Cachotteries... ? [PV Adrian]

Il était anxieux, à ce moment même il éprouvait une certaine appréhension à la venue de la fête. Dans une heure il serait plongé dans la masse, inondé d'un boucan infernal et d'odeurs enivrantes, bientôt, la musique, douce ou percutante envahirait ses oreilles et il se contenterait de serrer des mains ça et là. L'anniversaire de Dorian Feguson lui projetait des souvenirs lointains qui auraient pu le rendre mélancolique, voilà maintenant plus de quatre ans qu'il avait fait la connaissance du maire et sa vie ne cessait d'entre être perturbée, comme ci cet homme avait été l'élément déclencheur d'une série de faits en chaîne qui s'était déroulé dans sa vie, et au fond, ce n'était pas plus mal.
Appuyé contre le mur, il devait bien admettre que la raison de son anxiété n'était pas le bon déroulement de cette soirée. Elle, elle s'annonçait merveilleuse, magistrale et riche en fou rire et en amusements en tout genre, tout avait été planifié comme du papier à musique et rien, absolument rien n'avait été laissé au hasard: Invités triés sur le volet, stewards et autres surveillances avaient été organisé et il ne se faisait aucun soucis à ce sujet. Non, ce qui par contre avait la fâcheuse tendance à le contrarier, c'était que par logique, il avait déduit qu'Anna Feguson – ça alors, elle porte le même nom que le maire, à mais bien sûr, c'est ça fille- serait là également car son sang lui autorisait une place d'emblée ce soir et il n'avait pas spécialement envie de la voir, pas spécialement envie qu'elle lui gâche la soirée, car ce soir, le maire adjoint avait bien décidé de s'amuser aussi, de laisser derrière lui tracas et travail pour se consacrer uniquement à cette soirée qui s'annonçait magique.
La porte à côté de lui s'ouvrit violemment et le fit sortir de ses réflexions, face à lui se tenait une jeune femme d'une quinzaine de centimètre plus petite que lui. Ses cheveux blonds en cascade dégringolait sur son épaule droite et contrastait avec sa robe moulante parsemée d'éclats de pierres noires, son sourire couleur rouge à lèvres laissait transparaître des dents parfaitement blanche et ses yeux bleus lui lancèrent un regard. De quoi avait-elle l'air lui avait-elle alors demandé d'un air presque anxieux, subjugué il afficha un mince sourire en s'avançant vers elle et de deux doigts souleva la chaîne en argent qu'elle tenait à son cou. Un présent précieux qu'il s'était permit de lui offrir pour célébrer leur trois ans de collaboration, depuis il pouvait constater que sa secrétaire portait toujours ce bijou lors des très grandes occasions, d'abord silencieux, il ne pu que rétorquer de façon naturelle qu'elle était seulement merveilleuse, mais qu'un détail faisait toute la différence. Cassy lui attrapa alors la main en le traitant de séducteur et l'entraîna vers la sortie, lui expliquant qu'ils étaient déjà en retard pour la soirée, un noeud se formait alors dans l'estomac du maire adjoint, sans qu'il n'en comprenne la raison.

