme moyen de défense il partirait sans un mot.
Mais elle ne le fit nullement, non, elle se contenta simplement de lui dire qu'elle appréciait son raisonnement, cependant elle y émettait un objection, certes, il ne la connaissait pas du tout, il s'était permis de la juger simplement pour sa consommation de substances illicites et elle marquait un point, elle le considéra avec un sourire amusé, puis porta à ses lèvres son verre.

Ce qui suivit se passait trop rapidement, elle semblait ailleurs, partie dans des pensées qu'il n'arrivait à cerner quand soudain, son verre quitta ses mains pour se retrouver au sol, en mille morceaux, elle vacillait et le jeune homme n'eut comme seul et unique réflexe de la rattraper avant qu'elle ne flanche pour de bon.

« Eh? Vous allez bien? » fit-il alors, légèrement inquiet de la voir dans cette état. Sans autres formes de procès, il la hissa légèrement pour la faire marcher vers la sortie, sans doute que l'air frais de l'extérieur lui ferait du bien, et puis, que risquait-elle dehors si il était à côté d'elle?
Il se maudissait un instant, son côté serviable l'avait toujours perdu, il aurait bien pu partir lorsqu'elle avait fait allusion aux drogues, la laisser dans sa galère et dans son malaise toute seule, il n'aurait pas été là pour la rattraper ni pour la faire prendre l'air. Dehors, la nuit régnait désormais et seul l'horizon était encore teinté de rouge, sur les trottoirs les gens marchaient hâtivement, certains entraient dans le bar, d'autres passaient leur chemin sans même prêter attention aux deux jeunes gens. L'idée qu'on le prenne pour un droguer lui traversa alors l'esprit et lui donna des frissons, mais il la chassa aussitôt, considérant la jeune fille, appuyée contre le mur, il l'a fit s'asseoir.

« Respirez, vous vous sentez mieux? » fit-il alors. Espérant que très vite, la jeune femme reprenne des couleurs, car même avec la pénombre il pouvait facilement distinguer la pâleur de son visage.

L'intuition féminine? Ô grand Dieu non! C'était bien plus que cela, bien mieux! Ce n'était pas seulement de la chance, du hasard, mais de l'observation. Un talent qui faisait, malheureusement, défaut à nombre de gens de nos jours. Kitty répondit que c'était par expérience, par sens du détail qu'elle voyait, sentait, savait ces choses-là. Ce dont elle était loin de se douter, en revanche, c'était que ce n'était pas ces dix-neuf années passées entre la Suède, l'Allemagne et Chatam qui lui avaient appris tout cela, mais bien l'autre vie. Celle d'avant. Celle dont elle ne se souvenait pas.. encore.

« Eh? Vous allez bien? » Tout s'était passé très vite, sans que Kitty n'en ait vraiment conscience. Son verre avait quitté ses doigts fins pour s'écraser dans un bruit sourd sur le sol. La musique, trop forte à présent, tambourinait dans ses oreilles avec fracas; les rires, les discussions s'entremêlaient jusqu'à ce qu'elle n'en distingue plus qu'une rumeur désagréable et incompréhensible. Elle sentit qu'on la prenait par le bras et la guidait hors de ce champs de bataille auditif. Appuyée contre le mur glacé de la Boîte de Pandore, à l'abris de ce qu'il s'y passait, une fine brise balayant ses cheveux, la jeune femme était d'une pâleur cadavérique. Son regard partait dans le vide, ses mains tremblaient quelque peu: la voix de Nathan lui semblait bien lointaine. « Respirez, vous vous sentez mieux? » Ses yeux restaient calme, contrairement à tout son corps qui semblait pris de la plus profonde angoisse. C'était comme voir deux entités se livrer bataille pour la jeune femme. Elle resta un moment silencieuse, essayant de reprendre son souffle qui, malgré elle, se faisait haletant et apeuré.

« Oui. »

Sa voix était un peu rauque, cassée. Elle se passa une main sur le visage, dans les cheveux, serrant soudain les dents, comme sous le coup de la colère.

« C'est mon verre. Je.. Je l'ai lâché, il.. il était trop lourd; il m'a glissé des doigts.. » murmura-t-elle, perdue dans ses pensées.

