Un dîner particulier || Adrian

La nuit semblait définitivement imposer sa loi sur la ville. Du haut de son appartement, le maire adjoint avait en effet tout le loisir de contempler la ville sous le ciel nocturne, éclairée par mille et une enseignes. La grandeur de Chatam lui donnait souvent le vertige mais toujours un sourire satisfait se dessinait sur ses lèvres, cette ville c'était finalement en partie la sienne.
Le vendredi soir était synonyme de repos, aussi à peine était-il rentré chez lui qu'il avait négligemment posé ses affaires sur le rebords de son bureau pour ne plus en entendre parler avant la semaine qui allait suivre. Enfin, tout sauf une affaire qui lui traînait dans l'esprit et dont il était incapable de se défaire.
Depuis quelques semaines, le maire lui avait confié ses desseins, utiliser sa progéniture comme espionne à Stanford, à son insu de surcroît, afin de soutirer le maximum d'informations au sujet de cette université qui semblait de plus en plus faire des cachotteries à ses créanciers, mais conscient du risque qu'il faisait courir à cette dernière, l'homme s'était assurée qu'elle soit protégé en permanence, aussi s'était-il tourné vers son adjoint et par conséquent vers ses différents « talents » pour s'assurer la protection de sa fille, chose qu'il fut difficilement capable de refuser.

Bien sur, tout aurait pu parfaitement bien se passer, pourtant, les circonstances avaient fait que rien, absolument rien ne s'était déroulé comme prévu. Si cette femme avait été un minimum plus supportable sans doute que cela aurait pu se dérouler sans encombre, mais l'adjoint ressentait le besoin intense de s'acquitter difficilement de cette tâche qui, il ignore toujours pourquoi , lui semblait terriblement épineuse et risquée. Pour préserver ses nerfs il lui fallait se débarrasser d'elle de manière à ce que Dorian ne soit pas trop déçu.
Ce n'était pas important, du moins pour l'instant. Ce soir, il célébrait un évènement importants, l'entrée dans son existence d'une personne qui, il avait bien du mal à l'avouer, désormais lui était indispensable. Cette jeune femme aux cheveux blonds et au caractère trempé dans l'acide partageait cent pour cent de son emploi du temps à la mairie et était toujours là quand il faillait, même hors de cela pour lui rendre certains services délicats. En l'espace de trois années, cette jeune femme qu'il avait prise pour secrétaire avait réussit à s'imposer comme élément indispensable, comme assistante personnelle bien plus qu'une secrétaire, une collègue à part entière en qui, malgré tout il avait une confiance aveugle. L'idée de partager la soirée avec elle lui était venue il y a quelques jours, quoi de plus normal finalement que de célébrer l'évènement comme il se devait. L'appelant dans son bureau pour une broutille qu'il avait inventé dans la minute, il lui avait finalement proposé de partager une table dans le meilleur restaurant de Chatam. Chose à laquelle la jeune femme avait répondu à la positive.
Mais tandis qu'il se souvenait des innombrables souvenirs qui appartenaient à ses trois ans de collaborations, l'adjoint eut un éclair de lucidité, sitôt il su lier l'utile et l'agréable en songeant au lien qui unissait sa secrétaire et la fille du maire. Tous à la mairie n'était pas sans connaître l'amitié profonde qui unissaient les deux jeunes femmes. Un rictus s'affichait sur ses lèvres tandis que, devant son miroir il pu se rendre à l'évidence qu'il était fin prêt à rejoindre son invitée à l'Algue qui pleure. Ce soir il profiterait du restaurant pour en toucher un mot à sa secrétaire et la mettre dans la confidence de ce qui allait se dérouler dans les prochains mois, il lui confierait la mission de sous tirer à Anna des confidences qu'elle lui ferait à elle seule afin qu'elle puisse lui en faire le bilan et ainsi tout le monde sera satisfait.
Même si il avait longtemps hésiter à s'y rendre à pied, l'adjoint opta finalement pour le confort de sa voiture, sachant bien qu'il n'aurait aucun mal à trouver une place dans ce restaurant huppé, et c'est quelques minutes plus tard, vêtu d'un costume noir, d'une chemise blanche et d'une cravate assortie qu'il se présentait devant le restaurant. Apercevant finalement la jeune femme assise sur un banc il s'avança vers elle avec ce sourire qu'il avait l'habitude d'arborer.
« Je vous coupe en pleine conversation téléphonique on dirait »remarqua-t-il sur un ton monocorde alors qu'il venait à la rencontre de la jeune femme. Lançant un bref coup d'oeil à sa montre il était rassuré de voir qu'il n'avait pas fait attendre très longtemps sa secrétaire, et lui tendant son bras pour l'accompagner au restaurant, il avait toujours apprécié le soin et la coquetterie de sa secrétaire, mais ce soir il fallait bien avouer qu'elle s'était surpassée, cette robe bleue nuit était merveilleusement assortie à ses cheveux couleurs blés et à ses yeux azurs, la regardant de haut en bas il ne put qu'esquisser un sourire empreint de fierté face à la jeune femme qui allait ce soir partager sa table.
« Vous êtes ravissante, heureusement que je ne suis pas arrivé en retard, qui sait quel genre d'individus auraient pu vous inviter à ma place. » plaisanta-t-il alors tandis qu'ils se mirent en route pour le restaurant. Devant eux s'ouvraient les portes serties de dorure de l'Algue qui pleure et l'effervescence de la grande salle, ses chandeliers en cristaux et l'odeur d'ambre ne pouvaient que rapidement leur monter à la tête, si tôt entré que déjà le principal gérant vint les salué et Adrian laissa à sa secrétaire le soin de choisir une table soit au rez-de-chaussée soit à l'étage et une fois cela fin, ils s'y installèrent. Sans attendre il dégagea la chaise de Cassy afin qu'elle puisse s'y installer avant de finalement prendre place à côté d'elle. L'algue qui pleure était sans doute le restaurant rêvé pour célébrer ce genre d'évènement et il attendrait un peu avant d'aborder le sujet Anna. Il était encore trop tôt pour cela et il voulait d'abord profiter de ce moment.

