Il est temps [Dorian/Adrian]

«  Ils savent »

Il s'était tout à coup senti mal, comme si le temps, la vie, et tout ce qui restait d'humain dans son âme avait cessé d'exister un court instant. L'envie irrésistible de boire un verre de scotche en espérant que le brûlant de l'alcool le fit sortir de ce mauvais rêve lui tiraillait les tripes, car oui, c'était un mauvais rêve, rien d'autre. Cette phrase courte, était porteuse d'un fardeau, d'une mauvaise nouvelle, mais pouvait être interprétée différemment mais voulait dire irrémédiablement la même chose.
Soit, ils avaient découvert que la mairie était responsable de la mort de Dallian McAdams, ils avaient réussit on l'ignore comment à repêcher leur homme là où Lorenzo l'avait envoyé en orbite et il avait finit par avouer, cette idée lui donnait des frissons et le laissait imaginer le pire, la multitude de noms qui aurait pu tomber en leur possession et avec lesquels ils auraient su user pour leur objectifs personnels. Mais c'était absurde, absolument impossible étant donné que tout avait été fait à la perfection, que leur homme était mort et enterré depuis bien longtemps, lui et tout les secrets qu'il détenait et s'était tant mieux. Ce qu'ils avaient fait du corps après lui importait peut, cela, il ne s'en mêlait jamais.
Mais si il avait réussir à exclure cette hypothèse, la seconde qui s'avérait de plus en plus lui donnait froid dans le dos, se pourrait-il qu'ils aient appris la vrai nature de Dorian? Impossible. Seulement, le maire lui tendis une lettre qu'il avait reçu tout récemment, elle n'était ni dactylographiée, ni manuscrite mais était composé d'un patchwork de lettres.





L'envie irrésistible de déchirer de rage ce morceau de papier faisait trembler ses mains, posant la lettre sur le bureau, appuyé sur le pupitre de chêne massif, il semblait perdre son calme légendaire face à ce qu'il venait de découvrir, Dorian s'était trahit.
« C'est un scandale ! » lança-t-il avec mépris en considérant la lettre repliée. «  Qui est ce H? Comment a-t-il su? ». Le maire semblait silencieux face à un maire adjoint qui semblait nerveux. La soirée n'avait décidément pas été des meilleurs pour lui, et espérant trouver un peu de stabilité dans un entretiens avec le maire, ce dernier avait mis en miette ses espérances. Plus rien ne serait comme avant désormais, et cette lettre était bien plus qu'une menace à ses yeux, c'était un ultimatum. Feguson servit deux verres de scotche et paraissait étrangement serein, comment pouvait-il être aussi calme alors qu'on venait d'apprendre ce qu'il était? Ce qu'il avait passé sa vie à caché? A sa place, il serait devenu fou de rage et aurait retourner l'île pour retrouver ce mauvais blagueur, mais non, le vieil homme était paisible et lui tendait un verre de scotche.

« Là est bien le problème Clarkson, le soucis de nos ennemis, c'est qu'ils demeurent invisibles. » fit le maire en lui tendant finalement le verre. Oui, c'était un fait que désormais ils étaient certains que leur ennemis travaillaient dans l'ombre. Prenant une gorgée de scotche, il espérait cependant se réveiller, se dire que tout ce qui s'était passé ce soir n'était qu'un mauvais rêve, mais rien, absolument rien, ne s'était produit. Il craignait ce qui allait suivre, le maire allait-il renoncer à sa candidature aux municipales? La menace était trop importante, s'était bien trop risquer de voir ça apparaître au grand jour, pour lui autant que pour les gens comme eux, pourtant, le maire ne semblait nullement contrarié par cette nouvelle. Avait-il décidé de poursuivre malgré les menaces?

«  Vous ne semblez pas si affecté que cela monsieur. » commença-t-il alors. «  Je me serais attendu à un homme un peu plus nerveux qui aurait préféré crié sa hargne plutôt que de nous servir un verre. » le maire avait-il un plan pour paraître si calme? En vérité, il ignorait si c'était la nouvelle, ou le comportement du maire ce soir qui l'effrayait le plus.

