Invitée à l'improviste [Clarkson]

« Tu es sérieuse? »

La brunette en face de moi hochait hâtivement la tête, assise sur le rebord de son canapé je considérais ses yeux bleus perçants qui contrastait avec sa peau hâlé de ses origines mexicaines, ses long cheveux noirs attachés en queue de cheval dégageait son visage parfait et aussi bronzé que le miens était blanc. C'était comme ça, je n'ai jamais su attraper de belles couleurs en été, avec elle on décrétait que c'était la maladie de l'avocat, enfermé dans son bureau en permanence en attendant que ses dossiers soient bouclés et qu'elle seule avait la chance de garder ce teint toute l'année. Bref, où en était-je déjà? A oui, j'étais chez elle ce midi pour dîner, la coutume entre nous était qu'une fois par semaine on se dégagent un temps de midi pour se retrouver et discuter autour d'un verre, dehors la chaleur était trop intenable pour qu'on puissent rester à siroter un cocktail en terrasse et nous avions préféré nous rendre chez elle: un appartement en centre ville, décorer avec simplicité et raffinement, la grande classe selon Ellyxir Stevens.

Ell? Il s'agit de ma meilleure amie, ma copine de fac et de boulot, en fait on a presque passé toute notre vie ensemble, avec nos joies, nos peines et nos éternels conflits. Seulement, aujourd'hui, ce qu'elle me proposait était inédit, dans le genre surprise elle avait fait fort, et c'était une réelle aubaine. Dans quelques jours allait effectivement avoir lieu l'anniversaire de Dorian Feguson, pour son xième anniversaire – je n'ai pas que ça à faire de me soucier de son âge – il a décidé, comme chaque années d'accord – d'organiser une grande soirée dans sa villa privée sur la plage. Seuls ses proches amis et les membres de la mairie y étaient convié, vous aurez donc aisément compris que la petite lambda que je suis n'y avait, initialement pas sa place.

Je dis bien initialement, car aujourd'hui, Ell m'avait donné l'occasion, à moi et à moi seule, d'en faire partie. En tant que membre de la mairie elle y était naturellement invitée et avait le droit d'y emmener quelqu'un, et la connaissant je savais qu'elle n'inviterait aucun hommes qui pourtant se hâtaient devant elle ne serait-ce que pour aller s'afficher la bas. Sans importance, avec cette carte dans mon jeu, il était clair que je ne perdrais plus la face devant le patron, mieux encore, que j'allais écraser cette femme qui semblait avoir attirer toute l'attention le soir du gala, qu'elle soit certaine qu'un jour où l'autre je l'enverrai dans un asile pour qu'elle puisse en toute liberté parler aux esprits.
Grâce à cette invitation, je bénéficierai d'une oreille attentive d'Alexander et des autres, il était presque certain que je sois la seule de la société à y être convié et cette idée me fit doucement sourire. Je m'imaginais déjà triomphante leur annoncer ma présence là bas et le visage déconfit de Katy. J'en jubilais, jusqu'au moment où autre chose me vint en tête, enfin plutôt une autre personne qui y serait inévitablement. Le maire adjoint.
Il m'était difficile de penser à lui, enfin, plutôt, il m'était impossible de ne pas penser à lui. Mon travail de ce soir là me poussera naturellement à le rencontrer et à discuter avec lui, ce qui s'était passer le soir du gala m'était resté en travers de la gorge comme l'arrière goût d'alcool que j'avais bu. Pourtant je n'en regrettais rien et j'étais même surprise de me rendre compte qu'en vérité, je ne serais pas contre que ça se reproduise.
Ell me sorti de mes songes, je lui souris, cette soirée, Adrian Clarkson, ma gloire imminente, tout cela avait fait que j'affichais désormais un visage radieux et si je n'avais pas été d'une fierté maladive sans doute me serais-je jetée dans les bras de cette meilleure amie qui ne se rendait absolument pas compte de la joie qu'elle me faisait.


Ce soir était arrivé plus vite que prévu, et déjà, je me tenais devant l'imposant manoir du maire, un sourire aux lèvres je m'avançais triomphante vers le calice de ma gloire certaine. Déjà, la foule se grouillait à l'intérieur du hall gigantesque et magnifiquement décoré qu'était celui du maire. Les plateaux de champagne dansaient autour de moi mais je me refusais d'y goûter, pas tout de suite en tout cas. Ellyxir me quitta quelques minutes après notre entrée, expliquant qu'elle devait rencontrer un certain nombre de ses collègues pour discuter affaires et détentes, elle m'abandonnait alors dans ce flot d'inconnu, de rapaces et de fauves tous plus affamés les uns que les autres.
Il était d'ailleurs temps de parcourir la salle du regard, peu de visages m'étaient connu mais j'eus la surprise d'y croiser Roy au bras de la fille du maire, rien d'étonnant, je savais bien qu'il entretenait un rapport privilégié avec elle et un rictus me vint aux lèvres lorsque l'idée qu'il tente de la séduire me traversa l'esprit. Bien joué Roy, quelques verres de champagne et l'union la plus empoissonnée de l'île se concrétiserait ce soir.
J'étais finalement rassurée de rencontrer certaines têtes connues de mon métier d'avocate, les saluant avec un vif intérêts j'échangeais quelques mots avec eux avant de continuer ma promenade dans ce bain de foule, c'est alors que je le vis.

L'élégance avait un nom ce soir, et elle était devant moi. Un sourire aux lèvres je restais un instant figé, adossé à un mur il conversait avec un homme aux cheveux châtains clairs et aux yeux aussi clairs que les siens étaient brun. Un étrange sentiment de malaise s'éprit de moi, je mourrais d'envie d'attirer son attention, d'engager la discussion avec cet homme qui pourtant était sensé être mon ennemi. Dans cette manière que j'avais de vouloir jouer avec le feu, je ne me reconnaissais plus, c'était comme si la Malika que j'étais jadis avait disparut au moment où il était apparut devant mes yeux. L'envie de discuter avec lui, non pas pour l'espionner mais pour le connaître davantage me démangeait de plus en plus, mais la question était de savoir comment l'aborder. Sans doute aurais-je été saoule comme ce «  fameux » soir et je ne me serais pas poser la question, hélas, j'avais préféré attendre.... C'est alors que vint passer ma muse, une serveuse arborant un plateau d'argent avec plusieurs coupes de champagne pleines qui ne demandait qu'à être prise, sans attendre , voyant en plus que la discussion semblait se conclure entre lui et son interlocuteur, je me ruais à l'assaut de la porteuse de plateau et lui dérobait deux flûtes à la foulée, la remerciant je me hâtais d'un pas sur et d'un visage souriant vers l'homme en question, qui n'avait pas eu le temps de quitter les lieux.

« Monsieur Clarkson ! » commençais-je alors m'avançant vers lui en lui tendant son verre, j'avais bien remarquer qu'il n'en avait aucun. «  Je vous mentirais si je vous assurais être surprise par votre présence ici. » j'affichais mon plus beau sourire, aussi grande était mon ambition à Hope, tout semblait s'effondrer à l'instant où je posais le regard sur lui.