Cassy rigola doucement toute seule à la réponse de son amie et lui tapait une réponse lorsque la voix profonde et sensuelle de son patron parvint à ses oreilles. La blonde releva la tête avec son habituel sourire qu’elle réservait à Adrian et en profita pour l’observer. Il portait un costume noir impeccablement repassé et une chemise blanche, il était vêtu pour sortir et la jeune femme apprécia. Cela le changeait de ses costumes de travail ou des tenues classiques de même qu’elle avait passé une robe spécialement pour l’occasion. Rapidement elle rangea son portable sans se soucier de ne pas répondre à Anna et se leva pour prendre le bras qui lui était tendu.

« Rien de bien grave, un papotage de fille. »

Répondit-elle à sa remarque qu’il la coupait en pleine conversation. Doucement elle posa sa main sur l’avant bras de l’adjoint au maire et avança avec lui vers l’entrée du restaurant. Cassy se félicita d’avoir choisi le noir en seconde couleur et d’être ainsi assortie à son cavalier. Après tout personne n’ignorait qui il était et elle devait donc lui faire honneur et mérité sa présence à ses côtés. Quelle reconnaissance si jamais elle lui faisait honte. La blonde éprouva une certaine fierté à se tenir ainsi au bras d’un des hommes les plus puissants de la ville et encore plus lorsqu’il la complimenta. Il était vrai que Cassy attirait souvent le regard des hommes et de fait ce n’était probablement pas un hasard que ceux-ci soient les plus grands acteurs de sa vie, ceux qui avait souvent été le tournant décisif de sa vie.