Une demi heure plus tard, ils entrèrent dans la grande salle, beaucoup de curieux déjà amassé autour de la villa et le couché de soleil offrait à la scène un avant-goût de paradis. Le hall d'entré était déjà plein lorsqu'ils en poussèrent les portes et aussitôt une serveuse vint leur proposer un verre de champagne. Cassy à son bras semblait rayonner dans ce monde mondain fait de luxe et de gloire, il ne regrettait pas de l'avoir invité ce soir, c'était au fond, une façon à lui de la remercier pour ses loyaux services. Mais alors que tout semblait se dérouler à merveille, qu'ils enchaînèrent rires et plaisanteries à chaque rencontres, ce fut le drame lorsque le maire adjoint croisa finalement la seule personne qu'il refusait de croiser ce soir: Anna Feguson.
Il fut pris d'un soudain malaise, comme si l'air venait tout à coup à manquer dans la grande salle, sans qu'il ne puisse en comprendre la raison mais ne laissa rien transparaître, il fut de surcroît pris d'une certaine nervosité en voyant l'homme à son bras, grand, les cheveux sombres, il jurait l'avoir vu à Stanford le soir du gala mais avait du mal à se souvenir de lui. Espérant éviter le couple et par conséquent épargner ses nerfs, il essaya d'entraîner son invité à un autre endroit de la salle, jusqu'à ce que celle-ci s'exclame d'un air enjoué qui était synonyme de mise à mort pour Adrian.
« Roy ! Anna ! »
Levant les yeux au ciel, il fit volte face pour rejoindre la jeune femme qui s'était jetée tout droit dans le bassin de piranhas, d'une démarche calme et posée il salua la fille du maire avec froideur avant que celle-ci ne lui présent son cavalier. Un certain Killmaster, mais il n'était pas en état de penser à quoique ce soit tant il avait l'impression d'avoir envie d'exploser, comme si il s'était sentit trahit, mais trahit pourquoi au juste.
« Enchanté, monsieur Killmaster. J'espère que la soirée vous plaît. » fit-il alors d'un ton monocorde avant de considérer à nouveau Cassy, l'invitant à partir avec lui rejoindre un autre groupement, il devait fuir et plus vite que cela. Saluant les deux convives ils échappèrent à une longue entrevue et allèrent faire un long tour dans la salle, alors que le souvenir d'Anna s'était éteins à l'instant où Cassy lui avait attrapé la main tout à l'heure – du moins il avait eut cette illusoire impression – il venait de se rallumer plus fort encore à la vue de la jeune femme ce qui avait le don de l'énerver au possible. Sa secrétaire était intarissable sur sa surprise de trouver Roy ici, elle lui expliqua longuement qu'ils étaient, elle, lui et Anna, amis de longue date, mais qu'il avait toujours eut tendance à mieux s'entendre avec la psychologue de Stanford, il s'empêcha alors de remercier ironiquement sa secrétaire de retourner le couteau dans la plaie...Mais quelle plaie au juste? Au bout d'un moment, Cassy aperçu Roy seul et elle demanda à son patron si elle pouvait prendre congé pour discuter avec lui, d'un hochement de tête il confirma lui stipulant qu'il allait, quant à lui, prendre un peu l'air.

L'air, s'était vite dit, hors de question de sortir, aussi s'était-il isoler dans un coin qui était moins fréquenté – par non présence de buffet sans doute- appuyé sur le rebord d'une fenêtre il sirotait son verre de champagne en observant la foule, plongé dans ses pensées il savourait ce moment de calme avant son prochain bain de foule. Mais ses réflexions l'avaient empêcher de remarque qu'Anna s'était faufilé à côté de lui, elle semblait elle aussi s'être détaché de son prince charmant, leurs yeux se croisèrent alors un bref instant et le malaise revint comme un ouragan, après un bref silence, c'est Anna qui ouvrit le bal, à son grand étonnement en parlant de la satisfaction de son père.

« En effet » se contenta-t-il de dire froidement. «  Votre père à toujours aimé les réunions mondaines avec ses proches amis, mais je dois admettre que celle-ci est plus que réussie. » mais au fur et à mesure qu'il laissait fuir ses paroles, des souvenirs lui revenaient, ceux de cette étrange soirée qui s'était déroulée quelques jours avant sur la plage et qui l'avait laissé dans l'incertitude la plus totale. S'en était trop, il devait faire en sorte qu'elle parte, ou c'était à lui de le faire.

« Vous ne rejoigniez pas votre invité? Il doit se languir de vous. » et il se tut, il aurait pu insister sur la manière dont il lui tenait le bras, sur ce que lui avait dit Cassy, mais en quoi cela le regardait? Pire, en quoi cela l'affectait? Il lança un rapide coup d'oeil à la salle, sans considérer la jeune femme à côté de lui et bu une gorgée de champagne, en espérant que lui au moins lui fasse ravaler cette étrange sensation de malaise qui semblait l'occuper avec elle à ses côtés.

