Simple visite de courtoisie ? [PV]

Elle s'attendait à ce petit papier. Elle ne savait juste pas quand il allait venir. Ce matin ou un autre, tôt ou tard, elle devait y aller.
Alors que le soleil pointait ses couleurs orangées à l'horizon, Maria émergeait d'un sommeil sans rêves, doux comme la mélodie d'un piano. Encore allongée, elle s'étira, un léger sourire balayant son visage. Quoi de mieux qu'un beau matin, où l'on peut traîner un peu ? Pour une fois qu'elle voulait ne pas trop bouger... Elle se leva néanmoins, d'un mouvement léger et gracile, poussée par la sensation de faim. Elle ouvrit son placard, prenant grand soin de ne pas faire de bruit. S'arrêtant une milli-seconde, elle comprit que le silence était inutile, car elle était seule dans sa chambre. Solène était rentrée chez elle pour y passer le reste des vacances... Elle soupira. Bien qu'elle ne soit pas seule, l'éloignement de sa meilleure amie restait une déchirure.
Après une douche rapide, elle se réinstalla dans sa chambre, aérant et rangeant. Une fois ces tâches terminées, elle essaya de s'asseoir, pour écrire. "Un bon moyen pour évacuer les mauvaises émotions" ? Tu parles... Maria n'était pas habituée à s'arrêter de bouger. Sans cesse sautillante, juste le fait de s'asseoir sur une chaise avec pour seul but d'attendre l'inspiration, la fatiguait. Elle s'apprêtait donc à sortir, abandonnant feuille et crayon sur le bureau. Elle attrapait son sac lorsque l'on cogna à la porte. Intriguée, la jeune fille ouvrit. Un homme qu'elle ne connaissait pas se tenait devant elle.

"Maria Stewart ?" dit-il, sans plus de cérémonie.

"Euh...oui. C'est pour quoi ?" répondit-elle, tout sourire.

Elle tentait de dérider l'individu. Au lieu de cela, il lui tendit un papier et disparut. *Quel étrange bonhomme !* pensa-t-elle. Elle se pencha sur la missive. Elle venait du Directeur en personne et il exigeait sa présence au plus tôt. Étant déjà prête, elle sortit directement, prenant juste le temps de fermer la porte à clé. La bureau n'était pas loin, mais le trajet sembla s'éterniser pour la jeune fille. Que lui voulait le directeur ? Rien de bien méchant, elle l'espérait. Et puis, elle allait enfin voir l'homme pour qui elle avait le plus grand respect, sans même l'avoir vu. Y repensant, elle activa le pas, préssée. Elle était face à la porte en bois massif. Elle cogna vivement.

" Une nouvelle Stewart est arrivée dans nos rangs monsieur." C'était la voix de Valentio qui raisonnait dans le sombre bureau du Directeur, tandis que ce dernier, assis à son bureau se renseignait sur l'actualité régionale du moment. Un sourire en coin se dessinait progressivement sur ses lèvres quant il vit un article le concernant. Le gala d'inauguration de l'année académique 92-93 était annoncé en couverture de la presse du coin. Journaliste, haut placé dans les industries et membres du centre de recherche y était cordialement invité ainsi que les personnes de l'extérieure qui ne faisaient pas partie de ses privilégiés mais qui malgré tout avait eut la chance de recevoir une invitation personnelle signée de sa main.

" Je sais" fit-il froidement sans même lever les yeux sur son collègue. " Pensiez vous un instant que je l'ignorais?"
" Je n'oserais pas monsieur" rétorqua Owald tout en se raclant la gorge face au ton monocorde et insipide qu'avait emprunté le directeur. Il connaissait parfaitement ses habitudes et se type de timbre de voix ne prédisait absolument rien de positif, aussi décida-t-il d'embrayer rapidement sur un autre sujet, toujours en attrait avec la nouvelle recrue de la famille Stewart.
" Espérons qu'elle soit aussi digne que ses frères.
- Cela ne m'inquiète nullement Owald, le père Stewart est un homme droit et juste qui sait ce qu'il doit faire pour que sa tête reste sur ses épaules." Et marquant une courte pause, il reprit. " Bien sur, je plaisante, c'est un proche ami et ces enfants on été éduqué en fonction de sa vision positive de voir les choses, je ne m'en fais pas."
Continuant à feuilleté la presse, les titres défilaient devant ses yeux et il était satisfait de l'éloge que lui faisait le journal à l'occasion de la rentrée scolaire, mais alors qu'il était plongé dans sa lecture la voix rauque d'Owald raisonna à nouveau dans la pièce, troublant l'agréable silence qui y régnait. Si le Directeur comptait rencontrer la jeune Maria? Bien sur qu'il en avait l'intention, tout de suite d'ailleurs. Car il avait omis de dire au représentant de la faculté de Droit qu'il avait déjà envoyé quelqu'un convoquer la jeune fille dans son bureau sur le champ afin de discuter avec elle. Et c'est justement lorsqu'il s'apprêtait à répondre à Valentio qu'on frappait à la porte.
" D'ailleurs la voici" fit-il doucement avant de s'exclamer. " Entrez"
L'épaisse porte de chêne dévoilait alors une jeune fille aux cheveux noirs et au teint légèrement halé, et tandis qu'il s'avançait vers Mael, ce dernier fit signe à Valentio de quitter les lieux rapidement, ce qu'il fit sans autre forme de procès fermant la porte derrière lui.

