Ils sont tous méchants. Sauf toi. [PV Lorenzo]

[Mes autres posts ne seront pas aussi longs, je te rassure =P ]

Une journée entière passée à courir. Non pas après un marchand de glace ou de bonbon, c'était plutôt eux qui couraient après l'enfant. En criant les habituels 'au voleur !' ; 'rattrapez ce môme !'. Il y avait d'autres appellations que celle de voleur, car le petit se sentait flatté lorsqu'on le nommait ainsi. Que voulez-vous, c'est l'habitude. Quoiqu'il en soit, rien de bien mal ne lui était arrivé, si ce n'était la jolie glissade qu'il s'était offerte sur un sac plastique. Le nez dans la glace, c'était si froid qu'il s'était mis à crier en s'essuyant avec sa manche. Le petit n'avait jamais imaginé autrefois à quel point c'était désagréable de manger un cône au chocolat par le nez. Après avoir pleuré pendant cinq minutes... Comment ? J'ai dit pleurer ? Je voulais dire râler, parce qu'il est vrai que notre superman miniature était un homme, un vrai, et qu'il ne pleurait jamais. Je disais donc, cinq minutes plus tard, il avait dévoré sa petite gourmandise en lui pardonnant déjà l'affront qu'elle lui avait fait, ainsi que la légère écorchure au genou. D'habitude, lorsqu'un enfant tombe, il y avait toujours quelqu'un de sa famille derrière pour lui dire « Oooooh mon paaauuvre ! Voilà, ce n'est rien... C'est juste un p'tit bobo, je vais t'acheter un bonbon et y'aura plus rien, tu veux ? »
Mais ici, rien. Évidemment, puisqu'Adam n'avait plus de famille, et aucun de ces sales messieurs pas beaux et vilains ne s'est proposé pour lui acheter un lot de consolation. C'est pourquoi le gamin décida de prendre lui même le rôle de la maman, et il vola par la suite une friandise en forme de schtroumpf dans un stand du quartier portuaire. Pour un gosse totalement amoral, c'était tout à fait normal de se consoler du petit bout de glace tombé par terre. En vérité, c'était tout le cornet qui avait touché le sol, mais si vous pensez qu'un enfant allait se dire quelque chose comme 'Que c'est répugnant, ma nourriture vient d'entrer en contact avec le sol, je ne peux plus la manger au risque de dévorer de mauvais microbes et de tomber malade. Qui sait quel chien a uriné à cet endroit ?'. Non, Adam l'a ramassé, en a enlevé une partie avec le couvercle d'une poubelle et a englouti le reste. Si vite que maintenant il a mal à l'estomac. À moins que ce ne soit la faute de ces morceaux croquants qui n'étaient pas du chocolat ?

Bref. Après avoir fini l'après midi à vagabonder dans les rues, à la recherche d'éventuelles victimes à enquiquiner, il finit par passer devant le casino. Mais oui, pourquoi ne s'y rendrait-il pas ? À chaque fois qu'il y allait, il faisait semblant de jouer et ne comprenait jamais rien, mais comme les hommes s'amusaient et que l'enfant se prenait pour un grand lui aussi, il jouait. Pas de la même manière, mais bon. Jusqu'à ce qu'il se faisait éjecter bien sûr. Dedans, tous les hommes étaient très classes. Du moins, dans leurs habits. Après leur mine déconfite, lorsqu'ils venaient de perdre de gros billets, était moins stylée. Adam analysa un court instant ses propres vêtements. Chemise bleu foncée avec une tache de glace sur la hanche et pantalon noir propre. (miracle!) La première étape consistant à passer la barrière de l'entrée, surmontée de deux vigiles bien attentifs, le petit se demanda s'il devait jouer dans la discrétion ou non. Finalement, il opta pour une technique qui, étrangement, fonctionnait très souvent. Il attendit qu'un homme pénètre dans le bâtiment, puis il se mit à courir vers lui en levant un bras.