Et bien, cela commençait sur les chapeaux de roues ! Pensait-il en constatant le regard sombre de la jeune femme. Mais qu'avait-il fait au juste à part faire une constatation de la réalité? Il s'imaginait déjà en train de se disputer avec Anna Feguson sous les yeux médusés du père de cette dernière, il y voyait alors un point positif: Dorian constaterait qu'ils ne s'entendaient pas et reviendrait peut être sur la décision qu'il avait prise de pousser son adjoint – lui en l'occurrence- à devenir son garde du corps et son protecteur. Mais finalement, les points négatifs vinrent noyer cette vaine hypothèse, des points négatifs qu'il pensait, jusqu'alors, inexistant. Devoir se passer de la présence d'Anna était le premier et il en était malade tellement se l'avouer lui était insupportable. Pourquoi cette était-elle devenu si... indispensable? Non, ce n'était pas le moment de penser à cela, ses yeux de glace perçaient les siens couleurs noisettes d'un regard meurtrier auquel il répondit par un sourire ironique. Puisqu'il insistait? Mais bien sûr que non qu'il n'insistait pas ! Que faisait-elle au juste? A quoi jouait-elle alors qu'elle faisait volte face pour rejoindre Roy. Cela l'amusait-elle à ce point de jouer avec ses nerfs, en un réflexe il lui saisit alors le poignet avec discrétion avant qu'il ne soit plus à sa porter, il lui était déjà pénible d'admettre ici, dans cette salle, qu'il ne voulait pas la voir partir, mais alors si il était obligé de lui courir après c'était une honte à son orgueil déjà gravement blessé. Heureusement, il avait l'habitude des scandales et la poigne fut discrète, suffisamment en tout cas pour passer inaperçu. Le maire adjoint aurait pu lui demander de rester, mais sa fierté le lui empêchait, jamais au grand jamais il ne supplierait Anna Feguson pour quoique ce soit, si elle voulait partir elle se dégagerait de sa poigne, quitterait les lieux sans se retourner pour aller revoir son ami et le laisserait seul avec son orgueil intact mais avec une conscience en miette, même si il doutait fortement que ça ne soit que ça conscience qui en serait blessé. Pourtant, elle n'en fit rien, elle vit à nouveau volte face et lui lança un regard sévère, non non il ne s'en sortirait pas comme ça et s'était tant mieux, les prises de têtes étaient devenues fréquentes, voir indispensables entre eux.

« Des bêtises? Moi? Jamais. » se contenta-t-il de dire, amusé reprenant une gorgée de cet infâme champagne. Mais qui avait été l'incapable à s'occuper du banquet? Il était acide, sec et lui donnait une étrange sensation de malaise et d'étouffement. «  Je ne faisais que suggérer, mais si je vous suis si indispensable, restez. » Avait-il finalement dit, c'était une demande masquer en sarcasme et il s'en félicitait, sourire aux lèvres il lança un regard vers Cassy et Roy, cette dernière semblait heureuse de retrouver son ami et n'avait pas l'intention de le quitter de suite et c'était tant mieux. Elle lança un regard à son patron en faisant mine de lui envoyer un baiser, chose à laquelle il répondit par un rapide clin d'oeil avant de considérer à nouveau Anna, c'était bien vrai, il n'avait pas envie de s'énerver ce soir. Le champagne n'avait jamais été le fort de Cassy et il se doutait, au vu de son comportement, que ce n'était pas le premier verre qu'elle buvait.
« Malentendu? Où voyez vous un malentendu? Ce soir c'est la soirée de votre père et j'y suis venu en paix. » fit-il alors, il se forçait à vider au moins se verre avant qu'une personne ne viennent le lui reprendre définitivement, il attendrait le dîner pour goutter au vin mais ne boirait plus une seule goutte de ce pipi de chat, en parlant de lui, Anna lui demanda d'où il provenait, il était rassuré de voir qu'il n'était pas le seul à faire la réflexion sur le sujet.
« Je suis content de voir que je ne suis pas seul à poser la question, mais je l'ignore. » il marque alors une pause, buvant la dernière gorgée de son verre et le posant sur l'appui de la fenêtre juste à côté. «  En tout cas j'en toucherai un mot au responsable, je le trouve acre et terriblement acide, je suis sur qu'une gorgée de vinaigre aurait été meilleure. » il marque alors une pause dans ses sarcasmes. «  J'allais d'ailleurs prendre l'air pour diluer les effets de cette immondice qui me donne la sensation d'étouffer. » Il lança un bref regard à la porte qui menait sur l'arrière de la maison, inaccessible pour l'instant aux invités il savait qu'il pourrait s'y promener tranquillement sans y être dérangé par un quelconque politique qui serait venu lui serrer la main. Il considéra Anna, au fond, avait-il envie de l'éviter? Un sourire sur les lèvres il lui lança alors «  On dirait que le champagne vous fait le même effet, vous voulez prendre l'air? A moins bien sur que vous ne soyez rouge que de colère.»