«  Nous avons fait une erreur monsieur, nous aurions du agir après les municipales, désormais, tout est fichu. »
Il y avait de l'amertume dans la voix de son maire adjoint, et il ne pouvait que le comprendre, au fond, il se sentait responsable de ce qui lui arrivait désormais. Même si il n'avait fait qu'exécuter les ordre. Lançant un regard en biais à son associé, il leva son verre de scotche pour le porter à ses lèvres, puis lui souris. Qui lui avait dit que tout était fichu?
Le maire avait reçu cette lettre aujourd'hui et avait tout d'abord pris peur en y lisant les lettres collées à l'arrachée sur ce bout de papier blanc, puis, reprenant son calme il avait essayé de relativisé. En le menaçant maintenant, ses ennemis se trahissaient quelques peut, laissant sous entendre que les menaces étaient pour venger un certain McAdams... Tout s'enchaînait trop vite pour que ça ne soit pas lié, il ne fallait pas le prendre pour plus idiot qu'il ne l'était.

«  Fichu? Où diable avez vous vu que tout était fichu Clarkson? » le maire s'était avancé près de la fenêtre pour admirer le paysage nocturne de sa propriété. Rien n'était plus beau qu'une nuit d'été sur cette île paradisiaque qui était son oeuvre, oui, son oeuvre à lui et à lui seul. Il frémissait face à la beauté du travail accomplit, tel un artiste devant une toile achevée prête à être offerte à une grand roi. Le voilà à nouveau parti dans ses songes et dans sa mélancolie, huit ans qu'il régnait ici, huit ans de sa vie qui furent tous merveilleux, mais aussi douloureux, où il était devenu cet homme impitoyable prêt à tuer quiconque se mettant en travers de son chemin, cet homme fourbe et avide de pouvoir. Au fond, quiconque goûte à la force y prends irrémédiablement goût.
Il considéra à nouveau son maire adjoint. De toute sa carrière politique, jamais il n'avait rencontrer un homme comme lui. Jeune prodige de l'île, parti étudié en Angleterre pour mieux revenir, il avait affecté la mairie en tant que simple employé. En huit ans, il avait grimpé les échelons discrètement, sans même s'en vanter ni chercher à acquérir davantage. D'employé de bureau, il était devenu membre du conseil municipal dans la majorité, et avait sauté tout le reste de l'échelle pour devenir son maire adjoint il y a quatre ans. Qu'avait poussé le vieux Feguson à prendre cet inconnu comme adjoint et conseiller? La question s'était posée dans toute la mairie et une jalousie farouche était née envers cet homme qui n'avait pourtant pas l'étoffe d'être ce qu'il était. Discret, impassible et terriblement modeste, ce n'était pas les ingrédients d'un bon politicien. Sa loyauté et son attachement à la mairie était un atout majeur pour Dorian qui avait vu en lui quelqu'un comme lui, souffrant du même secret et lui avait confié son identité, oui, avec Clarkson à ses côté, Dorian s'était assuré un duo indestructible au sein de la mairie, une main armée discrète qui éliminait les dangers potentiels et faisait oublier les scandales au côté d'un homme taciturne, tout était parfait.

Et maintenant?

Il s'avançait alors vers son maire adjoint, un grand sourire sur les lèvres. Cette lettre était loin d'avoir fait l'effet escompté sur le maire, bien que discrédité il avait plus d'un tour dans son sac, et conscient des enjeux, il allait jouer l'une de ses meilleurs cartes. Posant ses mains sur les épaules de Clarkson, il annonçait déjà la couleur de ce qu'il allait lui dire. Rarement il avait été aussi amicale avec quelqu'un, y compris avec son maire adjoint, un rictus aux lèvres, une voix monocorde et à peine audible, il murmura.

