Mais... Mais c'est Holiii ! [PV Teiva]

Soirée de..biip ? Un verre de champagne à la main, car Anna avait enfin terminé son verre de ponch, la jeune femme s’avançait dans la foule en évitant les coups des danseurs. Une certaine image refusait de quitter son esprit, et lui donnait envie de rentrer chez elle. L’air maussade, elle n’entendit même pas lorsqu’une jeune fille avait prononcé son nom, et elle refusa une danse d’un homme qui l’avait vu agir auprès d’Adrian, quelques minutes plus tôt. Ah, Adrian, aux bras de Malika. La psychologue n’en revenait pas. Si le maire adjoint changeait de fille comme de chemises… Anna se sentait frustrée, au point de vouloir chasser ces pensées par un nouveau verre d’alcool. Son troisième de la soirée, elle avait encore l’esprit bien assez clair pour se dire que c’était l’humiliation qui la mettait dans cet état, et rien d’autre. Non, elle devait croire que c’était ça. La jeune femme décida de se diriger vers le buffet. Après tout, elle avait une faim de loup, et le repas n’était toujours pas annoncé. Alors qu’elle passait devant l’entrée des jardins, en pensant à la danse qu’elle avait fait avec son père - et qui lui avait vraiment plu tant les manières de Dorian étaient nobles - elle tenta d’imaginer ce que ce dernier pouvait faire. Elle pouvait avoir confiance en lui, elle le savait, et il fallait qu’elle se focalise dessus. Si l’on ne pouvait avoir confiance en personne, c’était plus que la misère. Elle, c’était sur son père qu’elle s’appuyait, et à qui elle confiait bon nombre de ses secrets. Mais les siens, et non celui de ses patients !

Elle but sa première gorgée de la coupe de champagne, les yeux plongés dans le vide. Ses pas la guidaient instinctivement vers la table des étudiants qui était en train de se mettre en place, dont certains étaient déjà assis pour se reposer de la danse. Anna ne s’arrêta cependant pas. Plutôt que d’aller au buffet, elle avait décidé de faire un petit tour avec sa solitude, afin de trouver quelqu’un qu’elle connaissait. Des personnes familières, oui, elle en voyait très souvent. Mais elle devait avouer qu’en vérité, elle n’avait pas trop envie d’aller parler à la majorité des personnes qu’elle connaissait. Surtout agacée comme elle l’était. D’ailleurs, son père l’avait sentit, elle ne pouvait décidemment rien lui cacher. Mais la jeune femme lui avait répondu qu’il n’y avait rien, et que cela irait mieux dans la soirée. Se tournant vers l’entrée, elle aperçut un homme noir arriver. Il était en retard, bien qu’il n’y avait pas d’heure limite. Anna s’apprêta à détourner son regard, mais le visage de cet inconnu attira son attention. Étrange, comme il lui semblait familier… La jeune femme s’approcha discrètement. Elle but une nouvelle petite gorgée de son champagne, puis réajusta la bretelle en cuir de son sac à main sur son épaule. Costard noir avec chemise blanche en dessous, plutôt élégant. Alors qu’elle fixait ses yeux, avec la ferme intention de lui demander s’ils ne s’étaient pas déjà croisés, des images revinrent dans sa tête. Un jeune garçon qui regardait la mer avec envie… Un jeune garçon qui courait après les chèvres de ses grands parents… Un jeune garçon qui venait passer des vacances à Chatam Island, parfois… Un jeune garçon qui s’était amusé à placer de la bouse de vache dans un vase, pour faire rire la jeune demoiselle qui l’accompagnait…

- « Holi ?? » Fit-elle soudainement, en lâchant le nom qui venait de surgir dans son esprit, en regardant l’homme.

Nul doute, c’était lui, elle en était sure ! Le même regard timide et enfantin, la même bouille gentille et sociable ! Mais que faisait-il à Chatam ? Ses grands-parents étaient encore vivants ? Il habitait et travaillait ici ? Des dizaines de questions s’insurgèrent dans l’esprit d’Anna, mais elle les chassa pour s’exprimer à nouveau.

- « Bon sang, tu es Holi ? Teiva Holigahino ? » Eh oui, Anna avait une excellente mémoire. C’était essentiel pour le métier qu’elle enseignait. Ses yeux exprimaient l’étonnement, en même temps que cette incroyable surprise faisait naître un sourire sur ses lèvres. Voyant qu’il ne la reconnaissait pas, elle mit sa coupe de champagne dans la main droite, puis tendis la gauche vers l’homme pour la lui serrer.