« Qui j’aurais peut-être fini par dire oui… »

Commenta la secrétaire en espérant provoquer un peu de jalousie chez Adrian. Bien sur il était beaucoup de chose et de nombreuse figure dans sa vie mais étant elle-même légèrement possessive elle aimerait à découvrir ce même trait de caractère chez lui. Rapidement ils passèrent les portes du restaurant où les accueillit le gérant, toujours ravi de recevoir un homme important dans ses murs. Cassy contempla un moment le lieu qui l’entourait et s’enivra rapidement de l’odeur qui flottait dans l’air, cet endroit représentait le raffinement et la délicatesse d’un monde que la blonde avait haïs une bonne partie de sa vie. Issue d’un milieu modeste et ayant connue la rue, se trouver ici lui donnait comme un miroir de sa réussite. Pour accentuer cela la jeune femme se décida pour une table en hauteur, l’étage était plus cosy que le rez-de-chaussée, les tables moins nombreuse et l’ambiance plus tamisée, Adrien et elle seraient ainsi plus tranquille. En gentleman le brun lui tira sa chaise et la repoussa sous son assise. Lorsqu’il fut ensuite installé en face le serveur leur donna la carte des différents cocktails et vins disponibles avant de s’éclipser pour leur laisser le temps de choisir. Cassy ne jeta même pas un regard à sa carte sachant déjà ce qu’elle prendrait à moins qu’Adrian ne leur commande du vin pour tous les deux.

« Je suis toujours aussi agréablement surprise que cette date ait marquée votre mémoire. »

Déclara Cassy en référence à ce dîner qui fêtait leur troisième année de collaboration. Ce n’était pas tout à fait le jour où ils s’étaient rencontrés mais le jour où elle s’était finalement présenter à son bureau, quasiment clean et prête pour le plus grand changement de sa vie. Qu’elle s’en souvienne était normale mais lui, la blonde n’était qu’une employée de plus. Distraitement elle se perdis dans la contemplation de la décoration.

Un bavardage de fille? Adrian ne pu que sourire à cette réponse venant de la jeune femme tandis que déjà elle se saisissait du bras qu'il lui tendait. Son caractère parfois un peu trop curieux et parano le titillait à en savoir davantage mais il préférait se taire, après tout, Cassy avait une vie en dehors du travail et il devait la respecter. Ainsi se dirigeaient-ils ensemble vers l'Algue qui pleure. Sur le chemin il ne s'était pas gêné pour lui faire part de ses impressions sur sa tenue et sur l'étrange beauté de la jeune femme, chose à laquelle cette dernière répondit d'une provocation d'un naturel déconcertant. Connaissant la jeune femme comme rare pouvait se vanter de la connaître, Adrian ne pu qu'afficher un rictus amusé à la réponse de celle-ci, lui lança un regard en coin qui brillait d'une lueur espiègle. Il était étrange parfois de ressentir ce genre de chose face à une réponse bien anodine, n'importe qui aurait pu lui dire cela sans doute se serait-il simplement contenté de rire aux éclats, mais lorsqu'il s'agissait de Cassy, son employée personnelle cela le faisait simplement tiqué. Après tout ne l'avait-il pas sortie de la rue bec et ongle? Ne lui avait-il pas offert une chance inespérée à cette jeune femme de construire une nouvelle vie? Incapable de détourner le regard, il se contenta de répondre d'une voix posée et sereine.

