Vendredi soir comme on les aime [Pv: Zooey]

Vingt-deux heures, le soleil avait finit par quitter l'horizon, laissant derrière lui des ondes aux couleurs chaudes qui peu à peu semblaient se faire conquérir par la nuit. De l'imposante baie vitrée qui séparait son bureau d'un vide de cinq étages, Adrian pouvait savourer la richesse du paysage, et si le couché de soleil était, il doit bien l'admettre, bien plus charmant dans sa résidence secondaire, il trouvait à ce dernier un charme tout particulier lorsqu'il était dissimulé partiellement par les immeubles et les enseignes multicolores qui parsemaient le quartier du centre.
Seul la lumière chaude et jaunâtre du crépuscule filtrait encore à travers de la baie vitrée, laissant dans la vaste pièce un ambiance divisée entre pénombre et clarté mystique.
S'appuyant sur le dossier de son fauteuil noir, il mit les pieds sur le rebords de son bureau, contemplant le cadran de l'horloge posée sur un de coin de ce dernier, hésitant entre l'envie de rester travailler davantage ou partir maintenant.
Malheureusement, le téléphone ne lui laissa nullement le temps de décidé d'un éventuel début de week end précoce, et lorsque ce dernier sonna bruyamment, il n'eut d'autre choix que de se tirer de sa position confortable pour saisir le combiné.

« Clarkson. Oui, bonsoir monsieur Bianchi, j'attendais votre appel, vous ne me dérangez pas non. Naturellement. Monsieur le maire et moi même espérons vous voir au gala afin de discuter affaires vous comprenez. Parfait, content de voir que les invitations personnelles du maire vous sont bien parvenue. Bien, bonne soirée monsieur Bianchi. »

Il aurait pu rester plus longtemps à discuter avec cet homme, mais la lassitude d'une semaine chargée l'avait poussé à abréger le plus possible la conversation, ce qu'il voulait c'était simplement être sur de le compter à leur table durant le gala qui se produirait prochainement, Bianchi comptait parmi les hommes d'affaires les plus souvent sollicités par le maire, notamment pour sa fidélité, il était donc normal que le maire s'assure de sa présence.
Vingt-deux heure quart désormais, le moment était venu pour lui de mettre un terme à la semaine qu'il venait de vivre, hésitant à dénouer son noeud de cravate maintenant où à attendre avec soulagement son retour chez lui. Déjà il pensait au verre de scotch bien frais qu'il se servirait avant de se jeter dans son canapé pour profiter enfin d'un silence bien mérité, si on exclu bien sur le bruit de la circulation en dessous de chez lui qu'il entendait de manière sourde grâce à l'importante isolation de ses fenêtres.
Ou alors ferait-il un arrêt à l'Algue qui pleure? Voilà un bail qu'il n'y avait plus mis les pieds, deux semaines grands maximums, c'était déjà énorme lorsque l'on sait qu'il s'agit de son lieu de prédilection et qui lui arrive, dans le meilleur de sa forme et dans la mesure de son emploi du temps, de s'y rendre jusqu'à trois fois par semaine. Oui, il était temps d'aller prendre des nouvelles du patron des lieux, et d'aller lui transmettre ses salutations, après tout, le scotch, chez lui ou au bar, quelle importance?

Sans attendre, éteignant l'ordinateur et attrapant sa serviette, il prit le chemin de la sortie, se retrouvant alors dans les couloirs d'une mairie presque déserte.
« Le week end commence monsieur Clarkson? »
Sans sursauté, il ajusta ses lunettes et considéra la direction d'où venait la voix douce qui lui avait lancé cette déduction, une jeune femme aux cheveux couleur blé attachés en queue de cheval le regardait avec un sourire espiègle, une lueur d'amusement brillait dans ses yeux bleus.
« Et le votre commence par la même occasion » fit-il simplement, un sourire aux lèvres tandis qu'il fermait à clef la porte de son bureau.
« Vous sortez ce soir monsieur?
- Ne me tentez pas, cela ne serait pas raisonnable. » Elle ricane, un petit rire amusée qu'il arrivait souvent à produire chez elle. Saluant sa secrétaire et le souhaitant bon week end, il s'engouffra dans l'ascenseur qui le menait à la rue de la liberté, une fois aurait-il franchit ses portes qu'ils seraient tranquille pour au moins deux jours.
Douce illusion, il n'était jamais tranquille. Joignable à tout moment et pour n'importe quoi, le rôle qu'il tenait au sein de la mairie ne lui donnait que des vacances illusoires, mais il ne changerait ça pour rien au monde.

Chatam, la nuit est désormais tombée, et pourtant en ville rien ne semble obscure tant les néons des vitrines et des bars compensent le manque de clarté, la circulation est toujours abondante et le silence semblait avoir céder le pas sur les klaxons et la musique. Las de prendre sa voiture, Adrian la laissa au parking de la mairie et s'est simplement à pied qu'il pris la route vers l'Algue qui Pleure qui n'était qu'à quelques minutes de la mairie, il savait que même bondé, il y aurait une place pour lui, ne serais-ce qu'au bar. Alors que la somptueuse façade du lieu lui faisait face il réfléchissait déjà à ce qu'il prendrait ce soir, si il se contenterait simplement d'un verre ou si il ferait la folie de diner sur place. Après tout, rien ne l'en empêche. Et poussant les portes massives du lieu de réunion de toute la bourgeoisie de l'île il se fit automatiquement salué par le serveur puis plus tard par le gérant, à qui il serra amicalement la main. Après avoir échangé une brève discussion avec ce dernier, il l'accompagna au bar afin de discuter davantage. Et si Adrian se contenta de lui donner des nouvelles du maire, l'homme commença à lui expliquer les sujets de discussions qui ressortaient régulièrement dans son établissement, et notamment un , le gala.
Il eut un rictus, le gala était un soucis parmi tant d'autres, bien que ma foi, il a de l'importance. Puis finalement, l'homme retourna vaquer à ses occupations, invitant Adrian à faire la fermeture du restaurant afin de discuter plus tranquillement, chose à laquelle il se contenta de répondre par n sourire, réajustant finalement ses lunettes avant de prendre une gorgée du Scotch que lui avait apporté le barman.
La soirée sera sans doute longue, mais la fatigue qu'il avait ressentit en quittant la mairie semblait se dissiper au fil du temps qu'il passait dans ce bar.