"Mademoiselle Stewart" commença-t-il en se levant, " Bienvenue à C.I.E.L" et s'avançant vers elle il lui tendit la main amicalement. Puis revenant à son siège il désigna à la jeune fille le fauteuil face à lui. " Installez vous, j'ai demandé à ma secrétaire de nous apporter une boisson."
Laissant la jeune fille s'installer il l'observa, c'était un fait qu'elle était une Stewart tant elle ressemblait à ses frères et à son père, quoiqu'elle avait un peu de sa mère dans son expression, puis, souriant, il lui fit.

"Vous ressemblez vraiment à votre père, décidément, tout les Stewart on une marque de fabrique. Mais soit, ce n'est pas de ça que je voulais vous parler. Savez vous pourquoi je vous convoque?"

Son coeur battait à tout rompre. Encore derrière la porte, elle s'imaginait le directeur. Elle ne l'avait vu qu'en photo, dans les journaux, la télévision n'étant pas son passe temps favori. Une voix l'invita à entrer. Ce qu'elle fit, poussant délicatement la porte en bois de chêne, veritable oeuvre d'art. Lorsqu"elle entra, ce n'est pas les deux hommes face à elle qu'elle vit, mais bel et bien la magnificence de la pièce, ainsi que son obscurité. Une grande bibliothèque, un haut plafond et un parquet impeccable (elle aurait pu se voir dedans, s'il y avait plus de lumière). A croire que le thème principal était le bois, surtout le chêne. Alors seulement elle perçut les deux hommes. Le premier qu'elle vit était sur le point de partir. Le second se levait et se dirigeait vers elle. Le directeur. D'un mouvement gracile il se leva de son siège. Ses cheveux noirs luisaient malgré l'obscurité mais c'est ses yeux que Maria remarqua le plus. Ils brillaient, d'un je-ne-sais-quoi qui pourraient lui donner l'air très effrayant, s'il n'avait pas ce sourire amical posé sur ses lèvres. Il lui souhaita la bienvenue et lui serra la main.

"Merci Monsieur Mael"

Elle s'assit, sous invitation du directeur. Il avait demander à ce qu'on apporte une boisson. *Il ne fallait pas* pensa t-elle, mais elle ne voulait en aucun cas froisser ce grand homme. Comment pouvait-on dire autant de mal de lui ? Il semblait si... parfait !

"Quelle attention, Monsieur, je vous remercie."

Etait-elle trop familière ? Elle espérait que non. Elle lui sourit sincèrement, sans fausse note. Elle laissa son regard dériver vers les murs de la pièce. Des tableaux y étaient accrochés.

Citation :

"Vous ressemblez vraiment à votre père, décidément, tout les Stewart on une marque de fabrique."

La voix du directeur la tira de sa reverie.

"On me le dit souvent, oui. La ressemblance la plus flagrante étant celle de Leo, mon frère ainé."

Citation :

"Mais soit, ce n'est pas de ça que je voulais vous parler. Savez vous pourquoi je vous convoque?"

Elle réfléchit. Elle ne savait pas du tout pourquoi, à moins que...

"J'avoue ne pas savoir quel est l'objet de cette entrevue. Mais je suppose que ce n'est pas juste pour me souhaiter la bienvenue... Me trompe-je ?"

Peut-être était-elle allée trop loin... Elle regardait le directeur, coeur battant, guettant une réaction quelconque.

Il se souvenait alors de l'époque où il avait vu Léo pour la première fois, il avait cru voir le père de ce dernier en plus jeune, à l'époque où il était adolescent et avait presque cru que le temps s'en était allé en marche arrière. Elle n'avait pas tord là dessus et il hocha la tête pour confirmer les dires de la jeune fille. Elle avait aussi beaucoup de sa mère il fallait bien l'admettre mais c'était une Stewart sans l'ombre d'un doute.