- « Je suis Anna, lorsque tu venais passer tes vacances chez tes grands-parents ! Tu te souviens ? La petite blonde… »

Puréééé ! Anna était presque bluffée du temps de réaction de Teiva. Elle était si facile à oublier ? Où bien il lui était arrivé tant de choses que cela ? Il lui serrait la main sans grande conviction, alors qu’elle, le secouait un peu plus fort. Lorsqu’elle énonça son surnom d’enfant, petite blonde, il parut enfin retrouver la mémoire. Tant mieux, parce qu’un court instant, Anna aurait cru qu’il était devenu amnésique ! (Non, jamais elle n’aurait pu croire que ce n’était pas lui, elle ne se trompait jamais, voyons.) Elle reçut de plein fouet le petit adjectif qui la définissait lorsqu’elle était petite. Oui… la petite peste... Ou la fille à papa… La gamine aux longs cheveux blonds qui ne savait rien de la campagne, et qui ne voulait pas se salir. Ou du moins, avant qu’elle ne connaisse bien le jeune homme qu’elle avait en face d’elle. Ah, sur la campagne, Teiva lui en avait appris des choses ! Notamment qu’un Taureau n’avait pas de pie… La jeune femme esquissa un petit sourire gêné, ne pouvant s’empêcher de tourner la tête vers les gens autour d’eux, espérant fortement que personne n’ait entendu cette petite phrase anodine qui semblait embarrassante.

- « Ouiii c’est moi, mais chhht pour le taureau, j’ai une réputation à tenir. » Ironisa la jeune femme en esquissant un petit sourire malicieux.

Elle releva la tête vers le grand homme, puis l’observa. Lui en revanche, n’avait pas changé du tout. Il n’avait déjà pas énormément de cheveux lorsqu’il était petit, il en avait encore moins maintenant ! Il fallait avouer que ce qui avait permis à la jeune femme de le reconnaître tout de suite, c’était sa couleur de peu. Mais en quoi était-ce un mal ? Lui l’avait bien reconnu parce qu’elle était toujours blonde. Et puis Teiva était toujours aussi facile aux sourires. Il n’y a pas à dire, il n’y avait rien de plus plaisant que de discuter avec un homme franc, sincère et qui n’hésitait pas à faire de grands sourires pour mettre plus à l’aise. La psychologue remit sa coupe de champagne pratiquement pleine dans un plateau vide que le serveur ramenait. Elle n’en voulait déjà plus. Elle n’avait pas bu beaucoup d’alcool, mais ne tenait pas à plus. Sur ce point, elle était plutôt raisonnable, ce qui montrait qu’elle n’était pas du tout dépendante de l’alcool. (Contrairement au lait, c’est d’ailleurs ce qu’il manquait à cette soirée.) Regardant Teiva, il lui annonça qu’elle était toujours aussi ravissante. La jeune femme ne put s’empêcher de dévoiler à son tour ses petites dents, elle toucha l’embrasure du costume de l’homme, puis laissa échapper.

- « Et toi tu as une sacré classe ! Merci du compliment. »

La psychologue continua de fixer l’homme, comme elle en avait l’habitude. Ce dernier venait d’attraper deux verres de jus de fruits, et il en proposa un à Anna. La jeune femme le remercia, lui répondant que c’était une excellente idée, puis elle porta le verre à ses lèvres pour en boire une gorgée. Elle tourna les yeux vers le serveur, le regardant s’éloigner, et sa bonne humeur en prit un coup lorsqu’elle vit, sur la piste de danse, une scène bien étrange. Bon sang, Adrian venait d’embrasser cette fille ! Quel espèce de … Anna serra son verre, elle aurait bien failli le laisser tomber et le casser, mais la voix de Teiva coupa court à ses réflexions. Il lui demandait ce qu’elle devenait. La fille du maire reposa les yeux sur son amie. Elle tenta d’oublier un instant ce qu’elle venait de voir, mais sentait la colère la gagner… Mais elle devait se contenir. Et c’était plutôt facile de ne pas montrer ses sentiments, pour une psychologue. Elle accorda un sourire, peut-être un peu moins brillant que ses précédents, à son ami d’enfance, puis elle lui répondit.

- « Lorsque tu es parti faire ton service militaire, je me suis lancée dans l’université de psychologie, et j’ai obtenu un master haut la main. » Fit-elle en précisant bien qu’elle avait eu une grande distinction, histoire de prendre un peu de mérite en riant presque. « Maintenant, je suis psychologue dans cette université. » Finit-elle en buvant une autre gorgée de son verre.
Discuter avec Teiva la calmait un peu, bien heureusement. Elle devait oublier ce qu’elle venait de voir… La jeune femme leva un bras, puis toucha à nouveau le costume de l’homme, au niveau du col.

- « Je vois que tu es devenu tout ce qu’il y a de plus élégant ! » Lui lança-t-elle sur un ton amusé. « Raconte moi, comment s’est passé ton service militaire ? »

Un rêve ? Non. Un cauchemar. Cette fille venait de sauter au cou d’Adrian pour l’embrasser. Anna n’avait aucun compte à lui rendre, après tout, donc elle faisait ce qu’elle voulait. Et encore moins à cet homme. S’il tenait tant à salir sa réputation, et de passer pour un gigolo, qu’il le fasse. Même avec ces pensées négatives, qui auraient du consoler n’importe qui, la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de se pincer les lèvres. Elle n’était plus très concentrée, et n’avait qu’une seule envie, c’était de s’éloigner. Cependant, elle n’allait certainement pas demander à Teiva de s’éloigner, rien de mieux pour éveiller les soupçons, et encore moins le laisser. Elle finit par tourner à nouveau la tête vers son ami. Bon sang ça ne se faisait pas de jeter de brefs coups d’œil vers un autre, surtout lorsqu’on venait de retrouver un ami d’enfance ! Il fallait qu’elle reste concentrée sur Teiva, et seulement sur lui ! Elle ne voulait absolument pas qu’il la trouve irrespectueuse. La main toujours sur son costume, elle la retira et le fixa.