[Pardon, j'te jure, j'ai essayé d'abréger XD]

L'agitation qui régnait sans cesse à l'Algue qui pleure tard le soir avait quelque chose de drôle et de fascinant. Que pouvait bien se dire ces hommes et ces femmes qui, fort de leur argent était capable de poser leur fesses sur les chaises en velours de ce resto bar hors du commun? Adrian , savait, sans même regarder les gens, écouter les conversations qui s'échappaient de temps à autre du brouhaha infernal des tablées. Souvent, le gala revenait sur le tapis comme l'évènement le plus attendu de la bourgeoisie de Chatam, certains hommes d'affaires prévoyaient même à cette occasion d'exposer leur idées au maire et par conséquent à lui également et les plus fougueux d'entres eux ne se génèrent nullement pour venir à sa rencontre ce soir là, au coin du bar de l'Algue qui pleure pour essayer de se le mettre dans la poche, il aimait se sentiment d'être indispensable pour ces pauvres types qui ne voulaient que grimper les échelons de la société.

L'heure passait et pourtant le restaurant ne désemplissait pas, comme si éternellement il était animé des éclats de rire, des discussions, des rumeurs de la haute société, des odeurs des meilleurs plats de l'île et des mélodies parfois jouée par quelques musiciens présent sur place. Il était tellement fasciné par cette animation qu'il n'entendit nullement la jeune femme s'installer sur le tabouret à côté de lui, seule la voix de cette dernière su le sortir de ses réflexions.
Sortait-il seul? Naturellement, l'aurait-elle déjà vu accompagné? Oh, naturellement si on compte les nombreux banquets organisé par la mairie pour fêter telle ou telle chose, c'était généralement des raisons futiles trouvées à la hâte pour aller dîner à l'Algue qui pleure. Cette fois rien de cela, le monde était bien trop occupé à préparer le gala qui avait lu sous peu et par conséquent, on se réservait tous pour pouvoir savourer l'alcool qui y coulerait à flot et les mets les plus délicats préparé à prix d'or par le meilleur traiteur de la ville. Il y pensait déjà, se demandait avec qui il danserait cette fois-ci et quand finira-t-il sa soirée. Qu'importe, en ce moment, une jeune femme aux longs cheveux bruns se tenaient face à lui et semblait le connaître. C'était le cas, il connaissait la jeune femme depuis déjà bien longtemps, et un rictus amusé étirait ses lèvres lorsque l'idée de la connaître mieux qu'elle ne se connaissait elle même lui effleurait l'esprit.

Car oui, c'était le cas, Zooey était la fille d'un brillant homme d'affaire qu'il avait rencontré souvent, même lorsqu'il n'était que simple employé, un homme fidèle et loyal avec qui le maire aimait négocier, et lui aussi depuis peu. Seulement, ce que peu de gens savent, c'est que cet homme si parfait qui semble afficher une famille heureuse et riche avec femme et fille a entretenu une relation sulfureuse avec une des proches collègues du maire adjoint, une femme relativement influente qui travaille au service du maire en tant qu'espionne. Cette femme était tombé enceinte et avait mis au monde dans le plus grand des secrets cette jeune femme qui désormais se tenait devant lui. Bien sur, il était trop jeune pour en avoir été témoin, mais Century lui avait expliqué lorsque ce dernier avait commencer à lui demander les raisons qui la poussait parfois à se comporter de manière si étrange avec cet homme. Sans doute que le secret et le mensonge avaient réussit à effacer tout doutes sur ses origines, mais pour lui c'était une certitude, cette fille tenait de Century, et notamment sur le visage.

« Ah, tu ressembles à ta mère petite »fit-il après l'avoir regarder avec intensité, bien sur cette phrase était ambiguë et il savait que la jeune femme ne se douterait pas une seule seconde que la référence qu'il utilisait là n'était pas exactement celle qu'elle s'imaginait. Il ne lui dira jamais rien sur ces origines car la jeune femme était utile, de part son statut d'étudiante populaire de Stanford, elle lui apportait effectivement des informations parfois primordiales sur les rumeurs qui y circulaient. Lorsque celle-ci commença à s'inquiéter de sa santé il eut un rictus avant de prendre une gorgée de son verre de Scotch.

« Les affaires vont toujours bien à la mairie, tu devrais le savoir. » Fit-il d'abords, la jeune femme commanda alors un malibu et il jeta de quoi le payer au barman « Cadeau du maire adjoint pour la demoiselle » rajouta-t-il au serveur. Sans doute que sa galanterie lui avait permis de gagner quelques voix supplémentaires, des voix absolument pas négligeable. « La preuve, je me permet même de sortir. » conclu-t-il à l'attention de la demoiselle en face de lui. Finalement, il se demandait bien ce qu'elle faisait ici si tard.
« Et toi, que fais-tu ici? Le couvre feu de papa et maman n'est-il pas déjà passé? » Fit-il avec ironie. Il était au courant de pas mal de chose au sujet de sa vie, notamment de celle qu'elle fréquentait récemment un gars de Stanford dont il ne se souvint même plus du nom. Mais il savait aussi que pour la classe dont était issus Zooey, être lié à quelqu'un n'était pas une chose importante, cela devait être dans les gênes.
«Et comment va....ah...Je ne sais même plus son nom, Laurent c'est ça? » fit-il en riant, « ça n'a pas d'importance, raconte moi plutôt ce qu'il se passe à Stanford » il termina la dernière gorgée de son verre et fit signe au serveur de lui en apporter un autre. Finalement, la soirée s'annonçait bien mieux qu'il ne l'imaginait.