« Cette année, ce n'est pas moi qui me présenterai aux élections, mais vous. »

Il marquait une courte pause, qui d'autre que Clarkson, son plus fidèle allié pourrait le représenter avec fidélité? Qui pourrait remporter les élections à part cet homme qui rappelons le, avait obtenu le meilleur taux de voix de préférences il y a quatre ans? Il savait son adjoint réticent à cette idée et s'attendait à se heurter à un mur, seulement, aujourd'hui, ce n'était pas une demande qu'il lui formulait, mais bel et bien un ordre. Si Clarkson ne se présentait pas, la ville tomberait entre les mains de ses plus violents détracteurs, et il ne s'en remettrait jamais.

Code:

mixé avec le maire, histoire de boucler ça

Avait-il vraiment entendu ça? Avait-il vraiment entendu Feguson lui dire ça? C'était certain désormais, il était en plein cauchemar et son réveille allait sonner sous peu, ou son portable, ou n'importe quoi qui le sortirait de ce qu'il vivait en ce moment. Il venait vraiment d'entendre Feguson annoncer qu'il ne se représenterait pas, pire, il voulait que son adjoint le remplace.
C'était hors de question.
Pourquoi? Mais bon sang pourquoi pas justement? N'importe qui aurait bien mieux convenu que lui qui préférait amplement sa place à l'ombre, à l'abri des regards indiscrets pour pouvoir agir comme bon lui semblait, éliminer ceux qu'il voulait, agir dans l'ombre avait été son art, tout sa vie il en avait jouer. La ruse, la manipulation et ce qui s'en suivait était ce qu'il avait de plus précieux, comment tuer, si les projecteurs sont braqués sur nous en permanence? Comment faire son travail si chaque jour, les caméras nous observe. Non, il ne voulait pas être maire, ce n'était pas sa place.

« Je regrette. » fit-il doucement «  Mais beaucoup aspire à ce poste, pourquoi ne pas le leur demander? Je vois très bien un homme comme Hollis vous succéder. 
-Ne soyez pas stupide Clarkson, vous le savez très bien. A la mairie, c'est vous, ou moi et personne d'autres ! »

Le maire laissa retomber ses mains, observant son adjoint d'un air décontenancé, bien sur, il savait ce que Dorian pensait de lui, c'était aussi ça qui faisait que le vieux Feguson l'appréciait. Quiconque sur cette terre aurait hurlé de joie à l'idée de voir l'homme le plus puissant tomber et recevoir la proposition de le remplacer. Mais pas lui, pas Clarkson qui, d'une façon paradoxale, déclinait l'offre en tentant tant bien que mal de trouver les noms de potentiels candidats à la municipalité. En vain.

«  Êtes vous si peu ambitieux? » lui avait alors demandé le maire. Très bonne question. Etait-il vraiment ambitieux? Il s'était attiré les préférences du maire par cette modestie qui l'avait toujours caractérisé, car Dorian savait qu'en lui faisant confiance il s'alliait à un homme qui ne le trahirait jamais. Mais l'ambition? L'adjoint ne s'était jamais interrogé sur le sujet. L'ambition...
« Si Monsieur, je le suis. » commença-t-il alors, buvant une gorgée de son verre. «  Mais mon ambition je l'ai atteinte, en devenant votre adjoint, j'ai construis ma ville basée sur l'ombre, mon réseau, et j'ai par la même occasion, assouvis mes ambitions. » il lança un rapide coup d'oeil à la fenêtre. «  Et c'est très bien comme ça. » point à la ligne. Il lisait l'agacement sur le visage du maire, c'était évident qu'il ne s'en tirerait pas comme ça. Le vieil homme s'avança d'un pas vif vers son adjoint, posant ses lèvres prêt de ses oreilles, pour que ce qu'il ait encore à lui dire ne soit entendu de personne d'autre.