«  Vous savez que je tuerais celui qui oserait me priver de votre compagnie. » son rictus s'effaçait doucement alors qu'il lui lançait sa réponse en pleine figure. C'était vrai, si il avait décidé de l'engager et de la tirer de la vie à la rue ce n'était pas pour qu'une enflure ne vienne là reprendre. Et puis, qui pouvait rêver d'une secrétaire aussi brillante et discrète que la jeune femme? Qu'importe, il savait très bien que sa réponse n'allait pas laisser la jeune blonde au caractère d'acier de marbre et sans doute aurait-il droit à une réplique digne de ce nom. Poussant la porte du restaurant il laissa la chaleur ambiante lui traverser les narines le tout mêlé aux parfums des plats qui défilaient sur les tables du rez-de-chaussée bondé. Par galanterie il laissa Cassy choisir leur table avant que le patron ne les conduise personnellement à celle-ci. Une table à l'étage qui lui était bien plus calme et vide que le niveau inférieur, l'ambiance tamisée contrastait avec l'extrême clarté de celui-ci et il demeurait le seul endroit où la musique d'ambiance diffusée en permanence dans l'établissement était audible, retirant la chaise en face de lui pour installer son invité, après quelques instants Adrian se décida d'abord à commander un apéritif, son traditionnel verre de scotche du soir lui manquait et il lança un regard à Cassy pour qu'elle prenne commande à son tour, le patron s'esquissa alors, leur laissant le loisir de regarder la carte pour la suite du menu. Il y a bien longtemps que l'adjoint ne prêtait même plus attention aux prix qui se trouvaient à droite de chaque plat, seul comptait le contenu lorsqu'on avait les moyens de se le payer. Juste quelques minutes plus tard l'homme revint avec deux verres et servit les commandes avant de s'éclipser encore quelques minutes.
C'est finalement la secrétaire qui engagea la conversation, perdu dans ses pensés il songeait jusqu'alors à comment aborder le sujet d'Anna avec elle, mais en fait, il n'irait pas par quatre chemins, la franchise avait toujours été de mise entre les deux collègues et ce soir ne serait pas une exception. Un sourire s'esquissa alors tandis que Cassy lui faisait part de sa surprise à le voir se souvenir de cette date. Même si trois ans avaient passé depuis ce jours là il s'en souvenait comme si c'était hier. Cette jeune femme qu'il avait un jour croisé sur son chemin, il se souvenait encore de cette blonde sulfureuse aux yeux azurs qui lui avait fait de nombreuses avances contre un peu d'argent, la raison pour laquelle il l'avait repoussé ce soir là en lui donnant une liasse de billet malgré tout avait changé leur vie à tout les deux. Quelques mois plus tard c'était une jeune femme métamorphosée qui s'était présentée devant lui, clean et d'une beauté rare. Ainsi avait commencé leur collaboration.
« Pensiez vous réellement que j'oublierais? Vous avez changer ma vie vous savez? » fit-il finalement alors qu'il gouttait pour la première fois l'alcool couleur ambre qui gisait dans le fond de son verre, il savait le moment malvenu pour aborder le sujet mais il fallait parler de choses sérieux, considérant à nouveau la jeune femme.
«  J'ai à vous parler au sujet de la mairie, je pense qu'ici personne ne risque de surprendre cette conversation. » commença-t-il doucement alors qu'il s'appuyait lentement sur le dossier de sa chaise. «  Mais avant de poursuivre, je veux m'assurer que ce que je vais vous dire restera entre vous et moi. Nul autre ne doit savoir ce que nous allons nous dire ce soir, ai-je été clair? » fit-il alors en lançant un regard perçant à la jeune femme et attendant son approbation il en profita pour prendre à nouveau une gorgée de scotche, posant ensuite le verre à côté de lui. Pour lui expliquer sa mission il se devait de commencer depuis le début, depuis ce que personne à part lui et les grandes instances de la mairie ne savait.

« Nous avons constaté ces derniers mois, enfin, Michael Jensen à constaté, que l'université de Stanford réclamait de plus en plus de subsides à la mairie, cela s'élève à plusieurs milliers de dollars en plus par an. Une somme considérable vous me l'accordez, mais une somme relativement douteuse, n'est-ce pas? » il laissa un instant sa jeune secrétaire réfléchir avant de poursuivre. «  Monsieur Feguson nous avait alors chargé de tiré cela au clair et nous avons eut confirmation que ces nombreux fonds étaient détourné par un homme de l'université, un certain Dallian McAdams, cela ne vous dit rien? »

Bien sur que si, il s'agissait de l'homme qui s'était jeté du troisième étage de Stanford lors du gala d'été se déroulant au mois de juillet, tout Chatam était désormais au courant de cette mort plus que douteuse. «  Nous nous sommes chargé de lui, cependant cela n'a pas entièrement satisfait le maire » poursuit-il doucement. «  Car même si nous avons éliminé un facteur, nous n'avons pas trouvé la cause réelle de ce détournement et tout nous laisse croire que Dallian n'était qu'un pion. Me suiviez vous jusque là? »
Laissant le temps à Cassy de répondre, il bu à nouveau une gorgée de scotche, le moment était venu de la mettre au parfum de ce qui l'attendait dans les prochains mois, reposant à nouveau son regard sur elle, tout même ce dîner semblait lui échapper. Sans aucune pincettes, aucune, il avait décidé de parler affaires ce soir, mais le sujet était bien trop brulant pour qu'il puisse patienter encore avant de lui parler.