[J'ai essayer d'allonger, sans succès... Désolée T_T]

L’atmosphère qui règne dans des endroits comme l’Algue qui Pleure a un effet requinquant sur moi. Je me sens dans mon élément, et je sais que malgré les apparences, chaque personne présente ici ce soir cache bien des choses, moi y compris. Je connais chaque visage, jeunes, vieux, enfants. Tout ce monde de strass et de paillettes où se mêle argent, amour, trahison, alcool et drogue, j’ai appris à le connaître, à en démêler les plus sombres ficelles, pour y verser mon poison. Ils ne sont que des pions, nécessaires à mon avancée, et que je m’amuse à détruire lorsqu’ils deviennent inutiles… Combien de ces personnes ai-je en mon pouvoir ? Mon arme la plus redoutable reste le commérage. Les hommes sont les plus fragiles, contrairement à ce que l’ont pourrait penser. L’infidélité est beaucoup plus facile à créer chez eux que chez leurs compagnes. Certains ont visité ma couche et m’offre mille présents en échange de mon silence, d’autres ont succombés aux charmes de jeunes demoiselles. La seule chose qui me restait à faire ensuite était de les surprendre. J’ai toujours chez moi certaines photos compromettantes que quelques uns se feraient une joie de distribuer. Je contrôle mon monde comme je l’entends, sans que personne n’en sache rien. Et voir la plupart de mes pièces au même endroit me procure un sentiment de fierté. J’ai vendu mon âme et mon corps, mais je serais reine, et personne ne m’en empêchera, pas même mon interlocuteur du moment. Autour de nous, la conversation va bon train, sans que quelque chose d’intéressant se dégage de la masse de parole. Le gala seul intéressait l’élite et tous se demande sur qui il faudra faire bonne impression pour gagner tout les points. Je sens plusieurs regards sur moi, dont celui du maire adjoint.

Ah, tu ressembles à ta mère petite.

Mon regard se reporte vers le jeune homme en face de moi. Petite ? Le mot m’atteint comme une claque. Je ne dis rien, mais laisse mon regard l’accusé de tout les reproches. Et il a encore le culot de m’offrir mon verre ! Tant pis, je ne peux pas me permettre de me faire un ennemi en la personne du maire adjoint… Je souris et le remercie d’un hochement de tête. Tout va bien à la mairie, n’est-ce pas ? Ce n’est pas ce que tout le monde dit… Je hoche néanmoins la tête. L’endroit est mal choisi pour discuter de choses sérieuses. Les oreilles sont nombreuses et discrètes à cet endroit.

Et toi, que fais-tu ici? Le couvre feu de papa et maman n'est-il pas déjà passé?

Je ris. Cela fais bien longtemps que mes parents ne s’occupent plus de mes affaires. Du moins en apparence. Car je sais bien que mon père manigance quelque chose avec « son nouvel ami »…

« Vous savez, désobéir quelques fois ne fais pas de mal, surtout si cela permet de se retrouver en bonne compagnie… »

Sa confusion me fait rire.

« Mark va très bien, merci pour votre sollicitude. »

Sa seconde question est un peu plus délicate. Il recommande un verre, j’en fais de même et pose un billet de 50 pour payer nos deux verres.

« A Standford, les rumeurs sont toutes au prochain gala. Je peux juste vous dire ce que portera notre chère Madame Coulter, mais au-delà, je n’ai rien. »

C’est faux, évidemment. Mais je ne peux me permettre de parler de certaines choses avec un tel monde alentour. Je lui fais comprendre d’un regard que je veux lui en dire plus et en ouverture, je dis.

« Me feriez vous l’honneur de m’inviter à diner, mon cher ? »

L'hypocrisie est un art qu'il manipule avec grand soin et une expérience en la matière qu'il doit s'avouer bien avancée, aussi, il savait aisément repérer chez l'autre les méthodes qu'ils utilisaient pour parfaire cet art typique de l'élite dont le capitale bancaire était parfois plus grand que leur capacité intellectuelle. Ajoutez-y une pincée de manipulation et vous avez ici le stéréotype de la noblesse servit sur une plateau d'argent avec un filet de poison pour terminé le tout. Adrian faisait partie de ces hommes qui avaient vendu leur âmes pour quelques pièces d'or et le pouvoir, il était de ceux qui se fichait de ce qu'ils pouvaient faire tant que ce qui faisaient étaient à l'abri des regards indiscrets et apportaient plus de force. Beaucoup ici étaient dans son cas mais ne se contentaient que d'histoire de sexe ou d'alcool sans importance, non, lui était plus redoutable.

Le regard que lui avait porté la jeune femme lorsqu'il lui assura le bien être de la mairie le laissa perplexe, vous savez, ce genre de regard qui consiste à être d'accord avec quelqu'un sans en penser un traite mot, il avait souvent l'habitude de voir ce genre de considération basses et malsaines, lui même en était un adepte, cependant, ceux qui pensaient affaiblir la mairie en faisant douter la population de sa toute puissance faisaient radicalement fausse route. Jamais une autorité ne s'était porté aussi bien depuis l'ascension du maire Feguson à la tête de celles-ci. Rien que ce dernier trimestre en disait long sur le sujet, une dizaine de pour cent de chiffre d'affaire en plus et une majorité de personnes satisfaite par les actions du maire et surtout de son adjoint, un sourire fendait ses lèvres en pensant aux dernières élections et à tous ce qu'elles ont pu lui apporter. En vérité il se félicitait du travail qu'il avait accomplit à la mairie en compagnie du maire, et ceux qui prétendaient un malaise au sein de la mairie, pourrons le clamer haut et fort lorsqu'ils seront dans leurs tombes, c'est à dire dans les plus brefs délais si les noms venaient à tomber. Une idée alléchante venait de traverser l'esprit du maire adjoint.