Quelque chose. Il devait bien y avoir quelque chose qui avait provoqué ça, non? Pourtant, même si elle ne prenait pas souvent -que très rarement en fait- de l'alcool, ça ne pouvait pas être ça. La drogue non plus puisqu'elle n'en avait pas pris. A moins que.. Non, ce n'était pas possible. Si?

« C'était dans mon verre. Ils ont dû mettre quelque chose. Avec l'alcool ou le café, ça aurait fait effet plus vite.. » soupira-t-elle, se maudissant d'avoir assez sotte pour ne pas le remarquer. Relevant les yeux vers le brun, elle ajouta: « Merci, mais vous feriez mieux de vous occuper de votre ami. »

Sans doute cela devait-il lui paraître idiot, mais elle avait raison. Si fort et débrouillard puisse-t-il être, avec plus d'un verre dans le nez, Helmet serait vulnérable, faible. Les gens autour, persuasifs. Le barman, abusif. Et Nathan devrait conjuguer tout cela, essayer de tirer un ami ivre hors d'ici, sous l'emprise des regards des dealers du coin. La Boîte de Pandore était ouverte, laissant échapper ses maux sur l'humanité..


vraiment nul ._. Désolée, mais vraiment pas inspirée aujourd'hui ><

T'inquiète ça arrive, moi aussi là j'ai un coup de barre.

Il était désormais assit contre le mur de la Boîte de Pandore, la musique qui en émanait avait un aspect presque fantomatique tant elle fut comprimée par l'épaisse couche de béton qui les séparaient désormais. A côté de lui la jeune femme semblait reprendre ses esprits. Ils lui ont mis un truc dans son verre? Qui ça ils? Qu'importe, ce sont des enfoirés et rien de plus. Nathan sentait une furieuse envie de retourner à l'intérieur attraper le pauvre type qui venait de faire ça, ressentirait-il de la pitié pour la jeune femme? Non, il commençait seulement à comprendre que peut être que la prison dans laquelle elle était désormais enfermée n'était pas le fait de sa propre volonté.

S'occuper de son ami? Il haussa les épaules. Helmet était un dur à cuire, il se foutait souvent dans des situations catastrophiques et en sortait souvent indemne sans l'aide de personne, alors très honnêtement, on avait pas trop à s'occuper de lui, c'était un grand garçon qui tapait quand on l'ennuyait trop et par conséquent même à la Boite de Pandore il saurait se faire une réputation sans trop de problème, ce genre de réputation qui ne donne plus envie de lui chercher des problèmes. Quant à la drogue il n'y toucherait jamais, Hel' est un garçon trop sportif et sain pour un jour toucher à ça, et même si certains on la mauvaise idée de lui en verser dans son verre, il grillera le truc avant d'en prendre une gorgée.

"T'en fais pas pour lui, il se débrouillera" commença-t-il " Par contre, pour toi." il marque une pause, se relevant et frottant son dos et l'arrière de son Jean pour en faire partir la poussière " As-tu une idée de qui a pu verser ça dans ton verre? " Il se tait, attends sa réponse, il ne comprenait vraiment pas pourquoi on en voulait à cette jeune femme, à moins que ça ne soit coutume dans cette boîte de donner des drogues aux jeunes filles pour les faire tomber accrocs et en faire des clientes potentielles? Il était tard, et c'était hors de question qu'elle retourne dans ce piège, elle devait rentrer chez elle, boire un verre d'eau et se reposer. Et si elle refusait? Il verrait bien, les situations étranges maintenant ne lui faisait plus peur.

"Tu dois rentrer chez toi, tu es pâle comme une morte, je t'appelle un taxi si tu veux" bien qu'il n'avait pas très envie de la faire monter dans un taxi dans l'état où elle était. Il était venu avec la voiture d'Helmet et ne pouvait donc pas se proposer comme chauffeur, à moins que marcher ne pose pas de problème à la jeune fille. " Sinon, je te raccompagne de force." fit-il finalement.