« Dites moi Cassy... » reprit-il doucement. «  Pour simple confirmation, j'aimerais savoir quel genre de lien vous entretenez avec la fille de maire, Anna. » autant qu'il sache si oui ou non l'amitié qui liait les deux jeunes femmes était suffisamment forte pour qu'il puisse charger Cassy d'être son intermédiaire et de protéger en plus d'espionner la progéniture du maire de Chatam. Lançant un bref regard par la fenêtre il aperçu la ville baignée dans les ténèbres d'une nuit sans étoiles.

Cassy attrapa son verre de martini et remua le pique sur lequel trônait une olive verte. Elle regardait toujours le restaurant qui l’entourait, quelques années auparavant, la blonde n’aurait même pas rêvé à passer les portes de L’Algue qui pleure et malgré sa bonne apparence elle ne respirait pas forcément la santé et le portier aurait appelé la police plutôt qu’un serveur. Enfin tout cela était fini et grâce à cet homme qui l’invitait ce soir. Elle prit une gorgée d’alcool et manqua de s’étouffer à la réponse que lui donna Adrian sur le fait qu’elle soit surprise de sa bonne mémoire. La secrétaire se demandait comment elle avait bien put changer sa vie come il le disait. D’accord elle était peut-être une employée modèle et dévouée mais leur première rencontre relevait plus du cauchemar qu’autre chose. Non seulement elle s’était conduit comme une catin mais en plus avait fait un trou dans son compte en banque, sans avoir à coucher avec lui de surcroit.

Cependant le simple fait d’entendre cette phrase lui fit monter le rouge aux joues qui prirent une petite teinte rosée. Par chance avec la lumière cela ne devait pas beaucoup se voir. Malheureusement l’ambiance disparue bien vite comme son patron amena le sujet de la mairie sur le tapis. C’était trop beau et Cassy s’en doutait, malgré un évènement à fêter Adrian ne pouvait pas laisser son travail de côté pendant plus de cinq minutes, certes juste le temps de la faire un compliment mais aussi le temps de descendre son enthousiasme en flèche. La jeune femme remit en arrière une mèche de cheveux et reprit une gorgée de martini pour ne pas laisser voir sa déception et se concentrer sur ce que son boss lui disait. Visiblement cela semblait important et Cassy fit quelque chose d’assez mal poli pour un restaurant de grand standing mais elle se pencha distraitement par dessus la table pour écouter ce que lui disait le brun. Dans le même mouvement de son buste penché on pouvait voir un peu plus profondément dans la vallée que formaient ses seins.

« Vous ai-je une seule fois déçu sur ce point Adrian ? »

Répondit Cassy avec une question rhétorique. Elle savait de toute manière garder un secret et encore plus si cela pouvait lui faire prendre encore plus de valeur aux yeux du maire adjoint. Attentive et un bloc note mental en place, la blonde écoutait Adrian parler d’importes sommes d’argent allouées à Stanford, d’une enquête et enfin de la fin tragique mais toute aussi suspecte de Dallian McAdams. Cassy hocha positivement la tête et invita son patron à continuer désormais intéressée. Ainsi elle apprit que la mairie voulait mettre un peu plis profondément son nez dans les affaires de l’université, logique Stanford avait cette aura de mystère qui la rendait suspecte. Quand on savait ce qui se tramait à l’ombre du visage souriant de la mairie.