Mais là n'était nullement la question, le gala était l'évènement à ne pas manquer dans la bourgeoisie, comme il l'a déjà pensé plusieurs fois et se trouver face à cette jeune femme, étudiante à Stanford et fille d'un récent proche collaborateur du maire, il lui serait utile de discuter avec elle pour sous tirer des informations qui auraient pu lui échapper, informations qui visiblement, ne semblait pas connaître la jeune femme aux cheveux bruns, du moins, c'est ce qu'elle semblait dire haut et fort, tout le monde ici savait que, ce qu'on clamait étaient souvent l'opposé d'une réalité bien plus drôle, ou sordide, c'est au choix.
« Vos parents devraient faire plus attention à vous », fit-il lorsque la jeune femme lui expliqua qu'elle aimait désobéir, une phrase qui avait presque faillit le déconcerté était arrivé ensuite, un sentiment qu'il ne connaissait pas naturellement mais qu'il feignait à la perfection, ce genre de chose était particulièrement utile notamment avec des femmes de sang pur, ou presque, qui pensent qu'elle peuvent avoir tout les hommes dans leur couche en claquant des doigts ou en les complimentant, le maire adjoint pouvait presque se vanter de ne pas faire partie de ce genre d'homme, même si il n'était pas rare pour lui de partager la couche avec l'une d'entre elles, ne serait-ce qu'une nuit. Une femme conquise pouvait très facilement devenir une allié il le savait.

Ainsi donc, la jeune Zooey semblait en savoir plus que ce qu'elle semblait dire, ma fois, voulait-elle jouer? Très bien, jouons donc dans ce cas, avait-il pensé en voyant l'expression de la demoiselle et ses multiples sous entendus qui avaient, malgré lui, éveiller sa curiosité.
L'inviter à dîner? Voyez vous ça, la famille Passmore n'aurait-elle plus assez d'argent pour permettre à leur fille bâtarde de manger décemment? A moins que ça ne soit qu'un fin stratège d'une tigresse pour attirer sa proie. Qu'importe, il aimait les jeux mesquins et les pièges faussement tendu, ce genre de petit jeu allait rendre sa soirée moins monotone qu'à ses habitudes.
« Vous offrir à dîner? Vous êtes à court d'argent de poche? » fit-il d'abord sur le ton de l'humour, laissant échapper un ricanement glacial, puis, levant les yeux vers la jeune femme, il l'observa à travers ses larges lunettes affichant son plus beau sourire en coin. Bien sur qu'il l'inviterait, mais faisons lui d'abords comprendre que ce dîner devra être rembourser, voir même remboursé le double de ce qu'il a coûter, de quelconque manière que ça soit.
« Et puis-je savoir quelle bonne raison j'aurais de vous inviter? »
Il attendit que la jeune femme réponde, puis finalement, lorsque celle-ci lui eut offert les arguments qu'ils souhaitent, il fit signe au patron afin d'avoir sa table habituelle, une table deux personnes située à l'étage où rares étaient ceux qui avaient le porte monnaie pour s'offrir une telle place à l'Algue qui pleure, sans doute uniquement les hautes autorités de la mairie, et encore, certains seulement. Lorsque l'homme leur fit prendre place, Adrian se contenta un instant de considéré les lieux, déjà bien plus calme qu'un rez-de-chaussée l'étage n'avait qu'une dizaine d'occupants séparés par des tables vides. Sa table à lui était celle situé prêt d'une baie vitrée donnant sur le centre ville. Après avoir salué quelque connaissance et pris place face à la jeune fille, il n'alla pas par quatre chemins.
« Et donc, de quoi souhaites tu me parler? De la dernière histoire sordide de ta promo? »

Je sais que tenter de séduire un homme tel qu’Adrian revient à essayer d’assécher un océan, mais me donner des allures de fille facile m’avait sortit de plusieurs situations, et m’avait même permit d’avoir plusieurs informations cruciales. Et chaque homme qui se vante de me posséder totalement ment. J’ai cependant des informations qui se vendent à prix d’or, et il ne peut se permettre de les ignorer. Je suis bien placée pour savoir que l’on ne refuse pas une possible ouverture. Même si l’on est au courant, le risque de manquer quelque chose est grand. Je m’interroge quand même sur la teneur de mon renseignement. S’il est déjà au courant, je perds un peu de son estime. Tant pis, je tente le coup.
Je ne réagis pas lorsqu’il me dit que mes parents doivent faire plus attention à moi… A leurs yeux, je suis la petite fille modèle, la sainte nitouche qui ne vit que pour ses études. Quelle ironie ! S’ils savaient tout ce que je fais, ils en perdraient la tête ! Je me cantonne donc à mon rôle de princesse de verre, élève studieuse et jeune fille bien élevée, ce que la plupart semble croire. Même monsieur le maire adjoint ! J’ai un peu l’impression qu’il me prend pour une enfant naïve, capricieuse mais inexpérimentée. S’il y croyait, laissons passer. Même si le fait d’être traitée comme une gamine est la chose qui m’énerve le plus. Je sirote l’alcool d’un air détaché. Si cet homme avait réussit à mettre la main sur notre maire bien-aimé, ses sarcasmes ont tendance à m’énerver. Heureusement, je suis l’une des plus grandes hypocrites et je garde toujours mon sourire. Et puis, Adrian est un joueur, et il n’est pas si méchant qu’il y parait. Enfin, pour ses alliés…

Vous offrir à dîner? Vous êtes à court d'argent de poche?

Je souris. Le montant de mon « argent de poche » doit à peu près faire son salaire, preuve que l’immobilier est un secteur important. Ajoutez à cela ma chance aux jeux d’argent et voilà une bonne fortune pour la famille Passmore !

« Les temps ne sont pas roses pour tous, vous savez ? »

En disant cela, je le mets sur la piste. Qui a dit qu’une femme ne parle pas finances ? Dans ce cas, il ne m’a pas encore rencontrée. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai pris la filière économique de Standford. Mais il ne faut pas être un génie pour deviner que tout ne va pas bien… Je reprends une gorgée de mon verre lorsqu’il me demande les raisons qui le pousseraient à m’offrir un repas. Je sais bien évidemment que ce ne sera pas gratuit, ce qu’il me fait comprendre par un regard appuyé. Nullement décontenancée, je lui réponds en soutenant son regard

« Voudriez-vous perdre l’estime de mon père ? »

Petit sourire en coin. Bien sûr, perdre mon père ne lui ferait rien. Enfin, peut être que ce dernier rachèterait la mairie… Il en est capable, j’en suis certaine.

