A l'aube d'une nouvelle année [PV Abel Mael]

Valon marchait le pas tranquille dans les couloirs des bâtiments de l'administration. Pourtant, malgré son allure sereine, il réfléchissait intensément à ce qui allait se dérouler dans les jours à venir. CIEL allait reprendre vie, brutalement, d'un jour à l'autre, en autant de temps qu'il ne faut à une foule d'étudiants pour passer la grille de l'université et intégrer les lieux réservés au gala de bienvenue. Gala qui avait entre autres pour but de montrer les merveilles de CIEL aux personnalités influentes, dont le directeur pourrait avoir besoin par la suite. Quoi qu'il en soit, il restait encore quelques jours avant l'évènement, quelques jours qu'ils pourraient utiliser pour peaufiner ce qui devait l'être. Si le professeur O'Connely était avant tout le doyen de la faculté de médecine, et ce malgré son jeune âge, il était également un proche du directeur, dans l'intérêt du CIEL, et quelque part, par amitié. Nous étions mercredi, à 21 heures. Le soleil avait commencé sa descente depuis quelques minutes, et tarderait encore un peu pour se coucher complètement. Après tout, nous étions en été. Valon s'arrêta devant la porte des appartements de Mael, et frappa deux coups, attendant l'autorisation d'entrer, qui ne tarda pas. Le professeur de physiologie venait pour leur partie d'échecs hebdomadaire, exercice qui permettait de rassembler toute son attention et sa concentration sur une situation précise. En somme, un jeu idéal pour qui allait devoir faire face à une série de complots tout au long de l'année à venir.

La porte s'ouvrit, dévoilant l'homme le plus redouté de CIEL sur le pas de la porte. Valon tendit sa main, immobile, franche, pour saluer le directeur, qui semblait préoccupé, comme toujours. Valon savait que le directeur se méfiait de tout et de tous, y compris de ses alliés les plus fidèles. Peut-être était-ce le destin de tous ceux destinés à régner un temps : la méfiance, la crainte de perdre son pouvoir, pire encore, la paranoïa. Mais Mael n'en était pas là.

-Bonsoir, Mael. Comment vous portez-vous ?

Il était l'une des rares personnes à l'appeler directement par son nom de famille, ou par son prénom, en privé. Selon Valon, les règles protocolaires n'avaient d'utilité qu'en public, face aux étudiants ou aux professeurs, ou encore lors des sessions du Conseil. En parlant de conseil, cela faisait quelques temps qu'il n'avait pas croisé ses collègues. Sans doute étaient ils trop occupés à gérer leurs facultés et à préparer leurs travaux. Valon lui-même avait eu une journée éprouvante : affecter les laborantins de la faculté de médecine à leurs nouvelles tâches, organiser les groupes pour les cours magistraux et les travaux dirigés, s'assurer qu'aucun professeur ne manque à l'appel, mais ce qui lui avait demandé le plus d'effort était de lire une nouvelle fois les dossiers officiels et "officieux" que les hommes de Mael avaient rempli sur chacun des nouveaux arrivants, mais aussi les mises à jour effectuées sur les anciens. Quelques dossiers avaient retenu son attention : des individus qui pourraient être utiles, d'autres qui pourraient être menaçants. Valon n'exécutait personne, contrairement à d'autres, il préférait jouer le rôle de vaccin, à savoir prévenir les coups portés contre le directeur, et faire en sorte que ces coups ne l'atteignent jamais. Il s'entendait aussi bien avec les étudiants qu'avec les professeurs, ce qui faisait de lui quelqu'un de difficilement prévisible, mais nul ne pouvait remettre en cause sa loyauté jusqu'à présent.

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