Tutoiement qui lui parut aussi indistinct que faussement convenable dans pareille situation. C'en était presque comique. Cette constante avec laquelle, l'être humain, dans des situations de stress, en cas de nervosité soudaine et abrupte, tutoyait. Cela faisait-il sans doute plus proche, plus rassurant, à la fois pour l'émetteur que pour son interlocuteur..? Kitty fronça les sourcils, nauséeuse, se retenant de vomir. Elle se demandait si vraiment, il était possible de retenir pareil mécanisme. Si vraiment, elle pouvait ordonner à son corps de lutter contre un réflexe de survie, celui d'expulser le poison de l'organisme, afin que ce dernier n'en souffre pas. La réponse se trouvait être trop vague pour qu'elle puisse l'analyser. Et puis, l'air frais de la soirée -ou du petit matin, quelle heure était-il au fait?, la ranimait gentiment, à coups d'ébouriffage de cheveux, ce qui lui donnait un air sauvage, imprenable, pas si désagréable que ça, visuellement. Le dénommé Helmet, selon les dires de son copain, se débrouillerait très bien tout seul. Pourquoi? Parce que c'était un homme? Parce que lui, on ne la lui faisait pas? Les gens qui ne souffrent pas, qui prennent en mépris les condamnés parce qu'une fois, la curiosité les a poussés trop loin, dans le gouffre de la déchéance, de la dépendance, ces gens-là donc, présumés si supérieurs, sont tout aussi en danger. Eux, ne savent pas. Ils croient encore, ils ont encore ces pensées naïves, cette puérilité de croire que oui, ils arriveraient à ne pas s'enrayer dans une macabre dépendance, dans une vie de servitude dédiée au culte de l'Addiction. Eh bien non, mon petit, eut-elle envie de lui répondre. Non, ton copain, baraqué ou pas, beaux-gosse ou pas, intelligent ou pas, il risque tout autant que n'importe laquelle des groupies dont tu ricanais dix minutes plus tôt. La drogue a cette sympathie, cette horrible impartialité. Riche ou pauvre, elle s'en moque. Malin ou pas, beau, moche, fin, gros. Peu importe. Et qui viendrait la contredire, hein? C'est un fait. Un de plus. Rien d'autre. Et pour elle, alors? Il lui demanda si elle avait seulement une idée de qui avait pu osé? Oh, des idées, bien sûr qu'elle en avait. Le barman, pour commencer. Au fond, ce n'était pas quelqu'un de méchant. Presque un chic type. Presque. Mais il avait son business, et voulait le voir prospérer. Il aimait bien Kitty, mais de là à .. Enfin. Le pas était vite, trop vite, franchi. Ses "amies", ou plutôt les filles avec qui elle se divertissait de temps à autre. La Suédoise ne les considérait qu'en tant que tel, et ça n'allait pas plus loin. Pour les autres, la naïveté était de mise, et elle la prenait pour la leader de leur groupe, alors que de son côté, Kitty ne pensait même pas en faire partie. C'était amusant, au fond. Amusant, oui. Peut-être..

« Qu'est-ce que ça peut faire..? Ça changerait quoi, hein? Vous croyez vraiment qu'un jour on fermera la Boîte à Pandore?.. Les gens jugent, ils ne pensent qu'à ça. Les alcooliques, les prostitués, les stipteaseuses, les droguées,.. Tous. Critiqués, sans arrêt, alors qu'au fond, la vérité qu'on ne veut pas entendre, c'est qu'on est bien content qu'ils aillent à la Boîte et non ailleurs. Construire des centres d'accueil, informer les gens sur les risques, ça ne leur viendrait pas à l'idée. Dépenser son argent en grosses voitures, en toilettes platinées, en grigri iconographiques inutiles, c'est tellement plus satisfaisant. .. Généralement, ces gens ne sont jamais tombés de l'autre côté de la barrière; ils ne savent pas ce que ça fait d'être frappés, alors qu'on est déjà à terre. » murmura-t-elle les yeux fermés et les dents serrées, comme face à un pic douloureux.