Elle avait vu juste quand elle répondit à sa question quant à l'objet de sa visite. Bien évidemment il aimait s'entretenir avec ses nouveaux élèves mais pour elle s'était différent. C'était une Stewart et elle devait faire le devoir de sa famille ici, rendre service à l'école comme le faisaient ses deux frères. Un rictus s'affichait alors sur les lèvres du Directeur et avant de commencer ses explications il jeta un bref coup d'oeil à l'extérieur. Il y avait encore quelques étudiants ça et là qui se promenaient dans le parc, sans doute car il n'avait pas cours, et la beauté de la vue qu'il avait ici lui faisait presque oublier qu'il n'était pas seul, et finalement, considérant à nouveau la jeune Stewart il se décida à lui répondre.

"En effet, je ne vous ai pas invité ici pour vous saluer, ou du moins pas uniquement pour cela" marquant une pause il se permit de prendre une gorge de café. " Vous savez sans doute que votre famille et la mienne sommes liés depuis quelques générations déjà et que je suis un très proche ami de votre père " soutenant le regard de la jeune fille, il reprit. " Tout comme j'imagine que vous n'êtes strictement pas au courant du rôle de vos frères à l'université, hors mis leurs places d'étudiants. Laissez moi vous expliquer. C.I.E.L est une vaste école et certaines personnes - stupides vous en conviendrai- estime que je ne suis pas un directeur digne de règner ici. Par conséquent un certain nombre de mes pensionnaires tentent en vain de me renverser, nous ne sommes jamais à l'abri ma chère Maria, et vos frères font partie d'un grand réseaux d'espionnage monter par ma personne et mes plus fidèles alliés dans le but de faire cesser ces mouvements rebelles de manière définitive."

Il reprit une gorgée de café puis reprit. " C'est tout naturellement que j'en viens au fait et vous propose d'intégrer ce réseau dans le plus grand des secret. Toute fois, si vous acceptez vous serez contrainte de m'être fidèle et de tenir votre langue sauf envers moi, sinon, les punissions seront sèvéres, sachez le bien."
S'appuyant à nouveau sur son dossier, il joignit ses mains, songeur, et lançant un regard à la jeune fille il reprit.
"Je vous laisse un peu de temps pour réfléchir, naturellement, mais tâcher de vous décider rapidement, je n'aime pas attendre plus que de raison."

Il ne répondait pas à son intervention, mais un petit sourire (enfin, ça y ressemblait) avait pris forme sur ses lèvres. Ses yeux noirs passèrent de Maria à la fenêtre. Le temps était au beau fixe, et elle laissa elle aussi son regard vagabonder au delà des murs. Le soleil brillait, les étudiants piaillaient, tout comme les oiseaux et les arbres commençaient à peine à se dépouiller de leurs feuilles. Un décor des plus pittoresque.
Lorsqu'elle regarda à nouveau Mael, celui-ci lui parlait. Ainsi, elle avait eu raison. Elle afficha un sourire ravi. Malgré le fait que se soit elle qui avait soulevé la question, elle n'en demeurai pas moi intriguée. Alors qu'il buvait son café, elle ne pu s'empêcher de penser "Vas-y, dit moi tout !" et la gorgée lui semblait plus longue que nécessaire. Elle le regardait droit dans les yeux, avide de savoir ce qu'un homme de sa trempe voulait d'elle. Maria se souvenait en effet de l'amitié qui régnait entre son père et cet homme. "Un grand de ce monde", disait toujours Papa Stewart en parlant de Mael. Ce rappel lui semblait donc insignifiant.
Elle laissa le directeur parler, sans l'interrompre, le regardant sans faillir, droit dans les yeux. Elle n'était pas surprise de la nouvelle, elle s'y attendait un peu, inconsciemment. Ses frères étaient tellement distants lorsqu'on leurs parlaient de la réputation de Mael qu'elle avait instantanément deviner qu'ils cachaient quelque chose de grand. Maintenant, c'était à son tour de se voir offrir un poste au sein du " grand réseaux d'espionnage monter par sa personne". Maria ne tenait plus en place. Elle était aussi excité qu'une enfant à Noël. Il la laissait réfléchir ? A quoi bon ? Elle connaissait la réponse, évidente comme le nez au milieu de la figure.

"Monsieur, rassurez vous, vous n'aurez pas à attendre ! Dites moi juste si vous avez quelqu'un de précis à surveiller en cet instant et je serais sous vos ordres, aussi discrète qu'un chat."

Dans l'excitation, elle s'était levée. Le remarquant, elle se rassit, tachant de faire moins de vagues.

"Je suis disponible dès à présent, Monsieur le Directeur..."

dit-elle, sur un ton plus posé.