« P'pa attends moi ! » S'écria l'enfant en passant devant les gardes à toute vitesse pour rejoindre la personne qui venait de se retourner. Il ne le connaissait pas, mais peu importe, puisqu'une fois que le petit fut à sa hauteur, dans le casino, il prit à gauche et se mêla à la foule. Comme ça, il était rentré et s'il se passait quelque chose on ne pourrait pas le trouver, trop bien caché qu'il était derrière toutes les personnes présentes. Le vaurien commença son exploration par les machines qui marquaient 'bingo' à chaque fois que l'on gagnait. Il regardait les joueurs faire avec attention. Alors on mettait des pièces à l'intérieur, et des images s'affichaient à l'écran ? Voilà qui était drôle. Il passa ensuite près d'une grande table verte avec des cartes dessus, et pas mal de jetons au centre. Des pogs ! Ils jouaient même aux pogs ici ! Un large sourire prit place sur le visage de l'enfant. Il regarda autour puis, constatant que les personnes ne jouaient pas avec les jetons, il commença à en mettre quelques uns dans ses poches.
« Hep hep qu'est-ce que tu fiche toi ? »
L'enfant sursauta. Il tourna la tête vers l'adulte puis répliqua sur un ton désinvolte.
« Tu joues pas avec alors ben moi j'en profite ! Tu fais une partie ? »
L'abominable homme de la table s'exclama d'un air indigné que si Adam ne reposait pas ces jetons sur la table tout de suite, ça allait barder pour lui. L'enfant lui en redonna quelques uns puis fit semblant d'avoir tout redonné alors qu'il en avait encore cinq dans ses poches. Quel rabat-joie celui là, il ne comprenait vraiment pas pourquoi on ne le laissait pas jouer. Adam se promena derrière une table de poker. Il jeta un coup d'œil sur l'homme qui lui tournait le dos, assis sur la chaise, puis se pencha au dessus de lui pour voir à quel jeu ils jouaient.
« C'est une bataille ? Nan... Un rami ? Han j'sais bien jouer au rami moi ! »
Des joueurs tournèrent la tête en regardant de manière intriguée le petit. Ce dernier observa le jeu de la personne qu'il avait à coté puis il ajouta d'une voix assurée.
« T'en fais pas m'sieur, on commence avec deux trois mais après t'auras ptête des rois ! »

L'enfant regretta d'avoir donné ce conseil dans la minute qui suivit, où on le gronda comme s'il avait fait la pire bêtise du monde. Surtout celui qu'il avait voulu aider, mais c'était quoi leur problème à tous ces hommes ? Le petit se vengea en jetant un des pogs qu'il avait volé sur ceux qui étaient empilés devant un des joueurs. PAF ! Il avait gagné ! Et comme le disait la règle, tout ce qui était à terre était à lui ! Le gamin ramassa le plus possible puis se mit à courir parce qu'il sentait que la tension montait soudainement du coté des mauvais caractères... Alors il reprit son exploration. Il y avait d'ailleurs un petit chemin avec une barrière, ou le vigile qui surveillait tournait le dos pour surveiller d'éventuels tricheurs à la roulettes. Adam s'y faufila en pensant aller aux toilettes, étant donné qu'il n'y avait pas de jeux. Il comprit qu'il n'y avait pas de toilettes par là en passant devant les panneaux « Réservé au personnel » « Accès interdit » …
Aimant braver l'interdit, le gamin sentit l'excitation le gagner lorsqu'il commença à se prendre pour un Adam Bond, agent secret en herbe. Peut-être allait-il découvrir des supers bandits ? Des trucs fantastiques, des trésors et même des pirates ! Eh bien non.
Parce qu'il n'avait pas passé le deuxième couloir, en regardant bien la caméra qui bougeait au dessus de lui et qui suivait ses mouvements, que des silhouettes noires s'avançaient vers lui. Il eut droit aux remontrances comme quoi un petit n'avait rien à faire là, et ces hommes n'étaient pas des plus tendres lorsqu'ils lui agrippaient l'épaule assez fermement pour provoquer la grimace sur le visage de l'enfant. Mais lorsqu'ils virent les pointes vers l'extérieur au niveau des poches d'Adam, ce fut la catastrophes. Tous les jetons volés, et maintenant ils le poussaient en avant dans les couloirs, persuadés que le petit était le fruit d'une idée saugrenue, venant d'un homme qui était prêt à tout pour gagner de l'argent au casino. Poussant le voleur devant eux, ce dernier ne comprenait rien à rien et se contentait de sourire en pensant qu'ils allaient l'amener à un fabuleux trésor. Eh bien mieux que ça ! Ils firent face à une grande porte beige, toquèrent puis bousculèrent Adam pour qu'il aille à l'intérieur.

« On l'a trouvé dans les couloirs, et ce sale gosse est un voleur. »
« Lozoooo ! »

S'exclama l'enfant en reconnaissant le boss des lieux. Il ne savait même pas que cet homme travaillait ici ! Du moins apparemment il y travaillait, c'était lui le trésor ? Adam écarta les bras, se dégagea des hommes avec un coup de pied dans le tibia puis se précipita sur Lorenzo pour lui sauter au cou.