D'autres raisons de rester? Mais voyez vous cela ! Il avait envie de montrer son dédain face à une telle réponse mais se tut, après tout, elle s'enfonçait toute seule et il n'avait aucune raison de l'aider à se remettre dans le droit chemin. Pourtant, quelque chose le poussait à lui demander ce qui, vraiment la poussait a rester, il attendrait que ça passe, le maire adjoint se savait en effet impulsif et par conséquent il préférait attendre plutôt que de lancer à nouveau une question qui pourrait débouler sur une dispute, car en fait, tout pouvait débouler sur une dispute. Pourquoi l'avait-il retenue déjà? Il ressentait ce sentiment paradoxale d'avoir envie qu'elle soit là et l'envie qu'elle soit loin. Bref, il n'avait aucune envie de s'embrouiller avec elle pour le moment et le lui stipulait dans une phrase bourrée de sarcasmes, il ne pouvait s'empêcher de le faire en sa présence, le simple fait de la voir s'énerver l'amusait au plus haut point, comme si cet état d'esprit embellissait sa beauté. En parlant de cela, Adrian avait du mal à trouver les mots pour définir Anna ce soir, si déjà il la trouvait belle à l'origine, la robe de soirée et sa coiffure lui donnait l'impression d'avoir un ange à ses côtés, un ange jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche bien sur, là, même le diable ne pouvait pas se vanter d'être son rival, sa dernière intervention en était la preuve, elle était sur le point de lui sortir un dicton qu'il connaissait par coeur mais se tut alors comme si la jeune femme en avait déjà dit de trop, elle se hâta cependant d'ajouter un dernier commentaire, comme si elle avait été prise d'un manque soudain de sarcasme. Le serveur passant ils posèrent leur verres sur le plateau avant que ce dernier ne s'éloigne.
Il lui suggéra alors de manière détournée de l'accompagner dehors, il avait besoin d'air pour réfléchir et le champagne n'y avait pas aider, pourtant d'habitude ce n'était pas le genre à baisser sa garde après un verre, mais il fallait avouer que celui-ci était particulièrement odieux et que le maire adjoint avait du prendre sur lui pour le boire entièrement. Elle semblait surprise qu'il ait détecté en elle de la colère et à sa question, il lui répondit par un sourire ironique et franc avant de rétorquer. «  Hm, je ne sais pas, peut être dans les regards sombres que vous me lanciez tout à l'heure, je dis ça, je ne dis rien. » Bon, elle avait commencé à lui maintenant de continuer sur la lancée de la provocation. Pourquoi n'était-il pas retourné près de Cassy finalement? Bien sur, il avait besoin d'air, il se sentait suffisamment mal à l'aise et ne pouvait plus rester une minute de plus dans cette salle bondée, surtout depuis qu'il l'avait vue, mais visiblement, la soirée était mal partie et se déroulerait tout aussi mal si il continuait à la fréquenter, alors pourquoi? Pourquoi s'était-il accordé son instant de tranquillité en sa compagnie? Pourquoi simplement n'arrivait-il pas à se défaire d'elle définitivement? Lorsqu'elle n'était pas là, à ses côté mais qu'il la savait présente dans la même pièce, il ne pouvait plus s'empêcher de la chercher du regard, et parfois d'être totalement fascinée par elle, pourquoi elle finalement? Non, elle lui volait sa fierté, elle ne lui volerait rien d'autre.. Rien.

Le calme, dehors on pouvait entendre le brouhaha de la salle en fond, la fraîcheur de l'air pouvait faire frissonner les moins vêtus d'entres eux, mais il n'y avait personne, personne à part eux. Les haies séparaient la villa de l'extérieur de la ville, Dorian avait toujours insisté pour que cette villa soit un havre de paix et de quiétude où personne d'autres que ses proches ne pouvaient le déranger, c'était exceptionnel qu'il y ait tant de monde ce soir et même ceux à l'extérieur de la villa était incapable de jeter un oeil dans les jardins. La nuit tombait et déjà les lumières parsemaient le jardin et les chemins qui le traversaient, donnant au paysage une teinte brumeuse et reposante, tout ce qu'il voulait. Dommage que l'insupportable voix de la jeune femme à côté de lui vint briser cet instant de quiétude.
Il se tourna alors vers elle, la considérant un bref instant sans lui répondre, c'est vrai ça au juste, depuis quand il se sentait mal après un verre d'alcool? De champagne de surcroît, lui, amateur de scotche et de whisky pur se sentait défaillir après une goutte de champagne, médusé il oubliait un instant cette question en regardant la jeune femme, ses cheveux blonds et ses larges boucles d'oreilles d'argents contrastaient avec la pénombre et sa robe noir, ses yeux bleus le fixaient avec insistance et lui se contentait de regarder son visage, évitant de croiser ce regard dangereux dans lequel il risquait de se noyer, un visage étrangement envoûtant d'ailleurs, presque angélique. Il se hâta de détourner la tête avant de se noyer dans ses pensées et entame la marche dans les jardins de la villa du maire, observant le ciel étoilé, espérant qu'il trouverait plus belle étoile que la jeune femme qu'il avait à ses côté et qui semblait l'envoûter étrangement. Se retournant finalement, marchant en marche arrière, il haussa les épaules face à la jeune femme, comme si il ignorait la réponse à son malaise.
« Disons que je ne suis pas très amateur d'alcools de basses qualités. » se contenta-t-il de dire, il cessa alors sa progression dans les jardins de peur qu'Anna fit volte face en ne le quitte, non, elle n'avait pas le droit de partir, il refuserait qu'elle s'en aille mais serait bien trop orgueilleux pour le lui admettre. «  Je pourrais vous retourner la question, de ce que j'ai pu voir vous semblez plutôt bien tenir l'alcool, à moins que ça ne soit moi qui vous mette dans cet état. » il lui adressa alors un sourire franc, cette dernière phrase allait lui attirer les foudres de la jeune femme et il l'espérait en fin de compte, il commençait à la connaître et savait désormais que la psychologue de Stanford ne se mettait jamais en colère pour rien. D'un signe de tête vers les jardins, il se hâta de rattraper le coup. «  J'ai souvent parcourus les jardins de votre père, mais nos discussions m'empêchait de les apprécier réellement, me feriez vous visiter, mademoiselle Feguson? » il y avait un mélange de franchise et de provocation dans cette invitation, il avait suffisamment peser ses mots pour pousser Anna à l'accompagner, car après tout, une promenade dans les jardins signifiait qu'ils passeraient plus de temps dehors et donc qu'ils seraient ensemble, quelle merveilleuse idée pour gagner du temps.