« Disons plutôt que vous ne voudriez pas passer à coté de nouvelles rencontres particulièrement… intéressantes »

Le maire adjoint fait un petit signe au patron et nous voila partit vers les hauteurs de l’Algue. Tout ici est beaucoup plus calme. Seules quelques personnes se restaurent, toutes éloignées de la table vers laquelle nous nous dirigeons. Adrian salue quelques hommes de sa connaissance, que je salue aussi. Enfin nous nous asseyons. Au dessous de nous, on peut apercevoir les rues encore animées de Chatam. Je comprends pourquoi cet homme avide de pouvoir a choisit cette table. Le monde s’étend à nos pieds, pouvant faire surgir chez n’importe qui un sentiment de victoire sur ces habitants soumis à la drogue, à l’argent, au sexe… On nous apporte la carte.

Et donc, de quoi souhaites tu me parler? De la dernière histoire sordide de ta promo?

Je ris. Pourquoi donc faut-il qu’il me traite de la sorte ?

« Oui, bien sûr ! Ils ont incendiés les poubelles de la fac ! »

Quelle idiotie… Comme si, moi, Zoey Passmore, j’allais donner rendez vous au maire adjoint pour une histoire estudiantine… En me penchant un peu vers mon compagnon, je minaude :

« Je ne savais pas que tu avais une opinion si puérile de moi. Peut-être devrais-je te prouver le contraire, lorsque nous serons seuls ? »

Je murmure ces derniers mots à son oreille. Puis je reviens rapidement à ma place. Un serveur nous apporte du champagne. Les yeux tournés vers le ciel à présent noir et faisant tourner le liquide pétillant dans le verre, je demande

« Es-tu sûr que les caisses vont bien ? Après tout, les salaires des employés sont exhorbitants, tu ne trouve pas ? Et l’Université est un investissement de taille ! Il faudrait vraiment qu’il soit sûr pour que vous y mettiez autant à la mairie… »

Voila le sujet lancé. J’attends avec impatience la réaction de mon interlocuteur, un sourire au coin des lèvres.

Il cru un instant mourir de rire, quelle humour qu'elle avait là. En simple raison pour lui offrir un dîner elle se contenta de rétorquer ce genre de phrase que toutes les femmes aimaient dire, ce genre de phrase qui consiste à semer le doute, ce genre de phrase qui laisse planer des soupçons qui donnent envie d'en savoir plus.
Le maire adjoint se retint de rire, il se contentait simplement d'un rictus amusé, même un peu moqueur il devait bien l'avouer. La référence à son père le conforte dans son idée, cette jeune femme est une fille à papa qui rentre dans ses petits souliers dés que celui-ci élève la voix, ou qui se réfugie dans son dos aux moindres problèmes.
Voulait-il prendre l'estime de Michael Passmore? Il s'en fichait, cet homme était un proche du maire, pas un de ses collaborateurs, il n'avait donc strictement rien à perdre avec l'estime de ce dernier.

« Votre père traficote avec le maire, pas avec moi, je m'en moque » avait-il répondu, sourire aux lèvres, il fixait la jeune femme dans le fond des yeux. Bien sur qu'il s'en fichait, car de toute manière son père serait toujours à la botte du maire et ce qu'ils savaient, lui et Dorian, sur ses petites parties de jambes en l'air accidentelles qu'il s'était offert avec une employée de la mairie le confortait dans l'idée que monsieur Passmore n'était pas prêt de quitter sa grande collaboration avec la mairie de si tôt, au risque de voir Adrian particulièrement bavard soudainement, surtout avec certains journaliste.
Surtout avec une certaine jeune femme qui se tenait face à lui et pensait le dominer avec quelques phrases jetées en l'air comme des menaces.
A table, le maire adjoint contemple le paysage qu'il a coutume d'admirer ici, les néons brillants des magasins, les lueurs des phares, les gens marchant et discutant ne se doutant pas un seul instant qu'ils sont observé. Le vieux Chatam est vraiment un endroit merveilleux, ce genre d'endroit où on rêve vivre, entre vestige et modernité, entre richesse et luxe, rien ni personnes ne peut rester insensible au charme de cette partie de l'île.
Il fut sortit de ses pensés lorsque le serveur leur amène la carte, la considérant d'un air désintéressé il semblait déjà certain de ce qu'il allait prendre, sans doute le meilleur vin de leur cave accompagner d'un repas copieux sans l'être trop. Après dix minutes le serveur revint prendre commande et c'est d'une voix monocorde qu'il lui dicta les plats commandés. Enfin, ils se trouvèrent face à face, seuls.

Zooey ne pu répliquer qu'avec ironie à la première question d'Adrian, ce genre de remarque qui lui confirmait que la jeune fille était puérile et se prenait réellement pour ce qu'elle n'était pas, qu'importe, il avait besoin d'elle et il allait visiblement bien pouvoir en profiter, c'était ce qu'il voulait au fond. Elle se penche alors vers lui, si proche qu'il lui est difficile de ne pas sentir son parfum, elle murmura les derniers mots de sa phrase d'une manière étrange et suave, il sourit, visiblement elle avait choisit comment rembourser le repas qu'il lui offrait, cela ne l'étonnait qu'à moitié d'une fille comme elle.
« Depuis quand me tutoies-tu? » avait-il rétorqué, bien sur, il n'était pas insensible aux charmes des femmes, mais il savait que montrer que ceux-ci agissaient étaient une grave erreur. Il acheva sa question par un sourire lourd de sous entendu, ce genre de sourire qui disait bien plus qu'un long discours.
Le sujet était ensuite lancé, visiblement la jeune femme se considérait déjà comme l'unique héritière de son père, ce qu'elle était malgré ses origines de bâtarde, l'argent allait donc être le sujet de prédilection de cette soirée, à l'Algue qui pleure en tout cas, pour la suite l'avenir nous le dira.
«  J'admets que l'université est un investissement important pour nous, ton père le sait également, seulement ce qu'il semble oublier c'est que le maire est intelligent et qu'il n'investit jamais de telle somme sans avoir de raison valable. Et même si tout cela te semble abstrait, saches que les soucis financier à la mairie sont inexistants » Et c'était le cas, depuis l'arrivée de Dorian à la tête de la mairie elle ne s'était jamais porté aussi bien, tout autant que la ville d'ailleurs. Il réfléchis, voilà que Zooey lui avait inspiré une idée géniale. Elle voulait jouer sur les rumeurs et les « ont dit »? Bien, dans ce cas, ils allaient jouer ensemble, il prit son verre de son vin et en bu un infime gorgé, ce genre de gorgé qui humidifie simplement les lèvres et qui permet de savourer un vin de qualité, c'était le cas, la musique qu'il pouvait entendre en bas et les brouhahas interminables du restaurant lui donne une couverture suffisante pour lancer l'hameçon, et attendre qui mordrait.