« Je pense saisir l’ensemble de l’histoire. »

Fit la secrétaire en sirotant toujours son apéritif. Cependant lorsque le brun aborda le sujet d’Anna Ferguson, Cassy ne su par tout de suite quoi répondre. Songeuse elle se recula dans son siège. S’était son amie d’enfance mais rien en pourrait effacer leur rupture à l’époque où Cassy avait fuit sa vie. Sans regret elle avait laissé Anna derrière et un fossé les séparait désormais. Si la blonde était toujours prête à tout pour son amie, cette dernière ne comprendrait jamais pourquoi la secrétaire d’aujourd’hui avait préféré la rue et la drogue à sa cage dorée. D’ailleurs elle ne savait même pas tout ce qui était arrivé à Cassy durant ces années et ne le saurait probablement jamais. Pourtant elle serait toujours à aidé son amie si celle-ci le lui demandait.

« Et bien, nous nous connaissons depuis longtemps et c’est ma meilleure amie. Ce n’est plus comme autrefois mais elle compte toujours beaucoup à mes yeux. »

Bien sur la blonde savait qu’Adrian ne posait pas la question par hasard, il ne faisait d’ailleurs rien au hasard et la jeune femme commençait même à se demander comment elle avait pu être aussi bête et pensé que ce diner ne cachait absolument rien d’intéressé. Il lui avait parlé du maire et le fait qu’elle connaisse intimement sa fille, ne pouvait signifier qu’une chose, Cassy allait devoir faire ou dire quelque chose en rapport avec Anna et son boss n’avait fait que vérifier qu’elle en était capable. Elle se redressa un peu fit le tour du rebord de son verre avec le bout du doigt avant de se saisir du pique et de déguster son olive marinée de façon suggestive.

« Pourquoi cet intérêt soudain pour mon obscure passé et surtout quel rapport ente Anna et l’argent donner à Stanford ? »

Cassy avait dans le regard l’étincelle de la femme d’affaire, celle qui veut être de la partie et entrer dans la confidence. Nul doute que si Adrian avait abordée le sujet, la blonde sortirait du restaurant plus au courant des faits qu’à son arrivée et même si elle avait toujours en travers de la gorge que son patron n’est put garder leur vie professionnelle en dehors de ce diner elle voulait maintenant savoir. Sa meilleure amie avec qui elle partageait des textos encore un quart d’heure auparavant avait-elle aussi des petits secrets ? La secrétaire avait hâte de le découvrir mais le brun pouvait encore la faire patienter longtemps et même contre sa volonté puisque le serveur revint les voir pour la suite du repas. Cassy commanda des huitres Fine de claire, importées de France. Invitée dans le meilleur restaurant de la ville et ayant la carte des dames, à savoir sans les prix, elle n’allait pas se priver et prendre ce qui lui ferait plaisir, jusqu’à l’excès. Une sorte de petite vengeance pour le manque de romantique dans cette soirée. De toute manière la blonde avait accès à relevés bancaire de son boss et savait parfaitement qu’il avait plus que les moyens de lui offrit un repas de princesse. Après tout n’était-elle pas un peu sa Cendrillon ?!

Et voilà, ils y étaient. Adrian avait enfin réussit à lancer ce dit sujet qu'il espérait tant pouvoir placer dans la conversation. Une once de regret venait alors l'attraper à la gorge tandis qu'il préparait son invitée à recevoir l'énorme quantité d'informations qu'il allait lui révéler. La blonde savourait tranquillement son Martini avant de finalement se pencher doucement sur la table, s'avançant un peu vers lui. Bien sûr, ce n'était pas flagrant mais suffisamment pour qu'il puisse lui parler d'une voix difficilement audible dans un restaurant de cette envergure. Le courant d'air que produisit le mouvement entraînait le parfum de la jeune femme vers lui ainsi qu'une question rhétorique que lui adressait sa secrétaire. Le regard azur de cette dernière plongé dans le sien, le timbre de voix qu'elle avait employé pour lui demander si elle l'avait un jour déçu sur ce point et tout ce qu'elle offrait à lui, lui avait octroyé en léger frisson qu'il n'avait même pas pu ressentir. Baissant les yeux sur son verre de scotche, il le prit et en bu une lègére gorgée tout en reposant son regard sur son aguichante secrétaire.