Et les voilà parti dans les méandres du jardin du maire, au fur et à mesure qu'ils avancèrent, le maire adjoint se souvint des nombreuses fois où il avait traversé ses jardins, en vérité, il faisait partie des meubles, trop souvent vu pour en remarquer les détails. Il avait vécu beaucoup de chose importante ici, son premier entretient privé avec Feguson, la mise au point de leur campagne, de cette fameuse campagne qui fit rempiler Dorian pour quatre ans et qui avait projeté le maire adjoint à la place qu'il occupait désormais. Ici s'était aussi décidés les noms des individus qui devait voir leur sang couler et leur cadavres oubliés, ici tout s'était construit, parfois détruit, mais rien, absolument rien de banal s'y était produit.
Il contemplait le ciel dégagée à travers les arbres et palmiers en feuilles, la résidence du maire avait un côté étrangement malsain et agréable dés l'instant où la nuit tombait, au loin, les lueurs de l'imposante villa semblaient devenir fantomatiques, tout autant que les discussions incessantes qui y faisait rage, sans doute que le sujet devait être le fait que Dorian se représente ou non aux élections. Lui même avait préféré ne rien en savoir avant ce soir, Adrian était conscient qu'il était la cible privilégié des curieux qui espéraient que le maire adjoint vendent la mèche, les idiots, si ils savaient. Ainsi, Adrian s'était décidé à rester en dehors de cela pour l'instant, lorsque Dorian officialiserait sa candidature pour la course au troisième mandat, ils auraient tout le temps de discuter d'une nouvelle stratégie électorale et de tout ce qui s'en suivait.

Il y avait quelque chose de parfait dans ce jardin, la rigueur de l'esprit du maire se ressentait même dans les buissons finement taillés qu'ils traversaient au fur et à mesure de leur progression. Aux fleurs parfaitement alignées aux allées parfaitement tracées, rien, absolument rien n'était laissé au hasard et rendait les lieux simplement parfait et magnifique.
La nuit l'emportait de plus en plus sur l'étendue verte, car même si Dorian était un homme de goût il demeuraient certaines limites, aussi, lorsqu'on s'enfonçait trop dans les jardins on était surpris de voir une diminution de la clarté. Pas qu'il n'avait pas les moyens de se payer d'autres imposants lampadaires comme il avait déjà croisé le long de la promenade mais bien parce que Dorian savait rendre à la nature ses droits lorsque cela était nécessaire, ou du moins lorsqu'il l'estimait ainsi.