« Je ne peux pas en dire autant de certaine finance vois-tu? Vu que tu sembles t'y connaître, j'ai presque envie de te faire une confidence, vraiment, mais j'ignore si tu es quelqu'un de confiance, de plus je te paye déjà le dîner, si tu es sage, peut être que je t'en dirai plus, mais saches en tout cas que ce soucis financier nous concerne tous, même ton géniteur. »

Il bu à nouveau une gorgé de son verre, observant la jeune femme en face de lui, il eut à peine terminé sa phrase que le serveur amenait déjà les premiers plats, le dîner sera long.

Comme simple réponse il lui sourit, observant le vin au fond de son verre, elle était perspicace cette petite, l'aurait-il sous estimé? Très probablement, même s'il se doutait que c'était le genre de femme à savoir ce qu'elle veut et comment l'obtenir, pour cela, elle tenait de sa chère mère, enfin, pas de celle qu'elle considérait comme telle en tout cas.
Il l'écoute avec grande attention, les dépenses de madame Coulter? Nous y voilà, comment avait-elle apprit cela? Adrian le saurait en temps et en heure, mais oui, c'était bien cela qui allait occuper la conversation ce soir, les dépenses de madame Coulter, et plus précisément celles de Stanford.
Il se souvint de cet après midi où le maire avait été contacté par Jensen, gestionnaire des finances ce type avait été placé au poste qui lui convenait le mieux, économiste pure souche issue d'une des meilleures universités du monde il pleurait chaque pièce qui quittaient son porte-feuille et criait à la gloire lorsqu'il arrivait à en économiser ne serait-ce qu'une. Bref, ni lui ni le maire n'avait un jour oser mettre sa parole en doute tant ses calculs étaient précis, ses conseils efficaces, et ses décisions brillantes, bref, cet après midi Jensen les avait contacté, quelques mois auparavant il avait eut des doutes plus ou moins fondés sur le fait que Stanford réclamait sans cesse plus de subsides pour des raisons inconnues, jusque là, rien d'anormale, une université qui grandit à besoin de plus d'argent, sauf que cette fois c'était différent. Jensen avait soupçonné que ces demandes de plus en plus fréquentes et importantes étaient anormales, le maire avait ensuite donné le feu vert pour des investigations plus poussée, et le verdict est tombé, soit on détournait l'argent dans Stanford, soit Stanford s'en mettait plein les poches, dans les deux cas, il fallait en connaître la raison, et ils l'avaient tout récemment trouvée.
Mais ça, bien sur, il ne le dirait pas à Zooey, il se contenterait de signaler le fait que des doutes commence à naître au sein de la mairie quant à des éventuels détournements à Stanford, mais il n'ira pas plus loin, car même encore pour eux, si ils ont trouvé un responsable, tout reste flou, suffisamment flou pour ne pas ébruiter l'affaire, surtout pas avec elle.

« Ah bon? Tu ne dépends plus de lui » répond-t-il à la jeune femme lorsqu'elle lui signala ne plus dépendre de son père. «  Et puis-je savoir comment tu fais pour ne plus dépendre de lui? En dînant aux crochets des hommes riches de la ville? » fit-il avec ironie, un rictus fendait ses lèvres tandis qu'il porta son verre de vin à sa bouche pour en prendre une gorgée. Visiblement, le problème semblait l'intéresser, mais ça ce n'était pas une surprise, ça serait plutôt l'inverse qui aurait pu le surprendre, mais soit, le poisson mordait à l'hameçon, ne restait plus qu'à voir comment la situation allait désormais tourner.

«  Moi avare? Tu fais erreur jeune fille, je suis économe, et ton savoir faire sur l'argent devrait savoir la différence entre ces deux termes » fit-il, le sourire toujours affiché à ses lèvres tandis qu'il ne cessa d'observer la jeune femme de ses yeux noisettes. Et lorsque la jeune femme lui demanda quel sens il avait pour le mot sage, il sourit franchement, prenant à nouveau une gorgée de son verre de vin avant de se pencher doucement vers elle.
« J'ai toutes une série de définitions qui varient selon la situation » fit-il avant de se remettre à sa place et d'entamer son plat, jamais il ne pourrait mieux dîner qu'ici, rien n'était laisser au hasard et on en avait pour l'argent qu'on y déboursait.

« Délicieux repas n'est-ce pas? Mais qu'importe, et si je commençais à te raconter ma petite histoire, je suis sur que tu vas adorer. » fit-il, buvant à nouveau une gorgée de vin.

« La mairie a enquêté sur les dépenses de Stanford » fit-il alors doucement, se penchant à nouveau légèrement sur la table. «  Je te laisse deviner ce que nous avons pu y trouver, mais crois-moi, même ta notion de jeter l'argent par les fenêtres semblent stupides face à cela. »
Il cessa, se reposant à nouveau sur son fauteuil, demandant au serveur de lui resservir un fond de vin, avait-il éveiller la curiosité chez son invité? Certainement. Du moins il le supposait, c'était une fille de fric, causer argent aussi bien avec son père qu'avec elle et vous les hypnotiser.