«  Jamais » fit-il alors. «  Mais ne dit-on pas qu'il ne faut jamais dire jamais? » un rictus amusé sur les lèvres, il porta à nouveau le verre à ses lèvres pour humer et boire une légère gorgée du liquide ambré qui s'y trouvait. Ainsi partit-il sur un long monologue de ce qu'il s'était passé les derniers mois. Cassy pouvait aisément voir défiler les évènements au fur et à mesure de ses paroles et le maire adjoint appréciait l'attention avec laquelle elle s'appliquait à l'écouter et à retenir les nombreux détails qu'il lui offrait, détails qui bien sûr, n'étaient pas à la porté de tous. Sur la mort de McAdams que la maire avait commanditée, sur les détournements de fonds qu'il y a eut à Stanford pendant des années et sur le mystère de la source. Tout lui était dit dans la plus grande discrétion, sans que jamais personne ne viennent les dérangés. Hors mis bien sur quelques serveurs qui apportaient les commandes, à ces instants Adrian se taisait avant de finalement les remercier d'un sourire et de poursuivre son long discours. Quant enfin, il eut terminé, il préférait s'assurer que sa secrétaire n'en avait pas loupé une miette et insista sur sa compréhension, si celle-ci lui répondit d'un ton assuré d'avoir saisit l'histoire, il avait suffit de cela pour rassurer le maire adjoint. Effectivement, jamais jusqu'alors il n'avait été déçu d'elle et par cette réponse elle pu même lui arracher un léger sourire de satisfaction.

Le moment était venu d'entrer dans le vif du sujet, sans autre formes de procès, sans prendre de pince, Adrian avait simplement demandé à Cassy quelle était sa relation avec la fille du maire. A de nombreuses reprises il avait pu être témoin d'accolades amicales entre les deux femmes et il espérait pouvoir mettre le tout à profit et aux services de la mairie. La réponse de Cassy lui convenait parfaitement, d'une part car le lien qu'elle avait tissé avec la progéniture du maire était tel qu'elle pouvait en avoir ce qu'elle souhaitait, mais aussi car, compte tenu de la seconde partie de la réponse, ce lien s'était déjà suffisamment détérioré pour qu'elle n'ait aucun scrupules à la manipuler, du moins il l'espérait. C'est ainsi qu'une nouvelle question de Cassy vint à ses oreilles, le rapport entre tout ses éléments, patiences...

« J'y viens... » fit-il alors, mais il n'en eut pas l'occasion puisque déjà un serveur venait enfin prendre la commande du repas de ce soir, laissant d'abord la jeune femme citer ce qu'elle avait décider de manger ce soir, il embraya aussitôt sur sa commande et le serveur, après avoir frénétiquement noté le tout sur son calepin, les remerciait en agrémentant le tout d'une courbette respectable. Il y venait en effet.
« Le maire compte sur sa fille pour nous donner des détails sur ce qu'il se trame à Stanford. Bien sur, elle n'est pas au courant et ne doit naturellement jamais le savoir. C'est à son insu qu'elle nous fournira les informations les plus importantes, car si elle ne se sent pas menacée elle n'aura aucune raisons de les dissimuler. » commença-t-il alors. «  Le seul hic dans tout cela, c'est que monsieur Feguson compte sur moi pour garder un oeil sur sa fille...Et soyons clair. Ceci n'est strictement pas dans mes cordes. » Il pris à nouveau son verre pour en boire une gorgée. «  Elle est insupportable » poursuivit-il. «  Et j'ai autre chose à faire que de veiller sur une enfant pourrie gâtée et capricieuse. Je regrette de parler ainsi de votre amie Cassy, mais c'est belle et bien l'impression qu'elle me laisse. » Il repensait aux insupportables rencontres qu'il avait déjà eut l'occasion d'avoir avec elle et ces songes ne lui donnaient qu'une envie: poursuivre son briefing. «  C'est pour cela que votre amitié peut s'avérer devenir une arme, Cassy. Non seulement car elle vous fait confiance à vous plus qu'à quiconque mais qu'en plus vous pourrai garder un oeil sur elle sans que ça ne soit suspect, pour elle ou pour ceux pour qui elle travaille...Soit, je voudrais que vous essayer de lui sous tirer des informations d'une part, mais aussi que vous gardiez un oeil sur elle le temps que le maire ait ce qu'il veut. J'ai confiance en vous et je n'aurais jamais pu confier cela à quelqu'un d'autre. » conclut-il, vidant définitivement son verre de scotche, il lança finalement un regard à sa secrétaire, attendant sa réaction.