Elle resta un bref instant silencieuse, respirant profondément comme pour se calmer, pour lutter intérieurement contre les effets de ce qu'on lui avait mis dans son verre -elle savait qu'elle n'aurait pas dû venir, mais une fois de plus, elle s'était laissée convaincre, et pour rien. L'idée du marchandage lui traversa l'esprit. Peut-être devrait-elle commencer à mettre sa compagnie sous garantie? Elle ne s'amusait pas avec ces filles. Plus maintenant du moins. Peut-être au début, mais maintenant.. Maintenant elle avec Zooey -tout aussi délurée qu'elle d'ailleurs, et aurait dû profiter de faire quelque chose avec elle. Mais non. Pourquoi déjà? Ah oui, elle devait travailler. Et maintenant? Elle se sentait entre deux états, hors du temps et prête à vomir, à faire une crise de tremblement. A se la jouer Exorciste, sans trucages, cent pour cent spectacle, mesdames et messieurs. Voilà. C'était stupide, et depuis longtemps, elle s'en voulait.

« Je.. Pas de taxi, ça ira. Je vais rentrer à pieds, plutôt; ça me fera du bien. »

En fait, elle n'en était pas sûre, mais l'espérait. Elle détestait ces vieux taxis puants, leur ignoble façon de conduire en chevauchant trottoirs et carrefours comme si leur vie en dépendait, les regards pleins de connivences et l'odeur musquée de sueur, de fumés, alcool, et autres relents de vomi. Tout cela, tout ce folklore la débectait, c'était simple. Hors de question qu'elle mette les pieds dans un de ces taxis. Et comme pour accentuer ses dires, elle se releva, hissant son corps contre sa volonté, s'appuyant au mur en frissonnant. Son regard se plongea dans le ciel étoilé, nimbé d'une lumière transcendantale qui se reflétait dans ses yeux avec l'harmonie du désarroi, avec la magnificence de l'horrible vérité qu'elle se refusait à cacher. Malgré tout, malgré tout cela, Kitty restait belle. Pas jolie, mignonne, choue. Belle. A sa façon. Inimitable.

Il avait comme un pincement au coeur face à cette fille. Et pourtant, il n'avait pas été du genre à prendre en pitié les gens comme elle. Ces gens qui fréquentaient cette boîte et qui luttait pour qu'elle reste ouverte aussi longtemps qu'il vivrait. Pourtant, là, c'était différent. Il n'avait pas à faire à ce genre d'écervelée complètement naïve qu'il avait eut tendance à rencontrer jusqu'alors, notamment dans ce genre de fête. A ce genre de dévergonder qui prenait de la drogue et qui fumait clope sur clope pour se donner un genre. Non, là c'était totalement différent. C'était comme si, malgré tout ce qu'il avait vu ce soir la jeune femme lui avait donné une bonne impression. Il secoua légèrement la tête en se disant que finalement, les vapeurs de Haschich à l'intérieur de la boite avait fini par avoir des effets secondaires sur lui.
Il entendit alors la jeune junkie marmonner quelque chose, et même si le son de la musique à l'intérieur l'empêchait de tout entendre cela ne semblait pas être une ode à la joie, bien au contraire. Il y était question de la boite de Pandore et de tout les malheurs ( et bonheurs sans doute) qu'elle apportait à la population de la ville.

La fraîcheur de la nuit traversait alors le tissus de sa veste, l'heure tardive et la fatigue accumulé le faisait frémir discrètement. Il avait proposé à la jeune fille de la raccompagner, par simple courtoisie d'abord mais il se rendait vite compte que c'était désormais par marque de compassion et de soutient.
"C'est l'humanité qui est comme ça tu sais?" fit-il alors lorsqu'il eut entendu ses murmures. " Si tu as l'argent, tu as le pouvoir, et cette boîte se fait une tonne de bénéfice chaque soirée en se nourrissant des désirs pervers des gens. Ils se sont surement mis les autorités dans la poche depuis belle lurette." même si ça voix était monocorde et froide on aurait pu y discerner une certaine consternation.
Lorsqu'elle refusa le taxi, il haussa les épaules, soupirant.

"Bon, étant donné que je n'ai pas ma voiture, que tu n'as pas de voiture et que les taxis c'est naze, je vais te raccompagner... A pied."

Il eut un rictus puis marcha lentement pour s'éloigner de la boîte. Remarquant que la jeune femme ne suivait pas il se tourna vers elle et s'exclama.
" Tu viens avant que je ne change d'avis? J'ai pas envie de rester une minute de plus devant ce trou à rats!"