Elle ne manquait décidément pas d'air, elle osait prétendre l'avoir abusé, lui? Comme si une gamine de ce genre pouvait le berner, rassures-toi petite, si je te paye le repas ce soir c'est que j'ai un gain à la clef et que j'en ai les moyens, avait-il pensé, simplement pensé, car en vérité il se contenta simplement de sourire à la jeune femme avant de prendre à nouveau une gorgée de vin. Alors comme ça tu n'es pas sous le joug d'une autorité? Quelle blague, que faisait-elle là en ce moment dans ce cas. Là aussi il ne préférait pas prononcer un traître mot de ce qu'il pensait, préférant largement faire la conversation à son assiette plutôt qu'à la jeune fille qui semblait rapidement monter sur ses grands chevaux, qu'importe, qu'il continue.
Et la voilà partie sur la définition de avare, Adrian sourit, mais finalement il ne pu qu'éclater d'un rire franc, bravo petite, tu connais la définition, mais Adrian n'avait rien d'un avare, que du contraire, si il était là, ce soir, à la table de Zooey ce n'était pas pour rien, d'autant plus qu'il allait dépenser une fortune pour restaurer la demoiselle, si ça ce n'était pas inutile.

« Dans ce cas » commença-t-il. «  Je ne suis ni économe, ni avare » rétorqua-t-il en faisant référence au repas de ce soir, qu'on pouvait facilement considérer comme une dépense inutile. Un court instant il cru que la jeune femme lui souriait avec sincérité, serait-ce possible qu'une fille comme elle soit un tant soit peu sincère? Qu'importe, là n'était pas l'important, ce sourire pouvait signifier du bon comme du mauvais, soit elle commençait à avoir confiance soit elle tentait de l'avoir à sa botte, la première solution l'arrangeait mieux il fallait bien l'avouer.
Finalement, le sujet principale revient sur la table, celui des dépenses de Stanford, elle semble s'y connaître dans le domaine, chose qui ne l'étonne nullement.
Mademoiselle Coulter n'y serait pour rien selon elle? La pauvre petite Zooey ne semble pas autant au courant qu'elle ne semble le vanter, en effet, pour de telle demande de subside, c'est la directrice elle même qui doit signer les papiers et les hommes soupçonnés, enfin, l'homme dans ce cas ci, est un proche collaborateur de la directrice de Stanford, il sourit, s'accoudant à la table il lança un regard persan à la jeune femme en face de lui, un rictus sur les lèvres il fit tourner le fond de vin dans son verre alors qu'il narguait la jeune femme.

« Ah oui? Pour toi donc, mademoiselle Coulter est blanche comme neige.. » il marque une pause, puis reprit dans un murmure «  Et comment peux-tu en être aussi sur? »

Il aurait bien sur pu simplement tout lui dire, lui dire qu'au vu des preuves non, Coulter était impliquée dans l'affaire, de prés ou de loin, mais cela aurait été bien trop facile pour la jeune femme de se ranger dans son avis, pourquoi ne pas la laisser parler elle qui semble si bavarde? Avec un peu de chance elle laissera échapper des informations que lui n'avait pas encore et tout le monde serait content. Et tandis qu'il laissa à la jeune femme l'occasion de répondre le serveur vint reprendre leur assiette vide. C'était une chose qu'il aimait à l'Algue qui pleure c'était que très souvent on ne laissait pas le temps aux clients de patienter, le repas était désormais terminé et l'homme vint avec la carte des desserts, il hésitait, prendre un café ou pousser le vice jusqu'à prendre un dessert. Le maire adjoint avait toujours eut un faible pour le dessert au chocolat fait main que vantait l'établissement et pas à tord. Finalement, il se dit qu'un café serait bien suffisant, le repas ayant été très copieux.

« Et si je te disais que Coulter n'était pas si innocente que tu sembles le clamer? » fit-il alors après que la jeune femme lui ai répondu. «  Mais je ne peux t'en dire plus, le reste et naturellement confidentiel. »

Des rires étouffés nous parviennent depuis l'autre côté de la salle. Il commence à se faire tard et le restaurant se vide peu à peu. Pourtant, j'ai l'impression que la soirée ne vient que de commencer. Ce qui sera probablement le cas. J'avais été trop impliquée dans mes paroles, et elles avaient été mal interprétées. Coulter, blanche comme neige ? Pire mensonge que l'on puisse faire. Tout être vivant a une part sombre en lui, et notre chère directrice ne faisait sûrement pas exception à la règle ! Je pense juste que Coulter ne détourne pas l'argent a des fins personnelles et que quelqu'un a assez d'influence sur elle pour la convaincre de dépenser... ou d'investir. Mais finalement, c'est mieux ainsi. Qu'il ne sache pas tout... Je dois trouver qui se joue de la directrice pour mieux vendre cette information plus tard. Et pour cela, je dois entrer dans le club très fermé des très proches de la directrice...

« Mademoiselle Coulter est très attachée à Standford, elle ne prendrait pas le risque de la perdre. À moins qu’elle n’ait trouvé autre chose, qui lui assurerait un meilleur avenir. »

La voilà la solution. Je ne sais pas de quoi il s’agit, mais je suis persuadée qu’Evangeline a trouvé un autre moyen de financement. Un placement aussi sûr que la mairie. Si elle arrive à ses fins (si c’est bien ce que je pense), elle serait définitivement détachée de la mairie. La politique est un terrain dangereux en argent. Le peuple est peu prévisible et l’on peut changer de parti en moins d’un mois. Ainsi, toutes les entreprises rattachées au pouvoir précédemment en place perdrait du poids, au profit de celles qui seraient à la botte du nouveau. Je me jure de ne jamais compter sur les hommes politiques, dans n’importe quel domaine.

Le repas touche à sa fin. Je finis ma dernière gorgée de champagne lorsque le serveur vient nos reprendre nos plats vides. Il est rare que je mange autant, préférant les menus « light » afin de garder la ligne. Bien que je ne pense pas que ce soit nécessaire. J’ai un corps de déesse. Ce que mon hôte ne va pas tarder a découvrir si je ne m’abuse. Je ris intérieurement. Lui comme moi savons comment va se finir cette soirée, mais aucun de nous deux n’en parle. Je le soupçonne même de ne pas me croire capable de ce genre de chose ! Enfin, il verra ce qu’il verra. Je l’imite en commandant un café.

« Je comprends que ce soit confidentiel. Il serait dommage que certaines informations soient révélées aux mauvaises personnes… Mais rassure-toi, je sais toujours a qui confier mes secrets, c’est à dire à personne… »

Menace à peine dissimulée, en même temps qu’une parole qui se veut rassurante. Décidement, je fais des progrès !