Aux vues de se que lui disait Adrian, Cassy ne s’était pas trompée et Anna avait elle aussi sa face caché. Visiblement monsieur Ferguson avait encore moins de scrupules que ce que la blonde pensait, vouloir utiliser sa propre fille en tant que micro et ce sans lui dire quoi que ce soit. Si son boss ne lui avait encore rien précisé de plus la secrétaire voyait doucement le tableau de sa complicité dans cette histoire se dessiner ne arrière plan. Il avait voulu savoir quel était leur degré d’amitié afin de savoir jusqu’à quel point la fille du maire se confierait à elle. Le brun ajouta que la mission était à la base pour lui cependant il ne semblait pas porter Anna dans son cœur. Ce qui paraissait étrange aux oreilles de Cassy. Elle se souvenait d’une certaine soirée où Adrian avait eu la charge de ramener sa meilleure amie à son appartement tandis qu’elle-même dansait avec Roy. Et la jeune femme ne se souvenait pas avoir revu Adrian de la nuit et l’insistance de cette dernière à ne rien vouloir lui dire sur ce sujet ne laissait rien présager de bon.

Sans broncher Cassy écouta tout de même son patron lui dire à quel point Anna l’insupportait. Elle n’allait pas lui en tenir rigueur, être la fille d’un homme tel que Dorian donnait forcément un côté capricieux et autoritaire mais la blonde étant loin d’être parfaite n’avait jamais réellement vu son amie comme une gamine pourrie gâtée, vivant dans un monde doré oui mais pour le reste les deux femmes s’entendait pour une bonne raison. Puis comme la secrétaire s’en doutait Adrian enchaina sur l’utilité de leur amitié et comme elle serait une parfaite confidente et un chien de garde pour veiller sur la petite blonde. Songeuse, Cassy se mordilla la lèvre inférieure. Pouvait-elle vraiment faire cela, espionner sa meilleure amie à son insu. Cela s’apparenterait à de la trahison et la jeune femme n’était pas du genre à planter des couteaux dans le dos. Cette question la mit très mal à l’aise.

« Je ne sais pas Adrian…je suis flattée que vous vouliez me confier quelque chose d’aussi important mais… » Elle se tut un moment et tritura son caviar du bout de la cuillère. « Ce serait comme une trahison et elle ne le mérite pas. »

Cassy avait conscience qu’Adrian n’était pas le genre d’homme à qui l’on disait non mais elle ne pouvait pas non plus aller contre sa nature. Il devait y avoir un compromit dans cette situation.

« Si jamais elle laisse échapper quelque chose bien sur vous serez le premier au courant mais je ne peux pas, en mon âme et conscience, lui tirer directement les vers du nez. »

Avant que son boss ne puisse répondre le serveur lui déposa une coupe de champagne qu’elle n’avait pas commandé. Cassy l’interrogea et il désigna un homme qui devait avoir dans ses âges assit à une table un peu plus loin, seul et plutôt beau garçon. Il leva sa propre coupe et la blonde mouilla ses lèvres après lui avoir répondu d’un clin d’œil. Cela avait eut le don de la détendre un peu et elle sourit, certains ne doutent vraiment de rien. La secrétaire se trouvait dans ce restaurant ne compagnie d’un homme qui aurait pu être son amant et pourtant on lui proposait encore une autre offre. Si elle avait été un homme et qu’un autre osait offrir quoi que ce soit à sa cavalière il finirait à l’hôpital mais après tout Adrian n’était que son boss. A qui elle venait en plus de refuser un travail pourtant simple. Pourtant elle ne pouvait se résigner à agir ainsi dans le dos de son amie, celle-ci ne lui avait jamais fait de coup bas pour mériter que Cassy la trahisse à son tour.