Plongé dans ses pensées et dans sa nostalgie, il ne prêtait désormais presque plus attention à la jeune femme avec qui il visitait les lieux, obnubilés par ceux-ci comme jamais, il profitait qu'il n'avait justement rien d'autre à penser pour apprécier la beauté des jardins. C'est d'ailleurs pour cette raison que, lorsque celle-ci du faire demi-tour à cause de la pénombre -et peut être aussi par un mauvais sens de l'orientation- et se trouva nez à nez avec elle.
La clarté des lumières encore présentes, bien qu'en faible intensité, mit en valeur le visage angélique de la jeune femme, il lui avait suffit de baisser les yeux pour pouvoir l'admirer tant ils semblaient proches, un malaise étrange s'était alors installé entre eux, un silence lourd, malsain, presque irréel. Elle semblaient si proche, comme ce fameux soir où il s'était réveillé avec elle blottie contre lui, qu'il pouvait sentir son parfum, un parfum à la voix envoûtant et sucré. Cette impression fit naître en lui le désir qu'il avait déjà ressentit ce fameux soir, ce bien être qu'il avait également ressentit, qu'il le veulent où non, et bien sûr, il aurait pu à s'être instant échapper à l'intensité du regard azur de la jeune femme qui semblait accentué par le ciel nocturne étoilé. Il aurait pu alors s'écarter d'elle et continuer à marcher comme si de rien n'était, mais une fraction de seconde avait suffit pour le vider de toute la volonté de le faire.
C'est finalement elle qui brisa le silence, d'une voix un peu tremblante certes mais le silence était rompu. Que leur arrivaient-ils? Avait-elle froid? Et lui, pourquoi restait-il figé ainsi? C'est vrai, il avait voulu savoir pourquoi elle était restée, pourquoi tout à l'heure elle n'était pas partie retrouver son compagnon de soirée, pourquoi elle l'avait suivit dehors et accepté de lui faire visiter les jardins, il voulait savoir la réponse.
Mais en fait, il l'a connaissait.

Abandonnant toutes traces de raisons, sa main vint glisser sur le visage d'année, dégageant une mèche de cheveux blond de son visage angélique puis, descendant lentement sur sa joue puis sur son menton qu'il souleva doucement en sa direction. La première fois qu'il avait rencontré cette femme, il ne l'avait pas trouvé si jolie que ça, il l'avait même trouvé vulgaire pour son rang et son statut, plus vulgaire qu'une simple étudiante sans charme, puis lorsqu'elle avait ouvert la bouche, ce fut le coup de grâce, sans aucun doute que cette fille avait manqué quelques choses dans son éducation pour être aussi insupportable. Rien, absolument rien ne l'avait alerté du mal qui, lentement, s'insinuait dans ses veines telle la peste et qui le rongeait de l'intérieur chaque instant. Il soutenait le regard bleu de la jeune femme face à lui, sentait la chaleur de son visage et la douceur de sa peau sous ses doigts et en frissonnait avec une étrange intensité qui lui était jusqu'alors inconnu.

« Je crois savoir. » souffla-t-il alors, sa voix semblait confiante même si on pouvait déceler un léger tremblement. Puis, sa main toujours posée sous le menton de la jeune femme, il approcha son visage du sien, il senti son nez frôler le sien et son souffle sur ses lèvres et il ne fallut qu'un instant pour qu'il l'embrasse avec douceur, posant simplement ses lèvres sur celles de la jeune femme et sitôt, le temps avait sembler cesser autour de lui, sa raison, sa fierté et son orgueil semblaient avoir quitter les lieux, vaincus malgré eux.

Il avait franchit la frontière qui les séparait, l'espace d'un instant, il avait envoyé au diable fierté, honneur, orgueil et tout ce qui allait avec, fermant les yeux pour profiter de ce moment sans doute unique, unique? Rien n'était moins sur, le contact des lèvres douces de la jeune femme le fit frissonner malgré sa veste, la fragilité de son visage tout ça avait fait que finalement, il avait perdu la bataille.
Le temps s'était alors arrêtait, plus rien ne comptais hors mis ce parfum, celui d'Anna, ce visage et ce baiser étrange qui n'aurait pourtant jamais du se produire, pour rien au monde il n'aurait voulu que cela cesse, non pas par crainte du scandale mais simplement car il se sentait apaisé, soulagé et enveloppé dans une sensation de bien être si rare qu'il venait à se demander si ce champagne abjecte ne jouait pas sur son appréhension. Quel importance maintenant? Il frissonnait quand finalement, la main de la jeune femme vint se poser sur la sienne, une main dont la chaleur contrastait avec la fraîcheur du jardin, une main fine et douce, aussi fragile que son visage et dont les doigts vinrent se mêler au sien, une impression d'éternité, d'unicité qu'il n'avait jamais connu jusqu'alors, et dont il commençait honteusement à prendre goût.