« Écoutez moi bien Clarkson, ceci n'est en aucun cas une demande mais un exigence de ma part, vous présenterai votre candidature de votre plein gré ou je le ferai pour vous! » mais ce n'était pas tout, il sentait le maire mourir d'envie de lui annoncer autre chose, Clarkson se recula un instant, face à face avec son collègue et mentor. Le sourire vicieux de ce dernier en disait long sur la suite.
« Des rumeurs courent sur un potentiel adversaire.
-McAdams junior? » suggéra le maire adjoint, c'était plausible, il avait déjà tenté sa chance il y a quatre ans rien ne l'empêchait de recommencer. Pourtant le vieil homme hocha la tête à la négative.
« Non, lui semble avoir compris la leçon, il ne se présentera plus de si tôt au poste de maire... Par contre, il semblerait que le pouvoir tente fortement le co-directeur de Stanford, Alexander Mankind. »
Son sang ne fit qu'un tour, Feguson avait déjà longuement parlé de lui, par le passé, Alexander et Dorian avait travaillés ensemble sur le thème de la réincarnation, mais leurs chemins s'étaient désormais séparés et ils semblaient désormais être dans deux mondes différents, pourquoi Mankind s'efforçait-il à vouloir dépasser son maître? L'adjoint ne dit rien, il se sentait impuissant et collé à un mur de béton armé dont la seule issue était de creuser sa tombe. En d'autres termes, il devait à lui seul empêcher Mankind de devenir maire si sa candidature venait à s'avérer, il n'avait pas le choix. Les ordres du maire était clair.

« Vous n'avez pas le choix de refuser, Adrian. » le maire marquait le silence, sentant la colère grandir dans le regard noisette de son adjoint. «  Vous allez devenir l'homme le plus puissant de l'île, qu'attendez vous pour être heureux? » ajoutait-il comme pour le provoquer. Qu'attend-t-il pour être heureux? Mais il l'était déjà. Voyant le maire ouvrir la porte, il savait que désormais, l'entrevue était terminée et qu'il n'aurait plus jamais cette discussion, le maire adjoint devait désormais ne penser qu'à une chose, sa candidature, sa campagne, et ce qui s'en suivrait. Devenu le fer de lance d'un maire déchu se refusant de l'être, il s'arrêta à la hauteur de vieillard, le regardant dans les yeux.
« En soit, j'étais déjà l'homme le plus puissant de Chatam, Monsieur. » se contenta-t-il de dire en faisant référence au monopole qu'il avait réussit à s'imposer dans le milieu criminel. A ces mots, le maire se contenta de rire en lui donnant une accolade, il avait compris qu'avec ses mots plein de rancoeur, Adrian acceptait l'offre qu'il lui était offerte, aussi, sortant du bureau côte à côte, les deux hommes affichèrent leur plus beau sourire.

« Au fait, Clarkson. »commença le maire, l'adjoint lui lança un regard en billet, inquiet d'entendre ce qu'il avait encore à lui dire.
« Tout ce qui a été convenu reste d'actualité. J'ai de plus en plus de soupçons que nos ennemis se trouvent au sein même de cette université. » il marque une pause, continuant sa progression. «  J'ai cru constater que vos liens d'amitiés semblent se consolidé entre vous et ma fille, vous faite du très bon boulot, continuez comme ça, mais elle ne doit en aucun cas savoir ce qui s'est dit ici. »

Il se doutait que le sujet allait arrivé un jour ou l'autre. Rapidement, il se fit rattrapé par ce qu'il s'était passé tout à l'heure, ressentant un étrange sentiment de malaise à l'idée de se trouver aux côtés de son père, que ce même père lui ait proposé de lui succéder alors qu'il n'a pas la moindre idée de ce qui se trame entre lui et sa fille.

«  Cela va de soit, Monsieur. » se contenta-t-il de dire alors que tout deux descendaient le grand escalier menant à la salle principale, le dîner allait pouvoir commencer alors que déjà, une foule d'invités dansaient sur les musiques endiablées que l'orchestre jouait. Mais une chose était désormais certaine pour l'adjoint, plus rien ne serait comme avant à partir d'aujourd'hui. Et il allait devoir agir.