- « Comme quoi, le monde change. » Murmura-t-elle lorsqu’il l’appela une nouvelle fois la petite peste.

Elle s’était tellement habituée à ce surnom, ainsi qu’à ‘la petite blonde’, que cela ne lui faisait absolument rien que Teiva l’appelle comme cela, si ce n’est éveiller de bons souvenirs de vacances. Car oui, lorsqu’il venait pour les vacances, c’était aussi les vacances pour la jeune femme. Et ils en avaient eu, des fous rires. Lorsqu’il énonça son propre chemin, la psychologue commença à l’écouter en essayant de se désintéresser de deux dévergondés sur la piste de danse, un peu plus loin…
Une main planquée derrière sa nuque, elle lâchait des petits ‘mmh’ pour montrer qu’elle suivait. Alors comme ça, il avait beaucoup voyagé ? Contrairement à la jeune femme qui avait fait Chatam - continent / continent- Chatam. Elle esquissa un petit sourire suite à cette différence. Elle aurait aimé lui demander plus de détails sur des coutumes qui l’auraient marqué, venant d’autres pays, ou encore sur des aventures palpitantes qu’il aurait eut. Car il en aurait forcément eut.

- « Il faudra que tu me raconte comment c’est, dans les autres pays. » Fit doucement Anna en continuant de regarder Teiva droit dans les yeux. « Je veux connaître les aventures d’Holi, le petit soldat ! » ajouta la jeune femme sur un ton amusé, dans le seul but de taquiner son ami d’enfance. L’homme constata que le fait que la jeune femme l’ait complimenté, la faisait sourire. Peut-être était-ce le cas, mais pour elle c’était surtout le fait d’avoir constaté tant d’agréables surprises sur des changements chez lui. Comme par exemple sa tenue vestimentaire. Elle ne pouvait donc que le complimenter dessus, ne rien dire aurait été désobligeant ! Lorsqu’il lui proposa une danse, la jeune femme ne put s’empêcher de pousser un petit rire. Non, il était sérieux ? C’était bien le garçon maladroit qui lui marchait sur les pieds, quand elle essayait de le faire danser ? Celui qui n’arrivait à rendre ses mouvements fluides, et qui ne connaissait vraiment rien en danse ? D’ailleurs, Teiva confirma pleinement les souvenirs de la jeune femme en affirmant qu’il n’avait pas changé. Ce qui n’avait rien de rassurant, d’ailleurs. Mais elle se fichait totalement de son talent, danser avec lui serait un pur plaisir !

- « Holi, mon abominable danseur, il n’est jamais trop tard pour apprendre ! » Répondit la psychologue en affichant un petit sourire malicieux.

Elle posa son verre sur la table se trouvant juste derrière elle. Mais au lieu de poser sa main dans celle de l’homme, elle lui prit plutôt le bras et l’entraina vers a piste de danse. Elle constata qu’ils n’étaient plus très loin de deux certaines personnes qu’elle ne voulait pas voir, mais peu importait. Elle ne les verrait probablement pas lorsqu’elle commencera à danser avec son ami. Ou du moins, elle l’espérait sincèrement. Alors qu’Anna tournait la tête vers Malika, elle croisa le regard d’Adrian. Elle reposa tout de suite ses yeux sur son ami d’enfance, et s’arrêta. Anna prit la main gauche de Teiva, puis la posa sur sa hanche. Sa main gauche à elle s’enroula ensuite dans celle de l’homme, puis elle le regarda.

- « Ton objectif n’est pas de me marcher dessus. C’est fini ce temps. » Ironisa-t-elle en souriant. « N’hésite pas à ma faire reculer, basculer, balancer. L’important est que tu me rattrape quoiqu’il arrive. Garde en tête que c’est toujours l’homme qui mène le jeu, et c’est à lui de montrer l’élégance d’une femme. Sers-toi de ton imagination. » Ordonna-t-elle alors.

La chanson qui passait était rythmée, mais les tons étaient lents et doux. Heureusement, cela permettrait à Teiva de commencer sur quelque chose de presque facile à assimiler. Anna, quant à elle, posa sa main droite sur l’épaule de son cavalier. Il était beaucoup plus grand qu’elle, ce qui était pour le moins un sacré avantage pour la danse à deux. Espérons seulement qu’il se serve de cet avantage, ainsi que de son habilité qu’il a acquise lors de sa formation militaire.