« En attendant » dis-je en reposant ma tasse, « cette discussion m’a épuisée… Je devrais peut-être rentrer… »

Je guette sa réaction.

« Mais au fait, nous sommes voisins, n’est-ce pas ? Et si l’on faisait la route ensemble ? »

Visiblement, la soirée devenait de plus en plus intéressante. Si Zooey semblait plus ou moins comprendre ce qui se tramait avec mademoiselle Coulter, elle ne semblait pas avoir exactement mit le doigt dessus. Et dieu seul savait à quoi pouvait penser ce type de femme lorsqu'on lui confiait ce genre de confidence. Elle devait certainement en connaître un rayon sur le sujet, suffisamment en tout cas pour que ce que lui avait annoncé le maire lui donne envie de ne pas se passer de sa compagnie, ou en tout cas pas tout de suite. Et tandis que le restaurant se vidait peu à peu, signe de l'heure qui ne cessait d'avancer. Eux restaient simplement là, face à face à achever le dernier plat du menu. Et malgré le fait que la nuit régnait désormais en maîtresse, la chaleur du restaurant ne s'apaisait nullement, que du contraire, le climat actuel de l'île n'offrait pas de grande fraîcheur et l'intérieur des bâtiments gardaient la chaleur torride des journées ensoleillées et ce même la nuit et même si la climatisation semblait tourner à plein régime elle n'atténuait en rien.

«  Tu vois juste concernant la directrice de Stanford, mais ne t'attends pas à en savoir davantage sur la question. Je suis sur que tu as déjà ta petite idée sur le sujet. » un petit rictus se dessinait sur les lèvres du maire adjoint tandis que son verre de vin rendait son dernier soupir. Quelques minutes encore et le serveur vint débarrasser leurs assiettes vides. Ce repas était excellent comme toujours. La table était désormais vide de toute tentation, et l'heure défilait encore à une allure qu'il n'aurait jamais pu penser. La fermeture du restaurant était proche et lorsque la jeune femme lui suggéra de quitter les lieux il ne pu qu'approuver d'un signe de tête. Ainsi elle savait ne pas confier ses secrêts? Il hésitait à lui rire au nez et à perdre toutes ses chances de se servir d'elle plus tard ou simplement de lui adresser un sourire courtois, la seconde solution s'imposait d'elle même.

« Laisse moi donc te dire une chose... » il plongea alors son regard dans le sien. «  Personne ne peux garder un secret pour lui, et ce quelqu'il soit. Oh, naturellement, il peut rester un certain temps à le taire, mais finalement l'envie de le crier haut et fort est bien trop...Intense pour ne pas qu'il y succombe. Les secrets sont souvent les meilleurs armes contre nos ennemis...n'est-ce pas? »

C'est alors que Zooey lui rappela un détail qu'il semblait avoir oublié, lui et elle habitait le même quartier et c'est avec une fougue déconcertante – mais bien digne d'elle – qu'elle lui suggéra de la raccompagner jusqu'à son appartement.

«  Voilà sans doute la meilleure idée que tu me suggères ce soir, mademoiselle Passmore » fit-il alors avec un large sourire alors qu'il lui tendait son bras. Ils s'avancèrent alors vers le comptoir et le maire adjoint paya simplement l'addition avant de saluer le patron d'une poignée de main et de quelques compliments très bien placés qui ferait honneur à son ego. Quittant ainsi les lieux il ne pu qu'apprécier le changement de température. Observant la ville en effervescence avant de se tourner vers son invitée pour lui signaler qu'il était venu à pied.

« Nous ne sommes pas loin de nos résidences, une promenade serait-elle à ta convenance? » fit-il alors, et après avoir attendu la réponse de la jeune femme ils se mirent à marcher sur la longue avenue menant au vieux Chatam. Dix minutes étaient amplement suffisantes pour arriver sur place.

Le repas se termine sur quelques notes de piano diffusée par les enceintes discrètes apposées aux murs. Nous nous levons et descendons les escaliers. Adrian paye la note et nous sortons enfin. Dehors, la température a baissé. Out la chaleur torride et bienvenue à la petite brise fraîche qui fait danser mes cheveux. J’avais joué mon rôle à la perfection. Le maire adjoint me considérait comme une enfant trop bavarde. Je m’étais créé une place stratégique. Avec un peu de chance, il m’utiliserait comme espionne en m’orientant sur ce que je devais chercher. Libre à moi, plus tard, de choisir les informations que je divulguerais. En somme, je me suis bien débrouillée… Mr Clarkson est bien loin de me connaître, mais cela, il ne le sait pas. Ou du moins pas encore. J’acquiesce lorsqu’il me propose une promenade. Après tout, je suis aussi venue à pied, bien qu’un simple texto me permette d’avoir un véhicule dans la minute.

Je souris en me remémorant le discours qu’il a tenu sur les secrets qui deviennent armes. Au moins, nous avons la même vision des choses, c’est déjà un bon point. La ville est belle, tout y brille. Mais il suffit de gratter la surface pour y découvrir tous les vices. Mensonge, avarice, luxure… Voila le lot quotidien de Chatam et de sa charmante élite. Je me demande parfois qui je serais si je n’avais pas baigné dans cette atmosphère… originale. Enfin, pour l’instant, restons concentrer sur le sujet de la mairie et de l’université.

« Je suppose que vous ne savez pas vraiment qui récupère l’argent… Mes services vous seraient probablement utiles, n’est-ce pas ? »

Je lui souris innocemment.

« Enfin, considères cela comme le remboursement du diner. »

*Avec un petit plus que tu découvriras bien assez tôt !* pensais-je. Moi ? Fille facile ? Jamais ! Mais, c’est prouvé, les hommes sont tous attirés par les femmes qu’ils peuvent occasionnellement mettre dans leur lit. Et Mark n’est pas là depuis bien longtemps…

Nous étions déjà arrivés à la résidence avant que je ne m’en aperçoive, trop plongée dans mes pensées… Que dois-je faire, encore ? Ah oui ! M’inviter chez lui !

[Sujet Clos ?]