Cela ne devait pas cesser, non, pourquoi diable le temps ne daignait pas s'arrêter pour eux et au contraire vouloir s'accélérer? Encore maintenant, le maire adjoint considérait cet instant comme un écart à un code qu'il s'était imposé pour la survie de sa vie professionnelle, un écart à cette idée – tout à fait juste- selon laquelle Anna n'était qu'une pauvre fille, mal polie, caractérielle, capricieuse et pas spécialement jolie. Une idée selon laquelle il pouvait l'oublier aussi vite qu'il l'avait connue. C'était un écart, une exception, ce soir, il avait simplement voulu baisser les barrières, ce n'était pas possible autrement.
Pourtant, il fut incapable d'expliquer pourquoi, alors que leur lèvres se séparèrent aussi doucement qu'elles n'avaient fusionné, pourquoi il ressentait ce sentiment de trop peu? Cette frustration terrible qui le tiraillait dans tout son corps et qui mettaient tout ses nerfs en ébullitions, non, il avait perdu le contrôle et devait bien l'admettre, et oui, tout ce qu'il voulait s'était l'embrasser à nouveau, sentir à nouveau sa peau douce contre la sienne et son parfum envoûtant, oublier le reste et encore une fois, faire un petit, mais juste un petit, écart à son fameux code de conduite, dont lui seul encore était capable de croire.
Voilà, maintenant, il sait, il sait pourquoi elle est restée, pourquoi il l'a invité à marcher, bien sur, il le sait, c'était simplement pour cela, pour cet instant de calme et de paix qu'ils avaient pu partager, pour cet étrange sentiment dont il était incapable de définir.
A peine ses yeux se ré ouvrirent que déjà, ils plongeaient dans ceux de la jeune femme, les prunelles azurs de celle-ci l'avait ensorcelé, et c'était bien le cas de le dire, jamais il ne fut capable de détourner son regard de ses yeux magnifiques aux pupilles étrangement dilatées, était-il dans ce cas lui aussi? Qu'importe, plus rien ne comptait hors mis elle, son regard, son visage et ses lèvres délicieusement sucrées auxquels il mourrait d'envie d'y re goûter.
Maintenant, ils avait leur réponses? Face à ces mots, Adrian ne pu retenir un sourire en coin, sans pour autant lâcher le regard de la jeune femme, envoûté, il laissait place à ses désirs et à sa passion, comme si, un écart n'était pas suffisant.

« Hmmm » Commença-t-il, songeur. « Permettez? J'ai comme un doute.... » souffla-t-il alors sa main vint se placer sur la nuque de la fille du maire, et, fermant à nouveau les yeux, il l'embrassa à nouveau, comme un geste salvateur qui assouvissait un manque atroce qui lui tiraillait les tripes. Sa main entreprit alors de parcourir la colonne vertébrale de la jeune femme, un doigt posée sur celle-ci, il descendit doucement sur la peau douce de la psychologue, sur le tissus épais de sa robe noire pour finalement s'arrêter au niveau des hanches et ainsi, il rompit définitivement la fine distance qui les séparait encore, attirant à lui la jeune femme pour enfin, assouvir le contact qui lui manquait tant depuis ce fameux soir riche en éthanol et cette fois, plus encore, il refusait de faire cesser ce petit moment d'éternité, ce petit écart qui serait le dernier. » En l'attirant à lui c'était comme-ci il mettait fin au supplice d'un désir trop longtemps refouler, celui de l'avoir pour lui seul, mais n'avait-il pas déjà pensé ça? Qu'importe, il n'avait plus la force de penser à quoique ce soit d'autre qu'à son désir et à sa passion.
Il rompit finalement ce baiser bien plus passionné que le précédent avant de tomber dans un engrenage sans fin, avant d'oublier complètement où il était, qui il était et surtout qui elle était, avant de mourir noyer dans les flots de la passion, et rouvrant les yeux, il lui afficha son plus beau sourire, leur visage toujours à quelques centimètres l'un de l'autre.

« Maintenant, je sais. » se contenta-t-il de dire, refusant cependant de desserrer cette étreinte qu'il avait voulu avec force.

Il avait pourtant mis fin à tout cela, et malgré tout, rien ne les avait séparé. Le maire adjoint aurait très bien pu délié son étreinte mais n'y arrivait pas, il n'avait simplement pas la volonté de le faire, il appréciait le contact du corps de la jeune femme contre lui, cet instant de solitude qui ne semblait troublé par personne et dieu soit loué pour cela. Il s'imaginait un bref instant eux, surpris en flagrant délit par quelqu'un de trop curieux pire, par le maire lui même. Certes ce dernier avait souhaitez un rapprochement entre lui et sa fille de manière à ce qu'il veille sur elle, mais avait-il pensé que ça irait jusque là? Malgré l'esprit calculateur que possédait Dorian, Adrian était incapable d'imaginer ça de lui.
Ils devaient rentrer, c'était certain, le maire les attendait tout les deux, sa fille pour la saluer, discuter avec elle, la présenter à ses proches, lui pour discuter affaires sérieuses, faire quelques présentation et partager le verre de l'amitié comme ils le faisaient chaque année. Et pourtant, au diable tout cela, au diable le maire, la foule, il était avec elle, et c'était ce qui importait.