« Dis leur que j'ai rien fait ! »

Dans les dents les gorilles ! Adam leur tira la langue comme un bon sale gosse satisfait de sa bêtise. C'était bien fait pour eux, ils ne pouvait plus rien pour lui maintenant. Pourquoi le petit se sentait-il toujours aussi grand et puissant en présence de Lorenzo ? Il avait l'impression que tous les gens étaient à ses ordres, que cette classe qui l'accompagnait faisait plier les genoux des gens autour. Sauf ceux d'Adam, peut-être trop inconscient pour se rendre compte de la vraie personnalité de son grand frère Lozo. Le môme gigotait sur les genoux du gérant du casino. Sa tête parcourait d'un œil vif la grande salle, il était épaté par un si grand bureau qui pouvait faire une aire de jeu géniale ! Ses intelligentes réflexions furent interrompues par une leçon de morale inattendue de la part de Lorenzo. Adam en apprenait tous les jours, c'est donc pour cela que ces messieurs lui avaient accordés des regards aussi haineux... De toute manière l'enfant volait toujours, sauf que c'était peut-être la première fois qu'il volait de l'argent dans un but autre que de remettre les sous dans le sac d'un autre.

« C'est pas des pogs alors ? » Fit-il d'un air déçu. Lui qui pensait avoir trouvé le lieu idéal pour partager les mêmes passions de jeux que les adultes, et bien non. Les adultes avaient toujours des jeux ennuyants de toute façon, il ne fallait certainement pas s'attendre à ce qu'ils jouent aux billes ou encore à Star Wars, la revanche de Yoda !
L'enfant commença à déposer les petits jetons uns par uns sur le bureau. Il n'avait pas vraiment envie de s'en séparer, parce que même si ce n'étaient pas des pogs, il pourrait toujours faire croire le contraire à son entourage. Par exemple à Verity, ou à Norah. Ou à Grâce ? En jouant bien la comédie, il pouvait leur faire gober n'importe quoi. Quoique c'était plus difficile avec la dernière.
Le petit garda quelques jetons en main. Il en brandit un devant les yeux de Lorenzo.
« Si c'est des sous, j'peux avoir combien de bonbons avec ça ? » demanda-t-il avec la plus simple innocence qu'il puisse exister chez un enfant. « Et puis je les ais pas volé, c'est les gens qui les posent le temps de jouer aux cartes. »

Il lui fallait bien un argument pour se justifier, parce qu'il avait encore du mal à comprendre ce que représentait en réalité ces petits jetons qu'il tenait dans la main. Avec dix dollars, que pouvait-il obtenir ? Combien de pâtisseries, de paires de rollers qui se feront encore voler dans la nuit, combien de chemises aussi classes que celles de Lorenzo ? Ou de T-shirt de héros comme Réagan ? Plusieurs questions existentielles traversaient la tête du petit, mais il finit par chasser toutes ces pensées en revenant à la seule conclusion qu'il s'était posée depuis bien longtemps : voler c'est mieux. On vole ce que l'on veut, autant que l'on veut. Et puis c'est tellement plus excitant que de troquer un objet utile contre une pièce toute dure ou un morceau de papier froissé. En réalité, c'était plus un crime pour le petit d'escroquer les gens avec toute cette monnaie inutile, immangeable et qui ne pouvait pas servir de jouet, que d'aller se servir soit même sans se faire voir par le marchand. Adam coupa court à l'hypothèse dont il était très fier, pour lever un regard malicieux à Lorenzo.

« C'est un royaume comme celui d'Alice ? Avec tout pleins de trésors et des chats invisibles qui parlent et tout et tout ? » Lui demanda-t-il.

Comme on dit, l'espoir fait vivre. Mais je vous avoue qu'Adam ne s'attendait pas à ce que son ami lui réponde que oui, c'était ça. Il aimerait, mais il y avait toujours cette petite once de lucidité, présente à cause de dix ans d'âges, tout de même. Cependant, même si ce n'était pas le pays d'Alice, il en fallait peu au petit pour l'émerveiller tout autant.

« Dis, les monsieurs de t'tà l'heure ils t'ont obéis, ça veut dire que t'es leur grand gourou ? Si tu leur dit de se mettre un doigt dans le nez, ils le font ? » Interrogea Adam en s'amusant déjà avec son imagination. L'admiration qu'il avait pour Lorenzo ne cessait de grandir en cet instant, surtout en pensant qu'il était le maître incontesté de ce lieu gigantesque où il y avait tant de personnes qui venaient. Le petit était toujours sur les genoux de son 'grand frère', sa tête parcourant toujours la vaste salle avec émerveillement. Quand même, qu'est-ce qu'il pourrait y avoir, en jeux, là dedans...