Maintenant, elle savait. Ses paroles le firent frissonner alors qu'il sentait le visage froid de la jeune femme au creux de sa gorgé, frissonnant au contact de sa main sur le dos de cette dernière, une peau si douce existait-elle vraiment ou tout cela n'était-il encore qu'un leurre?
Vous m'avez ôté l'envie de retourner là bas, plaisantait-t-elle alors, et il ne pu qu'émettre un rire nerveux, ses lèvres fendues dans un sourire triste, lui aussi l'envie de retourner là bas s'était volatilisée en même temps que tout ce qui venait de se passer, il se rendait de plus en plus compte qu'il avait fini par sauter dans le vide et que désormais il n'avait plus rien pour se rattraper, ce qui était fait était fait, il s'était noyé définitivement dans les yeux azurs d'Anna et il avait soudainement l'impression que l'idée d'être loin d'elle lui était devenue insupportable.
Il se forçait à penser que ce n'était qu'une impression.
La dernière question sonna comme un glas, ce qu'il se passerait... Ensuite? Mais que se passerait-il ensuite au juste? C'était pour lui une évidence qui lui tiraillait l'âme, il ne se passerait simplement rien, plus rien du tout, ils rentreraient dans cette salle comme ils en étaient sortit et se sépareraient pour se retrouver à la même table, puis se sépareraient à nouveau...Jusque quand cette fois? C'était bien la dernier chose à laquelle il voulait penser, pourtant elle se prit la réalité à la figure telle une claque, était-ce là l'art d'une femme de toujours frapper là où il ne fallait pas? Il n'avait pas envie d'y répondre, parce qu'en vérité, il ne le savait pas lui même. Tout aurait été si simple...Si simple si.... Pourquoi était-ce si compliqué finalement? Après tout, ce n'était pas la première femme qu'il embrassait à une soirée et qui ensuite partait sans demander son reste, ça aurait du être simple, mais non, non parce qu'en vérité, si il la traitait comme les autres, le premier qui en souffrirait, ça serait lui. Et il avait une étrange amertume à se l'avouer.

«  Ce qu'il va se passer? Nous allons rentrer dans cette salle, remplie de gens qui n'attendent qu'un faux pas de notre part et nous partirons chacun de notre côté. Je m'en irai retrouver votre père et nos proches collaborateurs pour discuter politique, vous sans doute retrouverez vous celui que vous avez invité et Cassy. Nous nous retrouverons très certainement à la même table mais nous ne nous installerons pas l'un à côté de l'autre car cela pourrait éveiller quelques cendres de rumeurs que Reagan avait déjà lancé à ce sujet, puis, viendra le moment des danses et finalement, la fin de cette soirée où sans même nous dire au revoir nous nous perdrons de vue. Avant cela, nous circulerons dans cette salle sans jamais nous croiser et sans jamais poser un regard. » il marque alors une pause, sentant sa voix s'éteindre au fur et à mesure qu'il énonçait ce programme pessimiste.
« Bien que cela, j'en sois incapable. » fit-il. Il serait déjà trop dur pour lui d'être physiquement loin d'elle, si en plus il devait s'empêcher de la regarder, ça serait simplement un supplice. Il s'écarta finalement d'elle dans un élan de courage et avait l'impression de s'arracher une partie du peu d'âme qui lui restait. Que lui arrivait-il pour que, tout à coup, il se sente si mal ?
«  Venez, je vous raccompagne jusqu'à la salle....Anna... » il voulu par réflexe lui tendre sa main, mais c'est finalement son bras qu'il proposa. Son prénom était sortit spontanément de sa bouche après un moment d'hésitation, un moment d'incertitude, il avait l'impression de se noyer dans un sable mouvant, de se faire entraîner dans une spirale où il lui était désormais impossible de s'échapper. Arriver à la porte, il dénoua son bras du sien et pris le pas. Posant une main sur la porte qui les séparaient de la grande salle il pris une grande inspiration et, lançant un dernier regard à la jeune femme, poussa cette dernière, lui offrant le chemin libre pour rentrer.
« Après vous, mademoiselle Feguson » Il était sur qu'une éternité était passée depuis qu'il avait bu ce champagne et pourtant, il ressentait encore l'odieuse amertume que ce dernier avait laissé, mêlé au goût sucré qu'avait laissé les lèvres de la jeune femme sur les siennes.